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Bien se gérer soi-même est un préalable à un bon management de ses équipes

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Docteur en psychologie et diplômée de Sciences Po, Françoise Kourilsky, auteur notamment de «Du désir au plaisir de changer » (4ème édition, Dunod) livre ses conseils pour optimiser le changement dans la carrière. Ses conseils.

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Les managers et dirigeants ont d’abord besoin de bien se gérer eux-mêmes pour mieux manager leurs collaborateurs. Comment mobiliser leurs ressources, si on ne sait le faire pour soi-même ?

Le monde de l’entreprise ne peut exclure la dimension spirituelle du management, soit l’état d’esprit, l’ambiance qui règne en soi, et qui contribue à celle des équipes. Il est évident que le dialogue spiritualité et science du management, devient nécessaire.Les enseignements du bouddhisme et du taoïsme, des stoïciens et des grands mystiques sont notamment une source précieuse d’inspiration pour le management et le développement de l’humain. La maîtrise de l’apaisement du mental enseigné par le zen, comme la patience du taoïsme peuvent contribuer à modérer la sur-agitation qui produit plus de stress que de valeur ajoutée!

Alors que nos sociétés s’encombrent et s’épuisent dans l’accumulation, ces philosophies et spiritualités font l’éloge du vide et du minimalisme. A vouloir toujours plus, on développe le gaspillage et l’on inflige à la planète des pollutions et des dégâts parfois irréparables.

La démarche repose fondamentalement sur les principes de simplicité, d’économie et de parcimonie. Françoise Kourilsky montre concrètement que pour faire mieux, il faut chercher à faire moins, en dépassant le rapport de force. Il s’agit d’innover dans nos modes d’interaction avec nous-mêmes comme avec autrui. Les gens échouent, plus qu’on ne le croit, de trop d’efforts mal orientés, inutiles et contre-productifs.

Prendre soin de son état d’esprit consiste à prendre régulièrement du recul pour observer ses pensées, en être le témoin pour bien les gérer, soit les utiliser pour en tirer profit. Vouloir les combattre, revient plutôt à les renforcer. La seule prise de conscience permet de les maîtriser avec rigueur et aussi douceur. Cette vigilance quant à ce qui se passe dans son esprit permet d’éviter de se laisser posséder et gouverner par nos pensées. Elle permet aussi d’éviter d’entrer inutilement dans un rapport de force contre soi-même pour se convaincre que la vie relève surtout d’un combat sans fin !

Il est très important d’intégrer les contradictions plutôt que chercher en vain à les exclure, car le fait de composer avec elles aide à renouveler notre vision et à élever notre réflexion. Là réside la force des philosophies orientales qui peuvent bien nous guider vers le détachement mental, l’enracinement dans le présent. Il nous faut être attentif à ne pas vivre à côté de soi, mais aux côtés de soi et nous serons paradoxalement plus proches des autres.

Prendre soin de son corps est devenue une évidence, n’est-ce pas ? Prendre soin de son état d’esprit devrait devenir une nouvelle exigence pour soi et les autres. Non seulement c’est possible et salutaire, mais encore cela constitue le complément indispensable d’une bonne gestion de soi. C’est aussi un acte d’altruisme et de respect pour ceux qui nous entourent. Le fait d’entretenirson moral est essentiel pour soi, tout autant que pour les personnes qui nous entourent, que l’on dirige ou que l’on anime.

Les manières d’être et de faire d’un manager dépendent largement de son état d’esprit ; ce dernier exerce une influence évidente sur le moral et la motivation des personnes qu’il manage. L’état d’esprit est ce qui fait notre grandeur, notre bonheur, comme notre mesquinerie et notre misère.

Les managers se cantonnent souvent à pratiquer des techniques qui leur ont été enseignées, ici ou là. Savoir créer les conditions pour se rendre créatif, savoir prendre soin de son esprit pour alimenter son enthousiasme et sa confiance sont indispensables pour pouvoir les transmettre à ses équipes. La grandeur de l’être humain est dans ce qu’il rend possible. Ce que l’on recherche à l’extérieur, on peut le chercher et le trouver en soi-même.Il est important de prendre soin de bien s’interroger pour pouvoir s’encourager, encourager ses équipes et leur manifester de l’estime. Tout commence par une gestion écologique de son propre monde intérieur.

