LES QUATRE VISIONS MAJEURES [[Traduit de l’Anglais par Hélène LE, pour www.buddhachannel.tv ]]
Lorsque le prince eut grandit, le souhait fervent de son père fut que son fils se mariât, fondât une famille, et fut son digne successeur ; car la prédiction du sage Kondañña lui revenait souvent à l’esprit, et il craignait que le prince puisse un jour quitter le foyer pour une vie errante d’ascète. Conformément à la coutume de l’époque, à l’age de seize ans, le prince fut marié à sa cousine, la belle princesse Yasodharâ, unique fille du roi Suppabuddha et de la reine Pamitâ des Koliyas. La princesse était du même âge que le prince.
Son père lui assurait les meilleurs conforts matériels. L’histoire raconte qu’il avait trois palais, un pour chaque saison de l’année indienne. Ne manquant d’aucune joie de la vie terrestre, il vivait dans la chanson et la danse, le luxe et le plaisir, ne connaissant rien du malheur. Pourtant, tous les efforts du père pour retenir son fils prisonnier des sens et du temps, furent vains. Les tentatives du roi Suddhodana pour maintenir les malheurs du monde, loin des yeux interrogateurs de son fils, ne firent qu’alimenter la curiosité du Prince Siddhartha et sa quête résolue de la vérité et de l’Illumination. Avec l’âge et la maturité, le prince commença à entrevoir les souffrances du monde.
Un jour, alors que le prince s’en allait jusqu’aux jardins royaux accompagné de son cocher Channa, il vit à son grand étonnement ce que ses yeux n’avaient jamais vu auparavant : un homme affaibli par l’âge, et à la dernière étape de la vieillesse, s’exclamant d’une voix plaintive :
« Aidez-moi maître ! Redressez moi; oh aidez moi ! Ou je mourrai avant d’atteindre ma maison ! » n5
Ce fut le premier choc que le prince reçut. Le second fut la vue d’un homme, dont la peau et les os étaient extrêmement malheureux et désolés, « frappé d’une sorte de peste. La vigueur a fui la chair, les reins, et le cou, et toute la grâce et la joie de l’humanité se sont envolées. » n6 Lors d’une troisième occasion il vit des membres d’une famille portant sur leurs épaules le corps d’un bien-aimé pour la crémation. Ces signes sordides, vus pour la première fois dans sa vie, le touchèrent profondément. Il apprit de son cocher, que lui-même, ainsi que sa bien-aimée Princesse Yasodharâ, ainsi que tous leurs amis et parents, sans exception, étaient sujets de l’âge, la maladie, et la mort.
Peu après, le prince vit un reclus s’avançant à pas mesuré, le regard tourné vers le sol, calme et serein, distant et indépendant. Il fut frappé par la mine sereine de l’homme. Il apprit de Channa que ce reclus était l’un de ceux qui avaient abandonné leur foyer afin de vivre une vie de pureté, pour rechercher la vérité et répondre à l’énigme de la vie. Des idées de renonciation vinrent soudainement à l’esprit du prince et il s’en retourna chez lui dans une profonde contemplation. Le battement de cœur d’une humanité agonisante et vaine trouva un écho sensible dans son propre cœur. Plus il entra en contact avec le monde par delà les murs de son palais, plus il fut convaincu que le monde manquait de bonheur véritable. Mais avant d’atteindre le palais, un messager vint à lui avec la nouvelle qu’un fils était né à Yasodharâ. « Je suis enchaîné », prononça le prince. Et il s’en retourna à son palais.
Par Vénérable Piyadassi Thera
Source : www.Buddhanet.net