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Qu’est-ce que le bouddhisme Théravada ?

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Nombreux Bouddhismes; un Dhamma-vinaya

Le Bouddha a nommé la religion qu’il a fondée d »Dhamma-vinaya »: »doctrine et discipline » ou :Dhamma (sanskrit : Dharma) en abrégé. Dans le but de fonder une assise sociale constante de la pratique du Dhamma, et préserver ces enseignements pour la postérité, le Bouddha a établi l’ordre des bhikkhus (moines) et de bhikkhunis (nonnes) – le Sangha-qui continue de nos jours de transmettre ces enseignements aux générations laïques et religieuses. Mais deux siècles après la mort du Bouddha, alors que le Dhamma se répand à travers l’Inde, plusieurs interprétations divergentes des enseignements bouddhiques ont fait leur apparition entraînant des schismes au sein du Sangha, et l’émergence de près de 18 écoles bouddhiques. L’une d’elles (le Mahasanghika) a donné naissance à un mouvement de réforme nommé le Mahayana (grand véhicule), qui, pour référer aux autres écoles, les appelle le petit véhicule (Hinayana). Ce que nous appelons ainsi aujourd’hui constitue la seule école survivante des écoles anciennes non Mahayanas. Pour éviter une désignation péjorative qui risquerait de surgir des termes Hinayana et Mahayana, nombreux sont ceux qui préfèrent utiliser un langage neutre pour distinguer ces deux branches principales du Bouddhisme. Comme le Theravada prédomine dans le sud asiatique, il est appelé le bouddhisme du Sud; et le Mahayana étant répandu principalement dans le nord : Chine, Tibet, Japon et Corée, il est nommé le Bouddhisme du Nord.

Le pali: langue du bouddhisme Theravada

La langue des textes canoniques Theravada s’appelle «pali »litt. « texte ». Elle est fondée sur un dialecte du moyen indo-aryen qui était probablement parlé dans le centre de l’Inde à l’époque du Bouddha. La majorité des sermons (suttas) que le Bouddha a prononcés, étaient mémorisés par le Vénérable Ananda cousin du Bouddha est assistant proche de celui-ci. Les sermons qu’Ananda n’a pas écoutés directement du Bouddha, on dit qu’ils lui ont été répétés ultérieurement. Bref, après la mort du Bouddha en 480 av. J.-C., 500 moines supérieurs incluant Ananda s’étaient réunis pour réciter et vérifier tous les sermons qu’ils avaient écoutés durant les quarante-cinq ans de son enseignement. La majorité des sermons débutaient par la phrase : « ainsi ai-je entendu ».
Les enseignements ont été transmis oralement au sein de la communauté monastique ; la transmission orale des doctrines datait d’avant le Bouddha. Vers 250 av. J.-C. l’enseignement du Bouddha a été systématiquement arrangé et classé en trois sections de base : le vinaya Pitaka (la corbeille de la discipline) ; ces textes concernent les règles et coutumes du Sangha ;le sutta Pitaka (la corbeille des discours) qui sont les sermons et discours prononcés par le Bouddha et ses proches disciples ; et l’Abhidhamma Pitaka (la corbeille de la doctrine supérieure ou spéciale) qui consiste en une analyse psychologique détaillée du Dhamma. Ensemble les trois s’appellent Tipitaka : les trois corbeilles. Au IIIe siècle av. J.-C., les moines sri lankais ont commencé une rédaction de commentaires détaillés sur le Tipitaka, qui, finalement, ont été conférés et traduits en pâli au début du V siècle après J.-C.
Le Tipitaka avec les textes de post canoniques palis (commentaires chroniques etc.) forme le corpus des écrits classiques Theravada.
La langue palie était, à l’origine, parlée et non écrite dans un alphabet qui lui est propre, jusqu’à ce que des moines sri-lankais aient fixé par écrit et dans l’ alphabet cinghalais mais en langue palie transcrite. Par la suite, le Tipitaka a été transcrit en différentes écritures :dévanagri, thaï, birman, cyrillique et autres.
Bien que les traductions anglaises de la majeure partie des textes du Tipitaka abondent, de nombreux étudiants du Theravada trouvent qu’étudier la langue palie ne serait-ce qu’un peu, ici et là, procure un approfondissement et davantage de discernement de la doctrine bouddhique. Certes, personne ne peut prouver que le Tipitaka contient les paroles dites par la bouche du Bouddha historique. Mais dans la pratique, les bouddhistes n’ont jamais estimé cette question comme problématique. À la différence des écritures de nombreuses grandes religions dans le monde, le Tipitaka ne prétend pas être une écriture « révélée» contenant les propos de la divine vérité transmis par un prophète, à admettre dans la foi. Non, les enseignements bouddhiques peuvent être testés en premier lieu pour être mis en pratique dans la vie personnelle afin de découvrir par soi si effectivement ils offrent les résultats attendus. C’est vers la vérité que les mots dans le Tipitaka dirigeaient ces choses ultimes, ce n’est pas vers eux-mêmes. Bien que les chercheurs ne cessent de spéculer sur l’autorité de certains passages du Tipitaka (en passant à côté de l’essentiel dans ces enseignements), le Tipitaka continuera à offrir ses services comme il a toujours fait en tant que guide indispensable pour des millions de fidèles qui sollicitent l’Eveil.

