Permettez-moi de parler non pas des retraites, puisque tout le monde en parle en ce moment, mais de la retraite : la retraite due à une cessation d’activité, et la retraite des retraitants bouddhistes.
En dehors d’une somme allouée chaque mois, comment voyons-nous notre retraite : à la façon d’une retraite bouddhiste ou comme une retraite qui soit une mise en retrait, sans objectif ?
Quelles sont les similitudes et les différences entre les retraités et les retraitants?
La préparation financière
Les deux se préparent à la retraite financièrement. Une vie entière le travailleur cotise pour sa retraite. Dans la retraite classique de 3 ans, 3 mois et 3 jours, le retraitant doit (avant de commencer) trouver l’argent pour les frais engagés par sa pratique, c’est-à-dire la somme de 3 ans de nourriture, de logement et de frais divers.
La préparation mentale
– Les retraitants se préparent mentalement, puisque cette mise en retrait est le fruit d’une forte volonté de revenir à l’essentiel, et ils savent que ce programme d’introspection et de vigilance va leur remplir les 1190 journées de façon pleine et riche.
– Pour les retraités qui cessent leur activité professionnelle, rares sont ceux qui se sont préparés mentalement à leur retraite. « On verra bien quand on y sera! » Certains en ont peur, d’autres y aspirent.
Mais notre société ne propose pas une préparation psychologique pour les futurs retraités. La coupure se fait du jour au lendemain. Hier, je travaillais, demain je ne travaille plus. Il est étonnant d’observer les nombreux retraités qui s’étaient promis de faire des activités variées. N’ayant plus de structures ni d’objectifs, le quotidien les aspire et ils n’arrivent pas à libérer du temps pour l’essentiel. Leur temps n’a plus la même architecture que dans une vie professionnelle et familiale avec des enfants. A l’âge où nous devrions être plus sage, plus expérimenté, la liberté du temps retrouvé, celle de tous les possibles se dilue bien souvent dans une course sans axe.
Réussir sa retraite
Réussir sa retraite semble plus difficile que de réussir son parcours professionnel. Pourquoi ? Peut-être par manque d’objectif, par paresse, par fatigue ou maladie, par vieillissement pour certains. Mais d’autres, plus prêts mentalement, pourront en extraire le meilleur par sagesse, par expérience.
Un devoir primordial en forme de challenge nous attend : comment respecter le potentiel de vie en nous-mêmes, pour que la retraite ne devienne pas une lente chute dégradante.
Préparer sa retraite, ce n’est pas que cotiser. Une vraie préparation permet de s’entraîner pendant des années pour « capitaliser » de nouvelles attitudes corporelles et mentales, afin de bien vivre. Avec cette base de pratique, la retraite va prendre une trajectoire plus vivante.
Puissent les retraités rentrer comme des retraitants dans leur temps de liberté, comme dans une thébaïde, une oasis de conscience.
Puisse leur retraite, ne pas devenir un repli, mais un temps d’épanouissement de l’esprit et du cœur.
Chaleureusement.
Alain Delaporte-Digard pour www.buddhachannel.tv
Commentaires sont fermés