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La Viande Halal, une Question polémique

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LA VIANDE HALAL

UNE QUESTION POLEMIQUE


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SaphirNet.info, le premier site d’actualité à thématique musulmane avait inauguré son espace de débat interactif en proposant un thème très sensible : la viande halal.

Ce thème suscite en effet la polémique auprès des acteurs du halal mais laisse perdant le consommateur. Des acteurs du « halal » mais aussi des spécialistes de la consommation ethnique seront tour à tour conviés à partager leurs analyses et à débattre avec les internautes. Trois débats sont déjà programmés. D’autres complèteront prochainement la question.

La viande halal est au coeur du débat interactif organisé par SaphirNet.info. Ce site d’actualité à thématique musulmane prend au vol un engouement que l’on note aujourd’hui pour les produits ethniques, dont les produits halal.

Les produits ethniques débordent désormais des épiceries et boucheries communautaires pour s’installer dans les grandes allées des supermarchés et hypermarchés. Les produits halal y tiennent une très bonne place. Mais contrairement aux produits ethniques classiques, les produits halal répondent à une prescription religieuse à l’image des produits casher. Et à la différence de ces derniers, le halal en France suscite une grande méfiance chez les consommateurs musulmans et sa mise en ordre est entravée par l’ampleur des enjeux financiers que présente le marché. Selon un reportage de France 2, diffusé au journal de 20h le jeudi 10 mars 2005, le marché est estimé à plus de 3 milliards d’euros. Ces chiffres annoncés pour la France restent bien sûr à vérifier. Le marché mondial est lui estimé à 150 milliards de dollars par an avec un marché de plus de 1,8 milliards de consommateurs répartis sur 112 pays, selon un rapport produit pour le ministère de l’agriculture du Canada.

Quand le consommateur est le grand perdant

La méfiance actuelle du consommateur musulman est accentuée par la divergence des interprétations religieuses, l’opacité du marché et la concurrence sans merci des producteurs. Le tout étant amplifié par l’absence d’un organe central fort chargé du culte musulman en France. La viande halal est ainsi laissée à l’initiative d’entrepreneurs souvent amateurs ou à des industriels sans scrupules. Pour rallonger leurs marges bénéficiaires, ces acteurs n’hésitent pas à s’affranchir des process qui assurent la qualité « halal » des produits alimentaires tout au long de leur fabrication. L’une des règles fondamentales est d’éviter tout mélange (l’anthropologue Florence Bergeaud Blackler emploie quant à elle le terme médical de « contamination ») entre la viande abattue selon le rite islamique et la viande ordinaire. Aujourd’hui, en France, les acteurs économiques du halal s’accusent mutuellement de tricheries diverses, pas toujours fondées. Les supports d’information intéressés par la question, comme SaphirNet.info, sont régulièrement sollicités pour dénoncer certains acteurs.

Quelques supports vont au-delà et n’hésitent pas à colporter les pires rumeurs sur des producteurs ou distributeurs du halal. Comme le souligne l’anthropologue Florence Bergeaud Blackler spécialisée dans la pratique alimentaire, « 90 % de la viande sous appellation halal ne le serait pas ». D’autres propos viennent enfoncer le clou en stipulant que la viande halal « serait de mauvaise qualité, voire dangereuse pour la santé, qu’elle serait l’équivalent de celle qui sert à préparer les aliments pour animaux etc. » Le chercheur précise que ces rumeurs sont invérifiables car elle ne s’appuient sur aucune donnée empirique ou étude quelconque basée sur une définition précise du halal.

Le halal : une source d’argent pour le culte musulman

Le halal est aussi souvent évoqué comme une source possible du financement de l’islam de France, ce qui, paradoxalement, ne facilite pas ses affaires. Le prélèvement d’une taxe sur les abattoirs ou sur les boucheries halal n’est pas du goût de tous. Mais la perspective n’étant pas exclue, chaque organisation musulmane concernée par le dossier lutte pour obtenir une part du gâteau. Or chacun sait que l’instauration d’une taxe se répercutera sur le prix du kilo de viande. Le grand perdant est donc le consommateur.

La filière halal rencontrera probablement l’élevage bio

Pour l’heure, le grand perdant reste le consommateur qui souhaite manger halal. Il dispose en effet de trop peu d’informations qui garantissent véritablement que sa consommation soit halal. Pourtant, les consommateurs sont chaque jour plus nombreux à vouloir se tourner vers une alimentation halal qui respecte l’abattage rituel et se préoccupe de l’environnement dans lequel est élevé l’animal. Ceci nous conduit à penser qu’à l’avenir la mise en place d’une filière nationale du halal intègrera probablement le cahier des charges de l’élevage bio pour tenter de rassurer le consommateur.


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