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La parabole de la cité illusoire

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Extrait du chapitre VII du Sûtra du Lotus « La parabole de la cité illusoire » (Le Sûtra du Lotus, Ed. Les Indes savantes, p. 140-141.)

« Imaginez à présent une mauvaise route longue de cinq cents yojana, escarpée et difficile, sauvage et déserte, sans population aux alentours, un endroit vraiment effrayant…

Supposez qu’un groupe de gens veuille absolument l’emprunter pour parvenir à un endroit qu’ils savent empli de précieux trésors. Ils ont un guide, à la sagesse omnisciente et à la compréhension subtile, parfaitement habitué à cette route escarpée dont il connaît la configuration, les cols et les défilés, et qui est prêt à mener leur groupe et à l’accompagner pour franchir ce terrain malaisé.

Une partie du chemin effectuée, le groupe qu’il mène perd courage et dit à son guide : “Nous sommes totalement épuisés et effrayés. Il nous est impossible d’aller plus loin. Puisqu’il y a encore une telle distance à parcourir, nous préférons rebrousser chemin et rentrer.”

Le guide, homme plein de ressources, réfléchit et se dit : “Quel dommage qu’ils renoncent aux trésors si rares qu’ils allaient chercher et préfèrent rebrousser chemin et rentrer !” Après cette réflexion, il décide d’avoir recours au pouvoir de moyens opportuns et, quand le groupe a parcouru trois cents yojana sur cette route escarpée, il fait apparaître une ville. Il leur dit : “Ne craignez rien ! Il ne faut pas rebrousser chemin, il y a là une grande ville où vous allez pouvoir faire halte, vous reposer et faire comme vous l’entendrez. Si vous pénétrez dans cette cité, vous serez rassérénés et tout à fait tranquilles. Ensuite, quand vous sentirez que vous pouvez continuer et gagner cet endroit où sont les trésors, vous pourrez quitter la ville.”

À ce moment, les membres du groupe, pourtant extrêmement fatigués, sont transportés de joie et s’extasient sur cet événement sans précédent : “Maintenant, échapper à cette épouvantable route sera possible et nous allons trouver confort et repos !” Le groupe se hâte de poursuivre son chemin et entre dans la ville où chacun, ayant l’impression d’avoir échappé à de grands périls, se sent soulagé et parfaitement à l’aise.

Leur guide, constatant que les voyageurs, une fois reposés, ne ressentaient plus ni frayeur ni fatigue, fait alors disparaître la cité illusoire et dit au groupe : “Remettez-vous en route à présent. L’endroit où se trouve le trésor est tout près. Cette grande ville que vous venez de voir n’était qu’une pure illusion, je l’avais fait apparaître pour vous permettre de vous reposer.” Moines, l’Ainsi-venu est dans une position analogue et se comporte vis-à-vis de vous comme un grand guide. Il sait que la mauvaise route de la naissance, de la mort et des désirs terrestres est escarpée, difficile, longue et interminable, mais qu’il faut l’emprunter et la traverser. Si les êtres vivants n’entendent parler que du Véhicule unique du Bouddha, ils ne voudront pas voir le Bouddha, ils ne souhaiteront pas l’approcher, mais penseront aussitôt en leur for intérieur que la route du Bouddha est longue et interminable et qu’il faut œuvrer avec diligence et encourir bien des difficultés pendant fort longtemps avant de parvenir au succès !

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Le Bouddha sait que les êtres vivants ont l’esprit timoré, faible et vil, c’est pourquoi, en se servant de moyens opportuns, il prêche deux nirvanas afin de leur procurer un lieu de repos en chemin. Si les êtres vivants choisissent de rester à ces deux étapes, l’Ainsi-venu leur dit alors : “Vous n’avez pas encore compris ce qu’il convient de faire. L’étape à laquelle vous avez choisi de rester est proche de la sagesse du Bouddha. Mais il vous faut observer et réfléchir plus avant. Le nirvana auquel vous avez accédé n’est pas le vrai. C’est tout simplement que l’Ainsi-venu, en se servant du pouvoir de moyens opportuns, a pris le véhicule unique du Bouddha et, en établissant des distinctions, l’a prêché comme s’il y en avait trois.”

Le Bouddha est comme ce guide qui, pour procurer un lieu de repos a fait apparaître par enchantement une grande ville et lorsqu’il a constaté que ses voyageurs étaient reposés leur a dit : “L’endroit où se trouve le trésor est tout près. Cette ville n’est pas réelle. C’est tout simplement moi qui, par enchantement, l’ai fait apparaître.” »

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