Lao Tseu – Tao Tö King – De l’efficience de la Voie
Edition de la Revue Conférence
Ouvrage majeur de la pensée chinoise, le Tao Tö King, plus communément appelé Tao, est ici présenté dans une nouvelle traduction soucieuse de faire entendre le rythme spécifique et la sobre poésie de l’original. Traité politique, manuel de longue vie, méditation spirituelle, ces 81 chapitres sont aussi et d’abord des poèmes. Les traducteurs, praticiens de longue date du Taï Chi, se sont appuyés sur cet art pour mener à bien leur travail.
HISTORIQUE DE CETTE TRADUCTION
Les choses doivent parfois leur existence à une très simple alchimie. Rien d’extraordinaire en fait, mais la conjonction d’éléments — l’hospitalité, l’ardeur, l’écoute, la persévérance — nécessaire pour que ce qui est à naître — entendons la nature même —advienne selon son rythme.
Il en fut ainsi de cette traduction du Tao.
Une fin de matinée de printemps, sous le regard amical de Marie-Hélène de la Forest-Divonne dans son bureau de la Galerie Vieille-du-Temple, quelques-uns des futurs traducteurs devisaient. L’échange roulait sur les travaux et les jours de chacun. Il fut à un moment question de la présence de certains d’entre eux auprès des personnes handicapées mentales, de leur profondeur et du bienfait que leur prodiguait la pratique du tai chi. Gilbert Coudret parla alors de sa longue pratique de cet art et comment celle-ci l’avait conduit vers la langue chinoise, son écriture, puis, depuis six années, à la traduction : en l’occurrence, celle du Tao, en compagnie de Philippe Denis. Pascal Riou, poète et directeur adjoint de la revue Conférence, lui proposa alors de confier ce travail à la rédaction de la revue. Quelques jours plus tard, Nicolas Idier, rencontré grâce à son article « Nagasaki, l’envers de Dieu » publié par la revue Nunc, voulut bien reprendre ces pages avec sa compétence de sinologue et d’historien. Antoine Roset vint le rejoindre. Sans l’avoir cherché, « de soi-même ainsi » le quintette des traducteurs était constitué, et travailla de concert pour s’accorder sur le rythme d’un passage, le choix d’un mot, la présence ou non d’un article.
Le fruit s’est, à son rythme, détaché de l’arbre. Nous le présentons dans une édition sobre et belle conforme à l’esprit de ces pages millénaires. Nous le faisons avec ce brin d’assurance présomptueuse qui conduit des béotiens à s’approcher d’un grand maître, et avec l’humilité qu’engendre sa fréquentation.
LES CHOIX DE CETTE TRADUCTION
La traduction est une musique et la Chine, matinale. Ceux qui ont vu les Chinois se lever aux aurores pour promener leurs oiseaux en cage dans les jardins publics ou y exécuter au rythme d’une musique grésillant faiblement d’un petit transistor les plus calmes mouvements du tai-chi ne seront nullement surpris de cet avertissement au lecteur.
Ces pages, précisément, nous entraînent avant tout par leur mélodie. Les traductions du Dao De Jing, le « Canon de la Voie et de la Vertu » de Laozi, sont pléthores et nous pourrions même déceler dans l’esquisse de leur chronologie la nature du regard que l’Occident porte sur un des textes les plus importants de la civilisation chinoise. De la traduction missionnaire portée à lire dans la « Voie » la présence de Dieu, à la traduction « scientifique » qui déconstruit le texte pour en extirper tout ce qui pourrait sembler exotique, en passant par la vague orientaliste et new age, le Dao De Jing est progressivement devenu aussi célèbre que Confucius ou le Sutra du Diamant : tout le monde en a entendu parler, sans vraiment l’avoir lu. Bien évidemment, la chapelle sinologique n’est pas ici visée — mais, comme toute chapelle, l’inconvénient est que, passées ses lourdes portes, le mystère reste entier pour le non initié.
La traduction ici proposée ne se réclame nullement de l’actualité sinologique. Sa principale volonté est d’ouvrir le texte, de lui donner le rythme qu’il a souvent perdu dans les traductions antérieures, de le mettre à jour — au sens propre du terme.
Or le Tao n’est pas un joujou d’exégète ou un hochet d’illuminé : ce texte est une pratique. Certaines notions qu’il véhicule enseignent une praxis, une règle de vie avec l’univers pour monastère. Le non-agir, par exemple, que l’on comprend mieux si l’on précise : « agir sans forcer », « de soi-même ainsi », ne peut se restreindre à une nature figée de concept philosophique : il se vit. De même que l’orée de la femelle obscure, ce mystère d’où jaillit l’origine de la multitude de la création, se comprend mieux si l’on se promène en forêt un soir d’automne ou même, sourions (les plus fameux sages chinois ne s’en privaient pas), si l’on se remémore la toile de Courbet. La pensée chinoise marche de plain-pied : à l’écart de toute conceptualisation, elle se meut à la manière de la langue chinoise elle-même, en œuvrant dans le réel — ce qui pour les traducteurs dans une langue façonnée par la pensée grecque et la scolastique médiévale est à la fois bénédiction et damnation : nous n’avons point l’habitude d’une telle liberté ! La traduction que nous proposons ne rejette pas cette magie suggestive. À d’autres de rendre le texte totalement intelligible : ce qui compte avant tout, c’est de le sentir avant de le comprendre, comme un long morceau de blues ou un chant grégorien, puis de le comprendre pour mieux le sentir. Le langage du Laozi vise à pointer l’indicible, et son rythme scandé, profondément poétique, rend cet indicible musical. On n’a pas ici tenté de simplement traduire ce difficile chinois classique, mais aussi de moissonner la musicalité d’un traité dont le titre peut aussi être traduit, malgré l’historicité de la scansion, De l’efficience de la Voie.
LES TRADUCTEURS
Gilbert Coudret : travaille auprès de personnes handicapées mentales, a appris le chinois par sa pratique du tai chi.
Philippe Denis : professeur de tai chi depuis plus de vingt cinq ans
Nicolas Idier : agrégé d’histoire, diplômé de l’Inalco, thèse en cours sur Simon Leys.
Pascal Riou : poète, ancien élève de l’École normale supérieure, directeur adjoint de Conférence.
Antoine Roset : diplômé de l’Inalco. Travaille avec les entreprises françaises dans leur lien avec la Chine.
Format 15 x 20,5 cm ; 112 pages.
Papier intérieur : Fabriano vergé 85 g.
Jaquette typographique imprimée au plomb sur Fabriano Roma 130 g par l’Imprimerie nationale.
Tirage à 1000 exemplaires.
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