Bref sommaire de l’enseignement du Bouddha

Les Quatre Nobles Vérités

Peu après son Éveil, le Bouddha (qui veut dire l’Eveillé) a prononcé son premier sermon qui constitue la base sur laquelle est édifié tout son enseignement. Cette base de ce sont Les Quatre Nobles Vérités qui sont les quatre principes fondamentaux de la nature (Dhamma) qui ont émergé d’un discernement pénétrant et honnête du Bouddha à l’égard de la condition humaine, et qui sert à définir dans son intégralité la pratique bouddhique. Ces Vérités ne consistent pas en des lois de croyance. C’est plutôt une lumière qui éclaire notre expérience directe sur la voie qui mène à l’Eveil:

1 – Dukkha: souffrance, insatisfaction, malaise, angoisse
2- la cause de Dukkha : la cause de cette insatisfaction c’est le désir impérieux (tanha) de sensualité, de devenir et de ne pas devenir.
3 – la cessation de Dukkha : l’abandon de ce désir impérieux.
4- la voie de la pratique qui mène à la cessation de Dukkha :la Noble Voie octuple : la vue correcte, la résolution correcte, la parole correcte, actions correctes, gagne-pain correct, effort correct, attention correcte, concentration correcte.
Le Bouddha a établi pour chacune de ces Nobles Vérités, une tâche à accomplir par l’homme : la première est à comprendre, la deuxième à abandonner, la troisième à réaliser, la quatrième à développer. La pleine réalisation de la troisième Noble Vérité aplanit le chemin direct vers le Nibbana (sanskrit : Nirvana) la liberté transcendantale qui n’est que le but final de tous les enseignements du Bouddha.