Comment faire grandir ses collaborateurs si l’on reste déconnecté de soi, si l’on ne pense pas à se régénérer ? Le management des autres découle avant tout d’un bon management de soi.

Si le management a pour objectif la performance et la production de résultats, le fait de savoir se réjouir et s’apaiser aide à entretenir l’état d’esprit qui les favorise. Comment un manager peut-il encourager et mobiliser ses équipes s’il ne sait pas le faire pour lui-même, comment pourrait-il être crédible ?

Prendre soin de soi, c’est aussi prendre soin de son état d’esprit, de l’ambiance de son monde intérieur. C’est un impératif pour libérer le meilleur de soi-même et contribuer à libérer le meilleur de ses collaborateurs. Les réussites comme les échecs dépendent largement du moral et du mental des personnes ? La peur envahit nos sociétés et nos entreprises, et selon comment on la gère, elle peut engendrer le meilleur comme le pire. Il s’agitde mettre dans un état d’esprit de disciple plutôt que de victime.

La croissance de l’être humain s’effectue moins du bas vers le haut que de l’intérieur vers l’extérieur. Un bon management découle d’un management écologique et respectueux de soi, soit d’une éthique de soi. Au même titre que pour les systèmes naturels, l’écologie concerne aussi les systèmes humains. Dès que l’on heurte l’écologie d’une personne ou d’un système humain, il résiste, car il y a souffrance, celle-ci peut se transformer en blocages, conflits voire violence. Il est urgent de ne pas ignorer l’écologie, notamment, dans les pratiques managériales de soi et des autres. Il s’agit d’appliquer une éthique dans nos modes d’interaction et de management.

De manière matérialiste, on se focalise sur les comportements, de management et de communication, sans prendre en compte que ces derniers découlent de nos pensées et de nos représentations. Il est essentiel d’intégrer la dimension spirituelle du management, pour la raison évidente qu’elle est au coeur de l’être humain. Il a trop longtemps été considéré comme un robot, une machine, un sujet passif … j’entends par spiritualité, le management de son esprit, la dimension immatérielle… qui permet d’engendrer ces moments de dépassement de soi dont chacun a pu faire l’expérience.

Rien n’est plus contagieux que l’état d’esprit, que l’ambiance qui règne dans le monde intérieur de chacun. C’est cela qui fait l’ambiance d’une équipe, voire d’une société. Si Manager comme diriger, c’est aussi se mettre au service des autres, mais cela demande de savoir aussi se mettre au service de soi et de s’aider soi-même. Penser à se réjouir de petites choses, c’est aussi se préparer à transmettre un peu de joie, et comment apaiser ses équipes, sans commencer par s’apaiser soi-même ?

On peut synthétiser les clés du management de soi en trois grands principesà suivre ou lignes de conduite à se donner.

Il s’agit d’une réelle transformation de nos attitudes dans le rapport à soi-même et delà aux autres et à la vie. Le chemin de la réussite est généralement associé à l’effort, au combat, voire à la souffrance, alors qu’il est possible et surtout salutaire d’associer le souci d’éthique et d’élégance du management de soi à la performance.

Ces trois principes de gestion de soi constituent une bonne boussole pour le management humain qui est l’art bien utiliser notre conscience pour mieux se guider.Plus qu’on ne le croit, nous créons de l’impossible avec les points de vue que nous prenons, avec nos choix d’interprétations et avec nos réflexes de raisonnement linéaire et binaire. Il nous faut penser autrement afin d’éviter de nous laisser enfermer dans les impasses et les dilemmes. Pour appréhender la complexité des problèmes auxquels nous nous heurtons, l’approche systémique, centrée sur les interactions, nous apporte un nouveau cadre pour percevoir les réalités. En fait rien n’est simple et figé, car tout interagit et rétroagit.

S’entraîner à sa dissocier, soit à prendre une position « meta » qui consiste un peu à se dédoubler, soit à garder un pied à l’intérieur et mettre l’autre à l’extérieur


Source: L’Expansion




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