BOIRE DU THE n’est pas chose aisée. Par ses rituels très codifiés, le thé vert du Japon s’érige en emblème national depuis le XVème siècle, quand il servait de remède médicinal. Aujourd’hui, « cha no yu », ou cérémonie du thé, est un art total que Tokyo, chantre de l’union du moderne au traditionnel, aime à maîtriser. Où que l’on se trouve les coutumes sont les mêmes. Une fois déchaussés et purifiés, les invités s’accroupissent et entrent dans cette position, à l’intérieur du chachitsu (pavillon à thé). Après une collation légère selon des règles bien établies, ils sont enjoints à quitter la pièce pour y refaire une entrée, assis sur les talons, après un moment de purification. Ils pourront alors s’abreuver du thé présenté par l’hôte, le plus souvent vêtu d’un kimono. De saluts respectueux en gestes gracieux, les réjouissances spectaculaires sont précises. Les corps disciplinés se dressent, le thé se fouette au bambou et l’on porte les bols aux lèvres en rotations particulières. Il n’est pas simple de boire du thé. Preuves en sont les formations nécessairement dispensées par certaines écoles, bien connues des initiés; A Omotensenko comme à Urasenko, on apprend à célébrer l’homme par le thé, selon quatre principes clefs : l’harmonie, le respect, la pureté et la tranquillité. Dans les règles de l’art, la simplicité n’est qu’apparente. Il faut une bonne dizaine d’années d’entraînement avant de pouvoir maîtriser les fils cryptés du culte fait au thé japonais. Comme pour le piano, c’est en reproduisant inlassablement les mêmes exercices que l’on passe de l’amateurisme à la maîtrise appréciée. La cérémonie soigne le calme de l’instant et diffuse ses pans de relaxation effective à tout participant. Les sens s’embaumeront d’encens. Aux seuls coulis de l’eau s’ajouteront les craquements du feu. La détente est d’or.
Dans le quartier des affaires de Tokyo (Ginza), l’hôtel Okura accueille les citadins nerveux pour un moment de calme. A l’abri des effluves mondains des ondes modernes, on y cultive la méditation sur des airs traditionnels. On y boit du thé, on se détend. On s’affranchit du monde l’espace de quelques heures, dans le respect des codes d’hier.
Magali Lacroze, pour www.buddhachannel.tv
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