La voie octuple

La dernière des Quatre Nobles Vérités qui consiste en le chemin Octuple contient une prescription qui dissipe notre inconfort, et nous procure un soulagement ultime du cycle douloureux et dépourvu de sagesse de naissance et des morts (samsara) auquel notre ignorance (avijja) des Quatre Nobles Vérités nous a liés durant d’ innombrables éons. La Voie Octuple offre un guide pratique pour développer ses qualités saines et ses capacités dans le coeur de l’homme qui doivent être renforcées afin de faire parvenir le sujet au but ultime, la libération finale et le bonheur du Nibbana. Le Bouddha a enseigné la Voie octuple à ses disciples suivant un système « graduel » qui débute par le développement de sila ou la vertu (paroles droites, action droite et gagne-pain droit qui sont regroupés sous forme de cinq préceptes), suivie par le développement du samadhi ou la concentration et le développement du mental (l’effort correct, l’attention correcte et la concentration correcte), et culminant avec le développement de panna la sagesse (la vie correcte et la résolution correcte). En dépit de la structure de l’étape de sagesse appartenant à la Voie Octuple, le progrès sur le chemin ne suit pas une simple trajectoire linéaire. Le développement de chaque aspect de la Voie Octuple entretient le renforcement des autres, conduit le pratiquant en avant dans une maturité spirituelle grandissante qui aboutit graduellement à l’Eveil.
Considéré d’un autre point de vue, le long cheminement vers l’Eveil débute véritablement avec les premières tentatives de réaliser la vie correcte, le premier contact avec la sagesse par laquelle l’on reconnaît en même temps la validité de la Première Noble Vérité, la fatalité de la loi du Kamma (sanskrit: karma), la loi universelle de cause à effet. Une fois que l’on commence à voir que les actions nocives entraînent inévitablement des résultats fâcheux, et que des actes bénéfiques, à l’opposé, produisent des effets sains, le désir, naturellement croît afin de mener une vie moralement correcte, de pratiquer sérieusement sila. La confiance née du discernement préliminaire incite le pratiquant à placer une plus grande confiance dans les enseignements. Il devient « bouddhiste » en exprimant une résolution intérieure de « prendre refuge » dans les Trois Joyaux: le Bouddha (à la fois historique et la potentialité individuelle innée pour l’Eveil), le Dhamma (à la fois les enseignements du Bouddha historique et l’ ultime vérité visée par eux), et le Sangha (à la fois la communauté des moines qui préserve les enseignements et les met en pratique dés l’époque du Bouddha, et tous ceux qui atteignent au moins un degré d’Eveil). Prenant fermement refuge avec un admirable collègue ou maître (kalyanamitta) qui aide à éclairer la voie, l’on peut avancer confiant avec l’assurance que l’on chemine sur les traces du Bouddha lui-même.

Introduction au Bouddhisme par Anagarika Dharmapala (1907)

