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Islam en Chine – 1979 à 1992

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Musulman Hui idans la province du Henan
Musulman Hui idans la province du Henan

HISTOIRE DE L’ISLAM EN CHINE – 1979 à 1992


Avec la politique de libéralisation lancée par Deng Xiaoping au troisième plenum du onzième Comité central du Parti communiste chinois, en décembre 1978, s’ouvre une ère nouvelle pour les musulmans de Chine. Nous voudrions montrer les aspects les plus significatifs de leur situation actuelle, en notant d’abord les principaux événements et les lignes prédominantes de leur histoire récente, puis en présentant les données statistiques et les caractéristiques de la vie musulmane chinoise.


Evénements marquants

En 1979, des étapes préliminaires importantes sont franchies : réouverture des mosquées dont le muezzin du haut du minaret appelle à la prière ; libération et rétablissement dans tous leurs droits des personnalités musulmanes condamnées avant et pendant la Révolution culturelle ; reprise officielle des pèlerinages à La Mecque ; fixation d’un programme de recherche et d’étude islamiques à la Conférence nationale de Kunming, en février ; participation de quelques représentants musulmans en août à la troisième conférence mondiale de Princeton (New Jersey) sur la paix et les religions et, en septembre, au Conseil islamique d’Algérie.


A partir de la même année, les musulmans chinois sont considérés comme un pion important dans l’amélioration des rapports et du commerce avec les pays arabes, et pour cela leur est laissée une plus grande marge d’initiative. Au niveau de la population les signes de respect se multiplient. Les traditions alimentaires des musulmans sont favorisées, un peu partout s’ouvrent des boutiques et des restaurants spécialisés dans les plats halàl (purs, permis), plats également présentés dans les buffets des trains, des bateaux et des avions, sur les tables des cantines d’usine. Pour les aliments obligatoires au moment des fêtes, des primes spéciales sont accordées aux ouvriers musulmans ou des distributions leur sont faites. Des inspecteurs sont envoyés dans les abattoirs pour vérifier que les lois islamiques sont respectées dans l’abattage des animaux. Des congés sont accordés pour la célébration des fêtes les plus importantes. L’élection de musulmans comme délégués aux assemblées du peuple est favorisée à tous les niveaux, etc.


En avril 1980, la quatrième assemblée nationale de l’AIC précise de nouveau les objectifs de l’association : servir de pont entre le gouvernement et les membres de la communauté islamique pour la mise en oeuvre de la politique religieuse ; restaurer les mosquées ou en construire de nouvelles ainsi que les autres lieux de culte ; reprendre la publication du Coran, des livres religieux et de ses propres publications ; travailler à la formation des imàm et des mullàh en ouvrant des instituts d’étude et de formation islamique ; réorganiser les grandes fêtes traditionnelles et les pèlerinages à La Mecque; favoriser les relations avec les coreligionnaires d’autres pays et la coopération internationale. Burhan Shahidi est élu président honoraire et Zhang Jie, président en exercice.


A partir d’août 1980, à Yecheng au Xinjiang, des mouvements de protestation se succèdent contre la domination des Han, de nouvelles organisations antigouvernementales prêchent la guerre sainte pour obtenir l’indépendance, en union avec tous les musulmans turcs.


Les pèlerinages privés à La Mecque sont également autorisés à partir de 1981. En 1985 diverses associations islamiques provinciales et locales sont créées.


Du 10 au 16 mars 1987 se déroule à Pékin la cinquième assemblée nationale de l’AIC qui réélit Burhan Shahidi président honoraire, nomme Zhang Jie conseiller et Shen Xiaxi, président en exercice. Les statuts qui sont approuvés définissent ainsi les objectifs de l’association : « assister le gouvernement populaire dans la mise en oeuvre de la politique religieuse ; promouvoir les meilleurs traditions de l’islam et oeuvrer pour une meilleure gestion des affaires religieuses ; représenter les droits légaux des cercles islamiques et des individus ; unir les musulmans de tous les groupes ethniques dans l’amour de la patrie ; participer positivement à la construction de la civilisation matérielle et spirituelle socialiste; promouvoir le grand oeuvre de la réunification de la nation ; développer et renforcer les rapports et les échanges amicaux avec les coreligionnaires de l’étranger et sauvegarder la paix du mondeLes appels concrets adressés directement aux fidèles sont : « étudier consciencieusement les diverses politiques du parti… surtout celles qui concernent les minorités nationales et les religions ; approfondir la connaissance des lois… renforcer l’unité des nationalités et des sectes pour contribuer à une gestion paisible des affaires religieuses et maintenir la paix et l’harmonie de la situation politique…; aider efficacement le comité d’administration démocratique des mosquées..; améliorer l’éducation et la formation des agents religieux… poursuivre la publication et la traduction des Ecritures et des livres de l’islam ; soutenir le périodique Musulmans en Chine ; recueillir et mettre en valeur les vestiges et les monuments historiques de l’islam ; développer les études islamiques ; faire avancer les recherches sur les problèmes présents de l’islam.., continuer à développer les rapports d’amitié avec les partenaires étrangers et pratiquer les échanges universitaires et culturels pour améliorer la compréhension mutuelle avec les pays musulmans

Femme Imam en Chine
Femme Imam en Chine


Photo ci-dessus : une classe enseignée par une femme Imam, Yang Yu Hong, en marche à la mosquée de Tai Zi dans la ville de Ling Wu de la province de Ningxia.


