Kusen donné par le Maître zen Federico Dainin-Jôkô lors du zazen du 06 juillet 2014 au dojo de La Montagne Sans Sommet.
Laissez la méditation vous apprendre à inspirer comme lors de votre premier souffle, recevant la vie. Laissez lui aussi vous apprendre à expirer comme si ce devait être votre dernier souffle (…). Car c’est de la façon dont nous respirons que nous aurons vécu.
Asseyez-vous, non pas tant avec votre corps, mais de tout votre être, asseyez-vous !
Lâchez tout, y compris les efforts de bien vous asseoir en zazen.
Dans le silence du jour qui baisse, assis face à votre existence, devenez présence.
Devenez la présence consciente, bien au-delà de ce corps, bien au-delà de ce Dojo.
Il n’est pas un seul lieu où vous n’êtes pas.
Inspirez profondément, observez ce corps qui se dilate et expirez profondément, poussant l’expiration en-dessous du nombril, jusqu’au bas de l’abdomen et observez ce corps qui se vide. Il ne peut pas y avoir d’inspiration sans expiration, autrement c’est la mort !
L’une est nécessaire pour que l’autre existe.
Inspirez profondément et ressentez la vie, telle qu’elle est ici à cet instant, humez-en les parfums, goûtez-en les saveurs, contemplez les couleurs de votre vie à chaque inspiration.
En inspirant, ressentez votre vie, recevez la, telle qu’elle est et en expirant, laissez tout s’évanouir, tout se dissoudre, relâchez tout.
Si en expirant vous acceptez de tout laisser, de vous déposséder de tout ce que vous êtes, de ce que vous n’êtes pas, alors en inspirant vous pourrez tout recevoir.
La première chose que nous faisons en venant au monde, c’est juste inspirer et recevoir la vie sans question, sans discrimination, sans jugement, sans illusion.
La dernière chose que nous faisons en quittant ce monde, c’est expirer sans avoir le choix de tout perdre, de tout laisser partir et de laisser tous les jugements, les questions, les discriminations et les illusions se dissoudre dans la vacuité de l’univers.
Et entre ce premier instant de notre vie et le dernier instant, entre l’inspiration de notre crépuscule et l’expiration de notre achèvement, notre vie ne sera qu’une suite d’inspirations et d’expirations.
A chaque inspiration, nous sommes « ré-enfantés » et nous recevons la vie en abondance, la vie plus forte, plus grande que nous.
A chaque expiration, nous mourons à nous-mêmes, à nos illusions, à nos masques, pour devenir neufs, éternellement nouveaux.
Laissez la méditation vous apprendre à inspirer comme lors de votre premier souffle, recevant la vie. Laissez lui aussi vous apprendre à expirer comme si ce devait être votre dernier souffle, ouvert à tout, laissez partir. Car c’est de la façon dont nous respirons que nous aurons vécu.
Expirez, lâchez prise, abandonnez toutes choses et toutes affaires, videz-vous, libérez-vous, pour que la nouvelle inspiration rejaillisse, vigoureuse, pleine de vie, généreuse, vaste et devenez votre souffle.
Et votre vie sera une danse, la danse où une main reçoit et l’autre donne, la danse de notre doan, le bol qui se remplit et qui se vide. Devenez votre souffle !
Il n’est rien d’autre au monde qui compte vraiment en dehors de votre présence : votre souffle est votre présence.
Inspirez, recevez la vie et expirez profondément et laissez-vous vous dissoudre.
Demain, quand vous serez mort, le soleil brillera encore, les fleurs ne cesseront d’éclore et les arbres n’en seront pas moins verts. Nous ne sommes rien, puisque nous sommes le tout.
Et la réalité a besoin de vous, demeurez dans la présence.