La fête du Vesak commémore trois événements essentiels qui concernent le Fondateur du Bouddhisme : renaissance, sa réalisation du nibbana et son pari- nibbana (sa mort). Cette triple fête est célébrée le jour de la pleine lune du mois de mai.
Le Bouddha est né dans la cité royale des Sakyas , nommée Kapivalitsu. Sa mère était l’immaculée reine Maya, et son père le Raja Suddhodana de la dynastie solaire d’Ikshvaku.
Des milliers d’années avant sa naissance, une prophétie avait été émise selon laquelle un Bouddha allait naître pour sauver le monde. Et, le moment venu, le futur Bouddha qui se trouvait alors dans le Paradis Tusita en qualité de Dieu Svetakatu, les autres dieux lui avaient annoncé que le temps était venu pour qu’il s’incarne dans le but de sauver le monde.
Renonçant aux plaisirs divins, le Bodhisatva prit naissance comme un être humain. Notre Maître lui-même, dans les Ecritures, nous enseigne la nature sublime de l’état de Bouddha.
Pour devenir Bouddha, il convient de pratiquer quatre asankheyyas et cent mille kalpa, les dix grandes perfections nommées Paramita. Il y a d’innombrables millions de kalpas, le Bouddha Dipankara est apparu pour sauver le monde, notre Bouddha était né dans une famille de brahmanes d’une immense richesse. Réfléchissant sur la vanité des plaisirs, il a fait don de tout ce qu’il a reçu de ses parents, un héritage accumulé de sept générations. Il s’est vêtu de l’habit d’ascète, partit pour une solitude dans l’Himalaya pour y pratiquer les Dhyanas et les Samapattis. Quand il a réalisé les cinq pouvoirs phénoménaux de transcendance, il était en mesure d’accomplir des miracles. Un jour, il a entendu que le Bouddha Dipankara visitait la ville de Rammanagar, où il se trouvait lui-même, il en fut très heureux, et décida de le rencontrer. Après la rencontre, le futur Bouddha fit connaître sa détermination à atteindre le sommet glorieux de l’état de Bouddha, dans le but de sauver les entités vivantes.
Le Bouddha Dipankara qui voyait dans le futur a déclaré que ce grand ascète, après des millions d’âges à traverser, deviendra un Bouddha, qu’il sera nommé Gautama, que sa mère sera connue du nom de Maya, que son père sera le Raja Suddhodana, que son épouse sera la princesse Yasodhara de laquelle il aura un fils, et qu’il renoncera à tout pour sauver le monde. Ce jour-là, le grand ascète connu sous le nom de Sumedha Tapasa déclara qu’il pourra atteindre le nirvana; mais sa grande compassion triompha sur le désir de quitter en silence cette vie vers la félicité suprême du nirvana. Le « Patisambhida »accentue la compassion absolue du Bouddha qui, voyant les souffrances sans limite du monde, se plongea dans l’océan du samsara, s’investit vie après vie en pratiquant la charité absolue, observant les vertus supérieures de la vie parfaite, renonçant à tous les plaisirs des sens, acquérant la sagesse, s’investissant avec acharnement, ne prononçant jamais de mensongères paroles, indulgent et patient, développant une volonté ferme, exprimant un amour absolu ainsi qu’une équanimité à l’égard de tous. Les 550 Jatakas donnent un compte-rendu biographique de ses naissances antérieures, chacun présente une paramita qui a été pratiquée pour la recherche de la réalisation de l’état d’Anuttara Sammasambodhi. Quelle que fût l’action accomplie par le Bodhisattva, et le nom s’applique à quiconque aspire à atteindre l’état de Bouddha, c’était avec la volonté ferme de sauver le monde. Aucun être apparu sur cette Terre en dehors du Bouddha n’a consenti tant de sacrifices pour le salut du monde. De là, le grand amour que l’on conçoit facilement dans le cœur à la lecture des « neuf portions » des écritures bouddhiques.
De nombreux astrologues brahmanes avaient prédit que le Prince qui portait le nom de Siddhartha sera un jour un grand conquérant dans le monde, un chakravati, ou un Bouddha. Le roi donna l’ordre que soit construite une résidence pour chacune des saisons indiennes. À l’âge de seize ans le prince fut marié avec sa propre cousine la Princesse Yasodhara connue pour sa beauté éclatante au nom de Bimba Devi. Au milieu du luxe royal, le prince mena une vie de faste jusqu’à sa vint-neuvième année. Au-delà de ces jardins de divertissement et l’expérience de la vie de royauté et du tout confort et plaisirs, le prince Siddartha ignorait ce qui se déroulait à l’extérieur. Le jour où la princesse Yasodhara alla enfanter, le prince Siddartha accompagné par son cocher royal se dirigea vers la ville pour y voir la décoration pour l’occasion. Il est dit que les dieux, sachant que le jour du Grand Renoncement était arrivé, créèrent quatre scènes susceptibles de faire réfléchir le Prince sur les malheurs de l’existence humaine et la délivrance de celle-ci : le spectacle d’un vieil homme, d’un homme malade, d’un mort et d’un ascète. Ces quatre phénomènes observés, le Prince pour la première fois de sa vie interrogea le cocher. Son ami lui expliqua que l’être humain qui prend naissance est destiné à la vieillesse, la maladie et la mort. Le quatrième spectacle qu’il observa était plaisant : c’était une figure vénérable habillée en robe jaune, un ascète radieux sur son chemin. Réfléchissant sur les grâces qui accompagnent la vie de renoncement absolu, le Prince prit la ferme décision de quitter le palais le même jour. Sur le chemin de retour au palais, le Prince rencontra des messagers du roi qui lui annoncèrent que la princesse son épouse avait mis au monde un garçon. Quand il entendit le message, le Prince cria «Rahula » : un lien. Et, ce mot devint le prénom du nouveau-né. Cette nuit-là, le prince réalisa un renoncement qui n’a point de parallèles dans l’histoire du monde. Une jeune épouse, un bébé qui vient de naître, un père, un royaume de confort, à tout cela, le prince a renoncé en faveur de tous les êtres vivants. Son renoncement pour l’amour de ceux qui souffrent, a été accentué par un renoncement supérieur qu’il avait décidé de nombreux vies antérieurement, de l’époque Bouddha Dipankara. Pour l’amour des êtres humains, le Bodhisattva
