Accueil Actus Les poupées anges consacrées par des moines bouddhistes : la mode qui...

Les poupées anges consacrées par des moines bouddhistes : la mode qui se répand en Thaïlande

119
0

bambole.jpg
En Thaïlande les poupées ne sont pas un simple jouet infantile. Depuis une année les « luuk thep », littéralement des poupées anges, sont devenues les copines inséparables de beaucoup d’adultes que les traitent en tant que des véritables enfants, en les habillant voire mieux que beaucoup d’enfants. On les promène dans leurs poussettes, au restaurant on leur commande des plats spéciaux et en avion, ceux qui peuvent se le permettre, leur achète une place à ses côtés.

Cette nouvelle tendance qui peut paraître bizarre et un peu folle possède des raisons précises. Les thaïlandais qui en font usage sont persuadés que ces poupées en taille réelle accueillent des esprits d’anges et qu’elles seraient capables de les protéger en attirant la bonne chance. Les amulettes ne sont pas rares dans ce pays superstitieux, où le Bouddhisme qui représente la religion dominante a un caractère syncrétique dérivé des croyances qui l’ont précédées en tant que l’animisme et l’hindouisme. En particulier, il semble que les poupées anges soient la version moderne d’un culte ancien appelé « kumanthong » et consistant en conserver des fœtus censés abriter l’âme de l’enfant. Avec le temps cette lugubre pratique a fini pour être interdite.

Pour rendre la protection offerte par les poupées anges encore plus efficace certaines contiennent des reliques mystiques, sont aspergées avec les cendres de moines ou de membres de la famille ou sont tatouées avec des mantra ou des inscriptions magiques.Les autorités religieuses semblent être inquiétées par l’ampleur pris par cette mode. Si au final il s’agit de poupées inoffensives qui n’ont rien à voir avec celles utilisées dans les rituels vaudou, elles favorisent tout de même la diffusion de fausses croyances contraires à la norme religieuse. Le phénomène est encore plus dangereux si on considère que des moines bouddhistes se prêtent aux cérémonies de consécration des poupées-anges. Le Bureau nationale du Bouddhisme a déclaré qu’il menera une enquête à cet égard.

bambole_3.jpg

Le marché rentable des poupées anges a commencé à se développer surtout suite à l’annonce d’un célèbre Dj de radio, Bookko Thannatchayapan. Ce dernier a affirmé que c’est grâce à son Wansai (le prénom attribué à sa poupée) qu’il a pu atteindre le succès dans l’industrie du divertissement. Le Dj a expliqué qu’il a réussi à décrocher son premier travail dans ce secteur en demandant de l’aide à Wansai en échange d’un collier d’or. Ce témoignage a fait augmenter la popularité des poupées anges et a poussé leurs ventes. Néanmoins, les vendeurs des luuk thep, importées en grande partie depuis la Chine et dont le coût est compris entre 55 et 600 dollars ,ne sont pas aussi anges que leur produit. Cette semaine 100 poupées ont été confisquées et trois vendeurs ont été arrêtés pour évasion fiscale car ils n’avaient pas payé les impôts d’importation.

La police a également d’autres raisons pour craindre la propagation de ce commerce. Il semble que ces poupées puissent être utilisées aussi pour le trafic de drogue international. Dans les derniers trois mois plus de quarante passagers ont opté pour amener avec eux leurs poupées anges dans les avions et souvent ont exigé qu’elles ne soient pas déposées avec les autres bagages à main. La compagnie aérienne Thai Smile a ensuite décidé de permettre que les poupées voyagent en tant que des vrais passagers à condition qu’on leur paye le billet d’avion et qu’on leur attache les ceintures. Dans ce cas les poupées ont droit voire à des boissons et des snacks comme tout passager qui ne soit pas en plastique. Mais le jour suivant la mise en place de cette mesure une poupée a été confisquée dans l’aéroport de Chiang Mai pour cacher 200 comprimées de Ya Ba, une amphétamine thaïlandaise. Le Département d’aviation civile a ainsi décidé d’interdire la vente de billets pour les luuk thep, en considérant qu’elles sont classées de bagage et qu’elles ne sont pas de personnes.

Bien que cette tendance ne soit pas le symptôme de maladies mentales, comme déclaré par le Département de santé mentale, sa cause pourrait être de nature sociale. De fait, selon l’anthropologue Pinthongvijayakul elle reflet l’étape critique et instable vécue par la société thaïlandaise. Elle serait une façon de s’accrocher à des nouvelles certitudes lorsque beaucoup d’autres semblent disparaître.

bambole_2.jpg

Previous articleThaïlande : le nouveau leader bouddhiste ne fait pas l’unanimité
Next articleVietnam : les poires en forme de Bouddha font un carton