Ce mercredi, c’est la 5e édition de la Journée de la gentillesse, organisée par Psychologies magazine. Matthieu Ricard, moine bouddhiste, nous livre sa vision de l’altruisme dans notre société.
Quelle est votre définition de l’altruisme ?
Celle à laquelle j’adhère, c’est celle de la psychologie et du bouddhisme, à savoir que l’altruisme est une motivation. C’est le désir d’accomplir le bien d’autrui. Si, pour des raisons indépendantes de votre volonté, vous ne pouvez pas le traduire en actes, cela ne retire rien au caractère altruiste de votre motivation. Les gens sont mus par un mélange de motivations égoïstes et altruistes. L’idéal est de réduire peu à peu les motivations égoïstes.
L’égoïsme est donc le contraire de l’altruisme ?
Oui, au sens de servir son intérêt au détriment de ceux d’autrui. C’est-à-dire instrumentaliser autrui. Autrement dit, il ne faut pas confondre égoïsme et amour de soi. L’amour de soi, le désir de vivre et d’être heureux par exemple, n’est pas en opposition avec l’amour des autres. C’est l’égoïsme qui est en opposition, au mieux en ignorant les autres, au pire en leur faisant du tort. Coluche l’avait bien résumé en disant, « il n’y a pas de mal à se vouloir du bien ».
L’empathie compte aussi énormément…
Oui, nous parlons là de la résonance affective avec l’autre. Si l’autre est en joie, vous êtes joyeux, si l’autre souffre, vous souffrez aussi. Il y a une empathie cognitive qui est de se mettre à la place de l’autre. Elle est très utile pour vous renseigner sur la situation de l’autre. En revanche, si vous n’êtes qu’empathique, vous pouvez arriver à la détresse empathique, le burn out, l’épuisement émotionnel. Et, là, ce qui permet d’y faire face, c’est la bienveillance.
Est-ce que l’on devient altruiste ?
C’est possible. Des études montrent que l’entraînement de l’esprit à la bienveillance, à la compassion modifie fonctionnellement et structurellement le cerveau. Cela peut être mis en évidence au bout de deux semaines.
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