avait renoncé au nirvana pour connaître la mort des millions de fois jusqu’à quitter enfin son paradis afin de venir en aide aux entités humaines, divines et animales. Le renoncement et la vie active de compassion absolue et de sagesse nirvanique constituent les caractéristiques essentielles de la vie du Bouddha. Le prince ascète quitta Kapivalitsu et les territoires des Sakyas marchant à pied jusqu’à la ville de Rajagriha pour solliciter de la nourriture. Sa silhouette majestueuse, son aspect plus que divin attira l’attention des citadins, des messagers avertirent le roi Bimbisara de l’arrivée d’un personnage inconnu. Après avoir obtenu de la nourriture, le prince ascète alla au roc des Pandavas dans les environs de la ville, où il s’assit pour manger. Le roi et ses ministres vinrent à sa rencontre et l’interrogèrent sur son identité. L’ascète leur révéla qu’il était éteint prince Sakya de la race d’Adityabandhu, qu’il renonçait aux plaisirs mondains après qu’il eut discerné leur futilité ; et, devenant ascète il réalisa la paix suprême. Le roi qui était de cinq ans plus jeune que le prince, lui demanda alors s’il acceptait la moitié de son royaume ; ce que l’ascète refusa. De Rajagriha, celui-ci a lâché les maîtres brahmanes Alarakalama et Uddaka Ramaputta qui avait atteint les deux Lokas. Le prince n’était pas satisfait de leur conception du bonheur. Là où perception et sensations agissent, il ne peut y avoir de bonheur permanent, et il trouva qu’après expiration de 84 000 kalpas d’existence dans le royaume du Nevasanna nasanna, l’être vivant devrait renaître sur cette Terre. La conception d’un nirvana absolu était jusque-là non découverte, et les aspirants religieux coupaient leurs liens familiaux, et partaient mener la vie de moine errant (Anagarika Brahmachari). Ayant échoué à réaliser la paix suprême nirvanique selon les méthodes des Arassyakas, l’ermite Sakya pratiqua les formes les plus terrifiantes d’ascétisme physique six ans durant en compagnie de cinq bhikkhus brahmanes. Pénitence et jeûne étaient pratiqués sous leur forme la plus extrême au point que le prince était devenu très émacié et proche de la mort en dépit de témoins célestes qui veillaient sur lui. Un jour, il tomba dans un état d’inconscience, et lorsqu’il se réveilla, il subit une telle douleur qu’il renonça à la mortification et l’auto torture.
Ni la sensation plaisante, ni la vie semi- perceptive d’un bien-être de solitude, ni non plus les douleurs de la torture qui mènent à un état d’inconscience, n’ont apporté la paix à l’esprit analytique du Prince Sakya. Il jeta un regard sur l’enfance qu’il menait dans le palais, et trouva que, mené à l’écart à la fois de l’ascétisme et de la sensualité, elle était appropriée. Il est intéressant pour un étudiant en psychologie infantile, de souligner la base de cette grande découverte qui a abouti à la promulgation de la Religion Universelle, posée par le prince Sakya sur l’expérience d’enfant qu’il a connue personnellement dans son enfance. Un enfant peut-il vivre sans nourriture ? peut-il supporter les sensations excitantes d’une jeunesse attachée aux plaisirs ? la nourriture prise en quantité modérée était nécessaire pour vivre, et une conscience saine indispensable pour expérimenter l’intérêt de la paix. Par conséquent, après réflexion, le Bodhisattva abandonna la vie d’ascétisme mortifiant, et commença à prendre de la nourriture en quantité modérée. Le Bodhisattva mena alors une solitude sylvestre , et adopta la Voie du Milieu, non loin de la rivière couleur argentée de Neranjara l’actuelle Lilajan. L’ermite Sakya était assis à l’ombre de l’arbre Ajapala Nigrodha, le jour de la pleine lune du mois de Vesak, quand la servante du chef du village, Sujata, vit l’aspect majestueux de l’ermite. Elle le prit pour le dieu de l’arbre, et partit en informer le chef du village. Puis elle fit un vœux d’offrir au dieu présumé un bol de lait avec du riz que la servante prépara. Puis elle alla ouvrir le bol.
Il prit le bol et bénit Sujata. Quand celle-ci fut partie, il se leva et se dirigea vers la rivière pour se baigner ; il mangea la nourriture. Après une sieste, il alla vers le lieu sacré de l’Arbre de Bodhi. Face à l’Est, le Bodhisattva s’assit sur l’arbre, déterminé à ne pas abandonner sa position avant de devenir Bouddha omniscient. Au milieu de cette nuit de la pleine lune, le Bienheureux obtint l’introspection divine, et à l’aube devint Bouddha Omniscient. 10 000 mondes ont été submergés de sa radiation, la Terre a tremblé, la nature s’est couverte de joyeux apparats, les infirmes se mirent à marcher, les aveugles à voir, les muets à parler. Dès lors, les puissances des ténèbres ont été heurtées par celle de la lumière salvatrice de tous les êtres. Le Seigneur Bouddha passa sept semaines près de l’arbre de Bodhi dans la béatitude de l’émancipation nirvanique. En effet, Buddha-Gaya est devenu un lieu sacré pour les centaines de millions de bouddhistes. La septième semaine, alors qu’il se trouvait ainsi à l’ombre de l’arbre Ajapala le Brahma Sahampati supplia le Bouddha de prêcher le Dhamma, et le Bienheureux vit par son œil divin que les gens étaient prêts à recevoir la vérité du Dharma. C’est pourquoi il poursuivit son chemin vers Isipatana à Bénarès pour y rencontrer les cinq bhikkhus brahmanes qui étaient prêts pour l’œil de la Vérité. Et le jour de la pleine lune du mois d’Asalha il leur enseigna la Doctrine de la Voie du Milieu qui évite les deux extrêmes : de l’ascétisme douloureux et de la sensualité, énonçant les Quatre Nobles Vérités et le Noble Chemin Octuple. L’ascétisme cruel des yogis et les plaisirs de l’hédonisme de Vama Narga du Kama yoga furent condamnés comme ignobles par le Bouddha et comme dépourvus de tout intérêt. Pendant quarante-cinq ans, le Seigneur a enseigné la Doctrine qui peut se résumer dans ces quatre lignes :
Sabba papassa akaranam,
Kusalassa ajasampada,
Sachitta pariy adapanam,
Etam Buddhanasasanam

