En fait de festival végétarien, il s’agit plutôt d’un cortège étrange et bizarre qui n’a finalement qu’un rapport mesuré avec la doctrine végétarienne.
Cet événement se déroule traditionnellement au mois d’octobre durant neuf jours. Il est vrai que les participants au Phuket Vegetarian Festival (dont le slogan est « Observe les commandements et abstiens-toi de toute viande ») limitent leur régime alimentaire aux végétaux. Mais la raison d’être et la renommée du festival tiennent plutôt dans la procession de rue qui démarre au début des neuf jours. Aujourd’hui, ce défilé ressemble plus à un carnaval qu’à un rite religieux.
A cause des spectacles bizarres qui accompagnent tout le festival, il est difficile pour un non averti de discerner la dimension spirituelle qui se cache derrière cet événement bruyant et spectaculaire. D’ailleurs, un peu étonné par le déroulement, certains journalistes étrangers n’hésitent pas à comparer le festival végétarien de Phuket aux fanatiques Philippins qui s’auto-flagellent en public ou aux bacchanales du festival brésilien.
La parade carnavalesque, qui commence à cinq heures du matin, capte toute l’attention des nombreux touristes et des autochtones. Les touristes sont moins attirés par les aspects culturels ou religieux que par le grand frisson que leur offre le spectacle, parfois sanglant. Les participants au défilé se percent le corps, la langue ou les joues avec des crochets, des épées et toutes sortes d’objets pointus, ils traversent à pieds nus des brasiers incandescents et montent sur des échelles aux marches tranchantes.
Tout ceci se passe dans une atmosphère étrange qui n’est pas sans rappeler les rites et spectacles de magie noire. La seule différence est qu’ici on ne fait pas semblant. Ils semblent ne pas ressentir de douleur alors qu’ils meurtrissent leur corps et ceci reste énigmatique et rend ce festival très attractif.
Mais le festival végétarien de Phuket est tout sauf un carnaval. Il s’agit bien d’un rite ancien et d’une dévotion religieuse. Ce rite prend ses racines voici plus de deux cents ans lorsqu’un groupe d’acteurs de théâtre chinois fit une étape sur l’île. Par coïncidence, une épidémie (probablement de peste) infesta la région au même moment. L’épidémie faisait rage et les gens mouraient par centaines. Dans leur détresse, les insulaires demandèrent à ce groupe d’interprètes de jouer un rituel chinois antique censé écarter la peste. Mais comme ils n’avaient avec eux aucun prêtre connaissant les rituels antiques, ils envoyèrent certains d’entre eux en Chine pour réapprendre rapidement ces connaissances antiques. A leur retour à Phuket, ils procédèrent aux incantations apprises et l’épidémie disparue…
Depuis cette époque de grâce, la communauté chinoise célèbre annuellement l’événement en s’abstenant de manger de la viande, de boire de l’alcool et de s’adonner aux plaisirs du sexe. A l’approche de la date du festival, les participants jeûnent pendant plusieurs semaines pour nettoyer leurs esprits et leurs corps. Ils ne doivent pas dire de mensonges et ne doivent pas penser à des choses futiles. Les dix commandements des participants au festival sont :
1. S’abstenir de tuer des animaux.
2. S’abstenir de manger toute espèce de viande.
3. S’abstenir de voler et de détourner des fonds.
4. S’abstenir de nuire à d’autres physiquement ou mentalement.
5. S’abstenir de mentir, d’utiliser un langage obscène ou de dire des jurons.
6. S’abstenir de toucher des personnes de sexe opposé et de flirter.
7. S’abstenir de prendre des boissons alcoolisées ou de la drogue.
8. S’abstenir de participer à des jeux d’argent.
9. S’abstenir de porter des ornements et bijoux.
10. S’abstenir de fréquenter ou partager un repas avec des personnes qui n’observent pas ces commandements.
Pendant le festival, ils sont alors prêts à devenir possédés par les neuf dieux « Empereurs ». Afin d’appeler les esprits, les participants aux cortèges se rassemblent devant leur temple respectif dès l’aube. Le bruit et les odeurs sont les éléments essentiels dans cette étape. Les tambours et les cloches des temples sont battus à tout rompre et les bâtons de bois de santal brûlent par milliers. Des centaines de bougies sont allumées sur les autels, illuminant les nombreuses statues saintes dépeignant les dieux, les empereurs chinois, Buddha et les animaux légendaires et mythologiques. Pendant le cortège, les participants s’adonnent à des performances « magiques » qui consistent en autant d’actes dangereux pour eux-mêmes et qui sont incités par des prêtres et des médiums. Ces rites religieux sont originaires de la religion Taoïste et non du Bouddhisme.
Pendant le festival, la ville entière de Phuket s’imprègne d’une ambiance de piété et d’étrangeté, une coupure radicale et régénératrice des mondanités habituelles de cette destination de vacances.
Curry rouge de légumes (Khaeng Phak)
Les ingrédients
– 200 gr. de pousses de bambou égouttées et coupées en bâtonnets.
– 50 cl. de lait de coco
– 12,5 cl d’eau.
– 2 cuillérées à soupe de pâte de curry rouge.
– 1 oignon moyen haché.
– 4 feuilles de bergamote (lime kaffir).
– 2 pommes de terre moyennes grossièrement coupées.
– 200 gr. de potiron grossièrement coupé.
– 150 gr. de haricots verts coupés en morceaux
– 1 poivron rouge coupé en morceaux.
– 3 petites (ou 1 grande) courgettes coupées en morceaux.
– 1 bouquet de basilic doux (horapa) haché.
– 2 cuillérées à soupe de sauce de poisson.
– 2 cuillérées à soupe de jus de citron vert.
– 3 cuillérées à café de cassonade.
La recette
– Dans un wok mélanger le lait de coco, l’eau et la pâte de curry rouge.
– Porter à ébullition en mélangeant de temps à autre.
– Ajouter l’oignon et les feuilles de bergamote et laisser bouillir 3 minutes.
– Ajouter la pomme de terre et le potiron, et laisser cuire 8 minutes à feu moyen.
– Ajouter les haricots, le poivron, et les courgettes, laisser mijoter encore 5 minutes.
– Ajouter un peu d’eau si le curry est trop épais.
– Ajouter les pousses de bambou et le basilic.
– Assaisonner avec le jus de citron vert, la sauce de poisson et la cassonade.
– Servir avec du riz thaï parfumé.
– users.skynet.be/saveurs_thailandaises
Philippe Ciselet
Source : www.gavroche-thailande.com