« L’étude de la Torah, considérée comme un des commandements les plus importants dans le judaïsme, ne concerne pas les femmes. Quasi exclues de la synagogue, les femmes ne sont pas obligées de prier, ne participent pas à la lecture publique de la Torah, leur rôle étant de permettre à leurs maris et à leurs fils d’étudier. » (*)
Aussi, à la synagogue, les femmes sont séparées des hommes par un balcon ou un rideau…
A en croire les nombreux écrits de spécialistes, la place des femmes dans le judaïsme n’est pas meilleure que dans les autres grandes religions.
Le titre de rabbin ne serait réservé qu’aux enseignants masculins faisant autorité en matière religieuse. Gardien, interprète de la Loi, maître qui guide et instruit, le rabbin est le chef de la communauté juive, et quasiment toujours, le rabbin est un homme.
Quasiment toujours… Car le courant libéral du judaïsme ordonne des femmes rabbins. Ce mouvement, majoritaire aux Etats-Unis (mais minoritaire en Europe), a bouleversé l’histoire en 1935, date de la première femme (Regina Jonas) ordonnée rabbin, à Berlin.
A côté de ce courant « moderne », trois autres grandes divisions issues du judaïsme rabbiniques se sont penchées sur la question du statut d’égalité homme-femme :
Le mouvement orthodoxe (composé de plusieurs courants), le mouvement Massorti et le mouvement Hassidique.
Alors que les massortis ont suivi la voie du courant libéral (première femme ordonnée rabbin en 1985), les mouvements orthodoxe et Hassidique refusent officiellement l’ordination des femmes en tant que rabbins. La mixité y est totalement rejetée, l’organisation sociale étant basée sur le prima des hommes. Séminaires théologiques et écoles rabbiniques leur sont d’ailleurs uniquement réservées.
Au contraire, les mouvements libéral et massorti ont offert aux femmes une plus grande représentativité et responsabilité dans la vie religieuse (offices mixtes, participation à la lecture de la Torah…)
Mais malgré ces fléchissements, les femmes rabbins restent très peu nombreuses en Europe, contrairement aux Etats-Unis où les courants libéraux y sont plus importants.
En France, la première et unique femme rabbin (Pauline Bebe) a été ordonnée en 1990.
« Il y a eu des articles un peu partout, mais plus dans la presse non juive que dans la presse juive. Les réactions dans la presse juive n’ont pas été immédiates, car une partie de la communauté voulait ignorer la chose, pensant que si on l’ignorait, ça disparaîtrait… Ma position allait contre la coutume, contre le rôle traditionnel de la femme » confie-t-elle lors d’une interview à l’Université de Lausanne.
Depuis, elle se bat pour faire avancer le courant libéral, pensant que « l’égalité des femmes dans le Judaïsme permettrait à davantage de personnes de revenir au Judaïsme et de s’y identifier. »
(*) Joëlle ALLOUCHE-BENAYOUN, « Pauline BEBE, ISHA. Dictionnaire des femmes et du judaïsme, Paris, Calmann-Lévy, 2001, 440 p. », Clio, numéro 16/2002, <-L'Histoire des femmes en revues France-Europe-> ,
Clémence de la Robertie pour www.buddhachannel.tv