« Éviter tout mal,
développer le bien et le vrai,
purifier votre cœur.
Voilà l’enseignement des Bouddhas »

Le Noble Chemin Octuple contient l’essentiel des analyses scientifiques, des aspirations élevées sans la volonté d’intérêts personnels, paroles sympathiques et vraies, éviter la calomnie et le mensonge, agir dans la droiture, ne pas détruire la vie, ne pas voler ni consommer des intoxicants ; gagner ses ressources de manière légale en évitant tout bénéfice condamnable ou profit interdit ; s’efforcer sans relâche de s’écarter de tout mauvais chemin en renforçant en soi toute qualité louable ; purifier le cœur en détruisant les erreurs de l’égoïsme par un processus de vigilance continue agissant sur les quatre plans de métabolisme objectif et subjectif ; la concentration correcte qui conduit à l’état de sainteté et à la réalisation du nirvana. Ces huit principes de vérité absolue se classent sous d’autres catégories nommées les 37 Bodhi Pakkhiya Dhamma.
Le Thatagata est apparu au moment où l’Inde se trouvait au zénith de sa prospérité et de son progrès. Le pays était alors le centre du monde au point de vue spirituel. Des spéculations au sujet de : «d’où viens- je, où irai-je, qui suis-je » étaient à la base des différentes écoles philosophiques. Le sacrifice animal et le ritualisme étaient rampants. L’on sollicitait le paradis en suppliant les dieux. Le système des castes était sujet de discussion, et n’était pas totalement établi. L’opinion se trouvait divisée. Les prêtres affirmaient qu’ils étaient « l’œuvre du Créateur», et par conséquent, qu’ils devraient être soutenus. L’égoïsme des auteurs du système des castes était condamné par le Bouddha dans plusieurs Suttas importants du Digha et du Majhima Nikaya . Le Seigneur béni était venu en fait comme un sauveur qui transmet l’amour-compassion à tous les êtres vivants. Du ver chétif au plus élevé des hommes, tous étaient concernés par sa compassion divine. Par sa bienveillance et sa sagesse, il gagna tous les cœurs. Sa voie à vibrations douce évoquait celle de l’oiseau Kurawika. Il fit que les hommes et dieux abandonnent leurs idées erronées et hérétiques.

