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Au monastère des nonnes kung-fu

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Au Ladakh, un monastère bouddhiste d’une obédience particulière a pour vocation de rendre les femmes plus instruites et plus émancipées. Y compris par la pratique d’un art très masculin, le kung-fu, relate DNA India.


Tous les matins à 4 heures, les “haiyaaa” et les “houuuuu” perçants des nonnes qui s’entraînent au kung-fu rompent le silence de ce monastère Drukpa, une école du bouddhisme tibétain au Ladakh [dans le nord de l’Inde]. Une centaine de jeunes filles de moins de 25 ans lancent coups de pied et coups de poing dans l’air pur de la montagne. Leur instructeur, un moine vietnamien bourru, aboie des ordres et circule dans les rangs, redressant les jambes, corrigeant les positions.


Le bouddhisme étant plus connu pour sa misogynie et sa volonté de limiter les enseignements donnés aux femmes que pour son acceptation du combat physique, le spectacle présenté par ces jeunes filles est plutôt inhabituel. Les nonnes kung-fu – comme elles sont surnommées – ne sont cependant que la manifestation la plus visible des efforts du chef de l’école Drukpa pour émanciper les femmes.



Migyur Palmo, 20 ans, est au monastère depuis quatre ans. Elle adore le kung-fu et les films de Jackie Chan. “J’ai vu ses films, glousse-t-elle. Je voulais me battre comme lui et apprendre toutes ces techniques hallucinantes. Bien sûr, s’empresse-t-elle d’ajouter, pour nous, le kung-fu c’est juste un exercice, ce n’est pas pour se battre. Ça nous maintient en bonne santé et nous aide à mieux méditer. »


Sa famille lui manque parfois. “Je ne peux pas quitter le monastère plus d’une semaine par an. Mais ma famille disait qu’il était important que chaque famille ait une nonne, une sorte de représentante. »


Ayee Wangmo, 18 ans, une bonne amie de Migyur, s’est enfuie de chez elle pour gagner le monastère après avoir entendu le Gyalwang Drukpa [le chef spirituel de la lignée Drukpa dans le bouddhisme tibétain] faire un discours dans son village. “Ça m’a changée, de l’intérieur, vous voyez ?” Elle a eu le mal du pays pendant toute la première année. “Mes sœurs me manquaient. Je me laissais distraire et mon esprit vagabondait. Mais les autres nonnes m’ont guidée.” Et de conclure : “Venir ici, c’est la meilleure décision que j’aie jamais prise. »


Pour Carrie Lee, la présidente de l’ONG Live to Love, qui travaille avec le Gyalwang Drukpa dans la région du Ladakh, cette école n’a en fait rien de progressiste : elle redonne tout simplement aux femmes le statut qu’elles avaient il y a des siècles. “J’appelle la lignée Drukpa la ‘lignée bouge-ton-cul-et-fais-quelque-chose’, confie-t-elle en riant. Dans le bouddhisme, les religieuses sont en général traitées comme des servantes. En revanche, celles du monastère Drukpa se considèrent comme plus fortes mentalement et physiquement que les hommes. Je me rappelle une fois où les nonnes et les moines faisaient ensemble une randonnée. Les nonnes ont reproché aux moines de les ralentir, en expliquant qu’ils ne travaillaient pas autant qu’elles ! »



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