Dans l’épopée indienne du Ramayana, Sita est la femme du prince Rama, septième avatar du dieu Vishnou. Écarté du trône de son père, Rama part en exil avec Sita, qui est enlevée par le prince Ravâna et délivrée par son époux avec l’aide de l’armée des singes de Hanuman.
Mais, accusée à tort de s’être rendue coupable d’adultère, elle est répudiée et trouve refuge avec ses enfants auprès de l’ermite Valmiki, avant d’être finalement réhabilitée.
Dessinatrice de BD et animatrice américaine d’origine indienne, Nina Paley (née en 1968 dans l’Illinois) a trouvé des similitudes entre la célèbre légende védique et sa propre histoire : la séparation soudaine avec son mari, qui a rompu avec elle sur un simple courriel, alors qu’il se trouvait en Inde.
Et comme elle a, au même moment, découvert les disques de la chanteuse de jazz Annette Hanshaw (1901-1985), elle a mêlé tous ces éléments dans son premier long-métrage, Sita chante le blues, un dessin animé musical tout à fait original qui a remporté le cristal du meilleur film au Festival d’animation d’Annecy 2008 et un ours de cristal à la Berlinale, la même année.
Tandis que l’histoire contemporaine est traitée dans un style BD minimaliste, les personnages du Ramayana apparaissent comme des vignettes au kitsch coloré et surchargé. Leurs aventures sont présentées et commentées avec impertinence par des marionnettes hiératiques rappelant le théâtre d’ombres.
Et au milieu des aventures du Ramayana, la réalisatrice intercale des scènes chantées, sortes de clips musicaux joliment imaginatifs, où Sita interprète les chansons d’Annette Hanshaw (dont le timbre et les mélodies cousinent avec Rina Ketty ou Lucienne Boyer), qui traduisent ses sentiments d’amoureuse triste.
Le cocktail vocal et visuel est d’une fraîcheur et d’une drôlerie délicieuses. Ainsi lorsque Sita chante Who’s That Knocking at My Door, tandis que l’armée des singes se démène pour la délivrer… Le Blues de Sita est incontestablement une charmante façon de soigner un chagrin d’amour.
Source : Le Figaro->