Il a enseigné l’importance capitale du dévouement. Il a proclamé la doctrine de l’analyse scientifique. Avant d’accepter tradition, révélations, dogme soutenu par la logique et analogie, les propos des saints et des magiciens, il convient de les tester par le creuset de la Causalité scientifique. C’est uniquement quand ses effets sont bénéfiques que l’on devrait accepter la doctrine.

Pour la première fois, la doctrine du Karma qui demeurait jusque-là un secret confiné aux philosophes de l’Arannyaka, a fait le principe de base de l’évolution de l’individu. La doctrine du Karma dans son ensemble a été énoncée par le Bienheureux, et les erreurs des 62 croyances ont été mises en évidence. À la place de la métaphysique, la théologie matérialiste et des enseignements fatalistes, le Seigneur a promulgué la Loi de l’Origine Dépendante. La vie ne peut être ni annihilée ni créée. Dans le processus cosmique, rien n’est permanent. L’annihilation et la permanence des choses sont toutes deux ridiculisées dans le Dharma de notre Seigneur. Toutes les choses sont changeantes: aussi bien la matière que l’esprit sont sujets aux changements et au déclin. Un métabolisme constructif et destructif est un processus cosmique naturel. Il n’y a pas de début connu d’une vie individualisée, la théorie de l’absorption et de l’émanation qui est une doctrine cardinale de certaines philosophies panthéistes, est expliqué dans la cosmologie du Bouddhisme. Au commencement de chaque Mahakalpa, les êtres descendent sur cette Terre à partir du Abliassara Brahmaloka. Ils sont, dans l’état primitif éthérique. Avec l’évolution de leurs désirs, ils sont devenus matériels et malsains. À la destruction de l’univers, les êtres humains et les animaux qui se trouvaient sur cette Terre renaîtront tous dans l’Abliassara. A la grande dissolution, mêmes les enfers sont détruits. Dans le Bouddhisme, il n’y a pas un éternel enfer et paradis. Après de longs âges ils disparaissent. Mais le disciple du Bouddha ne sollicite pas être dans le processus cosmique, ni naître dans une existence conditionnée et éphémère. Il aspire à réaliser (Ajatam, Abhutam,Akatam et Asankhatam) la non-renaissance (ou l’état du non-né), le non-matériel, le non-créé et le non-conditionné voire le Nirvana.


Source : www.centrebouddhique.fr

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