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Les Bishnoï, la caste des purs et protecteurs de la nature

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21. 07. 2010

Les Bishnoï ou l'écologie spontanée - life and heart
Les Bishnoï ou l’écologie spontanée – life and heart
Au Rajasthan, dans le nord-ouest de l’Inde, vit une étrange communauté d’hommes dont le mode de vie, bien qu’inspiré de l’hindouisme traditionnel, témoigne d’un amour et d’un respect absolus pour la vie et le monde dans lequel ils vivent. Les Bishnoï inspirent à la fois le respect et une réflexion édifiante sur la possibilité de vivre en parfaite symbiose avec le monde animal et végétal.

Origine de la communauté bishnoï

Femme bishnoï au Rajasthan - life and heart
Femme bishnoï au Rajasthan – life and heart
En Inde, tout commence toujours par un guru. Celui des Bishnoï s’appelle Jambeshwar Bhagavan, ou Jambaji, comme le nomme respectueusement ses disciples. Ce grand sage hindou, qui a donné son nom à l’une des plus grandes universités du pays, prônait déjà au XVe siècle le respect de toute forme de vie sur terre. Pour ses disciples, il édicta 29 règles de conduite, qui ont fini par donner son nom à toute la communauté : « bish » qui signifie vingt, « noï » qui signifie neuf. En voici quelques-unes:

  • Observer une mise à l’écart de la mère et du nouveau-né pendant trente jours après l’accouchement (pour éviter des infections et à cause de l’éventuelle fatigue de la mère).
  • Écarter la femme de toute activité pendant 5 jours lors du début de ses règles (pour ne pas la fatiguer).
  • Prendre un bain chaque jour.
  • Maintenir la propreté externe du corps et interne de l’esprit.
  • Méditer deux fois par jour.
  • Offrir l’oblation quotidienne au feu avec un cœur rempli de sentiments de bien-être pour tout être vivant, d’amour pour la nature et le monde entier et de dévotion au seigneur.
  • Employer l’eau filtrée, le lait et le bois de chauffage soigneusement nettoyé (pour éviter que des insectes soient tués ou brûlés).
  • Pardonner.
  • Être compatissant.
  • Ne pas voler, ne pas dénigrer, ne pas déprécier quelqu’un derrière son dos, ne pas mentir.
  • Ne pas se livrer à l’opprobre.
  • Être compatissant envers tous les êtres vivants.
  • Ne pas détruire les arbres verts (c’est-à-dire non morts).
  • Tuer les passions de convoitise, d’irritation, d’envie, d’avarice et d’attachement.
  • Fournir un abri commun pour les chèvres et les moutons.
  • Ne pas consommer ou cultiver de l’opium, du tabac, du cannabis.
  • Ne pas boire de boisson alcoolisée.
  • Ne pas manger de plats de viande ou non-végétariens.
  • Ne pas utiliser de vêtements teints en bleu (pour préserver l’arbre à indigo).

Certaines de ces règles représentent une véritable « révolution » dans le monde hindouiste où règne la ségrégation des castes et où la notion d’impureté est liée à la naissance. Les Bishnoï considèrent que la pureté du corps et de l’âme s’obtient par les actes et les pensées, offrant ainsi un terrain d’expression ouvert à tous, quelle que soit sa religion ou sa caste – chose impensable en Inde. De même, les morts ne sont pas brûlés pour éviter d’abattre des arbres.

Le sacrifice d’Amrita Devi

L’histoire est devenue l’une des plus célèbres en Inde: celle d’un village entier se sacrifiant pour sauver ses arbres. Elle se passe au XVIIIe siècle dans une région où régnait alors le maharaja de Jodhpur. Celui-ci, ayant besoin de bois pour faire fabriquer ses meubles, ordonna à ses hommes d’aller couper des arbres dans le désert du Rajasthan. Les Bishnoï essayèrent de parlementer avec les ouvriers, leur expliquant que de ses arbres dépendaient toute la vie de la région. Ne pouvant se faire entendre, une femme, Amrita Devi, et ses filles, encerclèrent chacune un arbre de leurs bras pour faire barrage aux hommes. Tout le village suivit, et chaque arbre fut « défendu » ainsi par les gens du village. Le maharaja ordonna de poursuivre l’abattage des arbres ; 360 villageois furent ainsi massacrés en même temps que leurs « frères » du monde végétal.

Les Bishnoï dans le monde moderne

Depuis cinq siècles, rien n’a changé chez les Bishnoï. Le tableau qu’ils offrent laisse perplexe : entre paradis sur terre et vie tribale, on se prend à rêver d’un monde parfait, « où le lion vient boire avec l’agneau », où hommes, animaux, végétaux, vivent ensemble, où le bébé humain est allaité par le même sein qui nourrit la gazelle, où chaque soir les animaux du désert viennent chercher présence et eau dans les mains amoureuses des hommes. Un monde où règne entre hommes et femmes respect et tendresse, où l’on n’entend que peu de bruit, dans un silence adorant pour tout ce qui vit. Des sourires par centaines, des habits colorés et des bijoux merveilleux, témoignant de la lumière intérieure de ces paysans pacifiques.

Les villages bishnoï formant autant de havres de paix connus depuis 500 ans même par les animaux du désert, ceux-ci viennent s’y réfugier et y dormir, étant sûrs qu’aucun chasseur ne viendra les débusquer. Pourtant, les années de sécheresse ont mis en grand danger de survie ces tribus, obligées de s’ouvrir à l’aide des ONG.

Pour le voyageur, une halte s’impose parmi ces Indiens accueillants, à condition de se débarrasser de tout objet en cuir (chaussures, ceintures…), d’accepter une nourriture frugale en apportant son écot si possible (un sac de riz ou de millet), et de porter des vêtements décents.
A voir

– Reportage photos de toute beauté sur les Bishnoï.


Françoise Angrand

Source : inde.suite101.fr

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