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Idée Lecture – Mon histoire des femmes – Michelle Perrot

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Mon histoire des femmes

Michelle Perrot

Histoire_des_femmes.gif » Mon  » histoire des femmes est en réalité  » notre  » histoire des femmes, et des relations entre les hommes et les femmes. Comment changent les apparences, la sexualité, la maternité? Quand est né le désir d’enfant? Les histoires d’amour ont-elles une histoire? Quel rôle ont joué les religions dans la vie des femmes? Pourquoi l’accès au savoir, à la lecture et à l’écriture, au travail et au métier, a-t-il été si difficile? Peut-on parler de « révolution sexuelle  » dans le dernier demi-siècle? Celle-ci est-elle le fruit de la modernité? du désir des femmes?

Quel est le poids des féminismes?.

Ce livre, issu d’une série d’émissions diffusées sur France Culture, propose de retracer le combat des femmes pour exister à part entière, à égalité avec les hommes. Un combat aujourd’hui encore nécessaire à mener.

Sommaire

Ecrire l’histoire des femmes

Le corps

L’âme

Le travail des femmes

Femmes dans la Cité

Michelle Perrot.

Professeure émérite d’histoire contemporaine à l’université de Paris-VII. Elle a co-dirigé avec Georges Duby l’Histoire des femmes en Occident, de l’Antiquité à nos jours (Non, 1991). Dernier ouvrage paru, Les Ombres de l’histoire. Crimes et châtiments au XIXe siècle (Flammarion, 2001).

COMMENTAIRE

Même si au début du livre, Michelle Perrot raconte la trajectoire intellectuelle qui l’a menée vers l’histoire des femmes, elle dit bien que malgré le titre, cette histoire des femmes n’est pas «son» histoire, mais celle d’un vaste mouvement collectif né il y a une trentaine d’années en parallèle avec l’émergence de ce qu’on a appelé le nouveau féminisme.

Plutôt que de tenter une chronologie de l’histoire des femmes en Occident, l’auteure a choisi de procéder par thèmes. Le premier, intitulé Le silence et les sources, montre combien d’obstacles les historiennes durent franchir pour sortir les femmes du silence de l’histoire, d’une part, et trouver des traces dans l’océan d’invisibilité dans lequel elles baignaient jusqu’alors, d’autre part. Seules les pieuses ou les scandaleuses avaient eu droit à quelques lignes. «Au théâtre de la mémoire, les femmes sont ombre légère», constate l’auteure. Le corps constitue le deuxième thème, abordé au travers des âges de la vie d’une femme, des apparences, de la sexualité, de la maternité et de la prostitution. L’âme arrive tout naturellement ensuite, explorant les domaines de la religion, des sorcières, de l’accès au savoir et de la création artistique. Le travail des femmes et leur action ou leur présence dans la Cité constituent les deux derniers chapitres.

L’intérêt du livre tient certainement à la maîtrise du sujet par cette grande historienne qu’est Michelle Perrot, et aussi à une écriture agréable truffée de références littéraires qui contextualisent la réflexion historique. Mais ce n’est pas tout. Il ne s’agit pas là seulement du passé, mais aussi du présent: «Qu’est-ce qui a changé dans la différence des sexes représentée et vécue? Comment, sinon pourquoi? Et pour quels effets?». L’histoire sert ainsi de matériau de réflexion pour les grands débats actuels de notre société.

Le livre est accompagné d’un CD-MP3 regroupant cette série d’entretiens avec Michelle Perrot, diffusés sur France Culture.

– commentaire de Martine Chaponnière

AUTRE COMMENTAIRE

L’histoire des femmes, c’est notre histoire – par Marc Riglet

L’ouvrage, au ton très personnel, d’une historienne engagée pour la cause des femmes.

Qui mieux que Michelle Perrot pouvait offrir un alerte digest de l’histoire des femmes, des origines à nos jours, et la raconter de manière sensible et personnelle, comme «au coin du feu»? Michelle Perrot, on le sait, a eu, dans sa vie savante, deux amours: le mouvement ouvrier, auquel elle consacre sa thèse, et puis l’histoire des femmes dont elle se demandera, d’abord, «si elle est possible», pour ensuite en proposer avec Georges Duby la grande synthèse collective qu’est Histoire des femmes en Occident. Au-delà de la maîtrise encyclopédique de son sujet, Michelle Perrot ajoute une approche que l’on dira «sensible» de ses objets d’étude. Elle s’installe volontiers dans cette posture où Pierre Nora l’avait placée à côté de ses pairs historiens conviés à l’exercice d’ «egohistoire»: dire tout à la fois l’histoire qu’on fait et l’histoire qui vous a fait. Michelle Perrot était d’ailleurs la seule femme de ces «egohistoires» en compagnie notamment de René Rémond, Maurice Agulhon, Georges Duby, Pierre Chaunu et quelques autres. Annie Kriegel en effet, sollicitée, s’était récusée, préférant à un court chapitre de confession l’écriture d’une autobiographie en bonne et due forme, son magistral, et pourtant méconnu, Ce que j’ai cru comprendre.

Malgré son titre, Mon histoire des femmes, on ne trouvera pas de dimension autobiographique dans ce recueil de textes dits sur France Culture et qu’un CD joint au livre permet de réécouter. Michelle Perrot ne se raconte pas, son «mon» est un possessif sans vanité; ce qu’elle possède, c’est son sujet. Cinq grands chapitres l’organisent qui nous conduisent des interrogations à caractère historiographique – comment faire l’histoire d’une figure si longtemps reléguée? – aux combats féministes contemporains dont le calme exposé nous change des fureurs qui agitent nos modernes gender studies. En chemin, nous aurons croisé les histoires du corps féminin – de sa dissimulation inquiète à son exposition obscène -, les histoires de son âme – de celle, damnée, des sorcières à celle, éthérée, des femmes savantes -, les histoires, enfin, du travail des femmes qui font revivre la paysanne de jadis et la ménagère de naguère en attendant la business woman d’aujourd’hui. Erudit sans ennui, le pari de ce petit grand livre est gagné.

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