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La France dit Non à la Viande clonée

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clonage_processus.jpgFrôlant la science-fiction, la technique du clonage consiste à obtenir un être vivant génétiquement identique au parent qui lui donne naissance. Cela s’oppose donc à la reproduction qui nécessite deux parents.

Dans le secteur alimentaire, le clone pourrait permettre d’obtenir une viande plus nutritive. Ainsi, plus de dix ans après le premier animal génétiquement créé (la brebis Dolly est « née » en 1997), la FDA vient de donner son accord à la commercialisation de bovins, chèvres et porcs clonés, affirmant que ces aliments ne présentent aucun risque pour la santé humaine. Seuls les ovins (viande et lait) n’ont pas reçu le feu vert pour la reproduction génétique, faute de données suffisantes.

Malgré certaines critiques soulevées par différentes associations de consommateurs, l’Amérique vient donc de franchir une étape primordiale mais douteuse quant à l’industrie alimentaire du pays et de la planète entière. Une question brûle alors les lèvres sur tout le Vieux Continent : L’Europe suivra-t-elle les USA ?



L’UE, entre pression populaire et courroux américain



Le premier élément de réponse n’eut rien de rassurant pour les écologistes et autres défenseurs d’une agriculture saine et naturelle. Ainsi, la semaine dernière, l’Agence européenne de sécurité alimentaire semblait suivre l’avis de l’Oncle Sam en concluant dans son évaluation préliminaire « qu’il n’y avait probablement pas de différences entre les produits issus d’animaux clonés et leurs progénitures et ceux provenant du bétail conventionnel ». Cependant, devant l’effroi et les nombreuses réactions vindicatives des ONG et autres associations agricoles, Nina Papadoulaki, porte-parole du commissaire en charge de la santé, s’est empressée de nuancer : « L’avis de l’Efsa n’est que préliminaire, le rapport définitif tombera en mai 2008 ».

L’UE, fidèle à ses dédales administratifs et hiérarchiques, a aussi présenté le projet au Comité d’éthique européen sur la science et les nouvelles technologies (EGE). Jeudi 17 janvier, ce dernier a tranché radicalement avec la décision américaine, indiquant ne « pas avoir d’arguments convaincants justifiant la production de nourriture à partir de clones et de leur progéniture. » Ajoutant également : « Compte tenu de l’ampleur actuelle des souffrances et des problèmes de santé des animaux porteurs des animaux clonés, le comité doute de la justification éthique du clonage des animaux à des fins alimentaires. » La position de cette instance stigmatise ici les deux grands points de polémique : les doutes sur la santé humaine et l’éthique. En effet, le clonage soulève encore de nombreuses interrogations et tous les scientifiques n’apportent pas les mêmes conclusions. De plus, accepter la transformation génétique d’animaux en vue d’être consommés paraît être une première étape vers une transformation de l’agriculture en un domaine scientifique, réservé aux chimistes. Les doutes sont donc nombreux et justifiés.



La France ne veut pas « copier le modèle américain »



Bruxelles se trouve ainsi dans une impasse bien étroite entre la forte pression exercée par les Etats-Unis et l’avis très négatif de la population européenne sur le sujet. Avant de prendre sa décision, l’UE a choisi d’attendre l’avis final de l’EFSA, en mai, et surtout les résultats d’une enquête qui sera menée auprès des citoyens de l’Union.



En tout cas sur ce débat, la France, elle, n’a pas attendu pour prendre position. Le ministre de l’agriculture, Michel Barnier, a indiqué, hier : »Il y a des problèmes éthiques, des problèmes d’acceptabilité sociale et on va pas se mettre à copier le modèle américain, loin de là« , sur RMC. Complétant ainsi sa pensée : « Je ne veux pas d’une agriculture aseptisée, clonée, ou trop concentrée. C’est un problème politique majeur. »



Au final, la pression populaire et l’avis négatif du comité de bioéthique devraient suffire à la Commission européenne pour refuser la commercialisation des produits clonés pour l’alimentation. Du moins pour le moment… car les Etats-Unis pourraient alors user d’un recours devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC), visant à faire pression sur les dirigeants européens. Après le contentieux déjà brûlant sur la culture OGM (l’UE n’autorise actuellement qu’un seul aliment OGM sur son territoire : le maïs Mon810), européens et américains semblent prendre définitivement des chemins divergents quant aux innovations touchant à l’industrie agro-alimentaire.



Antoine Ginekis pour www.buddhachannel.tv

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