Des données statistiques sont fournies pour l’occasion :
– on a ouvert vingt mille mosquées
– distribué huit cent mille exemplaires d’ouvrages islamiques
– et, depuis 1980, sept délégations ont été envoyées à La Mecque.


Le conseiller de l’AIC, Zhang Jie, meurt en octobre 1987. On loue sa ferveur d’écrivain et d’éditeur au service de la doctrine islamique.


A partir du printemps de 1988 éclatent des conflits de nature diverse entre groupes musulmans, entre sectes, des manifestations se produisent en faveur de l’autonomie locale, contre les Han, contre la nouvelle législation de l’Etat sur le contrôle des naissances (qui limite à trois au maximum le nombre des fils dans les minorités ethniques).


En dépit des interventions et des discours des autorités, les mouvements de protestation et les désordres continuent à l’automne 1988, avec des manifestations d’étudiants à Kashgar contre la présence d’étudiants Han et, là et en d’autres villes du Xinjiang, contre les essais nucléaires et les expériences sur les missiles à Lop Nor.


Le 20 octobre 1988 la Chine reconnaît l’Etat palestinien au niveau diplomatique.


Du 22 au 26 novembre 1988 sont convoqués à Pékin tous les secrétaires généraux des provinces et des régions autonomes de l’AIC ainsi que les directeurs des neuf séminaires islamiques. Les mots d’ordre sont : clarifier et améliorer l’administration démocratique des mosquées, renforcer l’autonomie financière de l’Association et de chacune de ses unités, élever le niveau de formation des séminaires, faciliter les visites d’étrangers et les pèlerinages.


Le 28 décembre 1988, plus de 300 étudiants Uigur de cinq universités de Pékin organisent une manifestation dans la rue contre la discrimination raciale, ils réclament plus d’égalité et le respect des droits de l’homme pour les minorités ethniques.


Les manifestations de mécontentement et les mouvements de protestation continuent en 1989. En mai, des groupes musulmans dont l’ensemble dépasse cent mille personnes manifestent à Urumqi, à Pékin et en d’autres villes, réclamant la saisie du livre Les coutumes sexuelles, publié à Shanghai, qui traite le sujet de façon offensante dans son chapitre consacré à l’islam.


En juillet 1989, après l’intervention des troupes sur la place Tiananmen contre les étudiants, dont les manifestations pour la liberté et la démocratie ont mobilisé des groupes islamiques, toute la direction de l’AIC se réunit pour réaffirmer son soutien au discours de Deng Xiaoping et à la résolution du Comité central du Parti de « renforcer consciencieusement le travail idéologique politique, de mieux développer l’éducation patriotique et de s’opposer au libéralisme bourgeois »Nous devons, affirme l’AIC, suivre la direction du Parti dans l’organisation des professions religieuses et des masses musulmanes. En étudiant bien les affirmations de Deng Xiaoping et des autres documents majeurs, nous devons augmenter la prise de conscience idéologique, distinguer le vrai et le faux, maintenir la paix et l’union dans tout le pays. Nous devons continuer à aider le gouvernement à appliquer sa politique à l’égard des minorités et des religions, renforcer l’unité entre le peuple et les sectes religieuses et accomplir consciencieusement nos obligations de croyants ».


Le 29 août 1989 meurt Burhan Shahidi, président honoraire de l’AIC.

En mars 1990 une campagne est lancée contre le fondamentalisme islamique et contre « les forces hostiles étrangères qui cherchent à faire des prosélytes et à créer des tensions


En avril 1990 un groupe de musulmans organisés en « parti islamique du Turkestan de l’Est », sous la direction d’Abul Kasim, proclament la guerre sainte pour établir une république indépendante. L’intervention des forces de police à Baren, près de Kashgar dans le Xinjiang, fait une cinquantaine de morts. Puis viennent les arrestations (six mille selon Amnesty International), les interrogatoires et les exécutions. Les mosquées et les écoles sont fermées. Une campagne est lancée pour convaincre les chefs religieux et les fidèles musulmans de s’opposer au séparatisme. Des régions du Xinjiang sont fermées au tourisme.


En juillet l990 la Chine noue des rapports diplomatiques avec l’Arabie saoudite. En novembre de la même année, dans le district de Yuxi à 80 kilomètres au sud de Kunming au Yunnan, une autre manifestation éclate : trois musulmans sont tués et beaucoup d’autres sont blessés.


Dans les premiers mois de 1991, surtout pendant la guerre du Golfe, on enregistre des manifestations en faveur de Saddam Hussein, acclamé aussi comme un éventuel libérateur des musulmans chinois.


Le 8 mars 1992 se déroule une grande manifestation à Kashgar, près de la mosquée la plus importante, pour réclamer le respect des droits de l’homme et l’autodétermination politique. Des policiers armés interviennent.

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