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Joie Suprême

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Maître Tchouang était originaire de l’Etat de Song ( Province actuelle de Ho-nan en Chine). Son nom personnel était Tcheou.

Il aurait vécu, dit-on, de 369 Avant J C à 286 Avant J C.

Lettré réputé, il ne fut que fonctionnaire subalterne chargé de superviser la fabrication de la laque.

Ayant méprisé toute fonction publique, charge officielle, ou activité d’enrichissement, comme entrave à sa liberté, il vécut dans l’obscurité qu’il avait voulue et ne suivit jamais que l’élan de son coeur.

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Y a t il dans le monde une Joie Suprême qui puisse faire vivre la personne?

Pour cela sur quoi s’appuyer? Qu’éviter? Qu’adopter? De quoi s’approcher? De quoi s’écarter? Qu’aimer? Que détester?

Ce que « tout le monde » respecte, recherche, ce sont les richesses; honneurs, longévité, excellence.

Ce dont « tout le monde » fait sa joie ce sont: bien-être corporel, bonne chère, beaux vêtements, couleurs et musiques agréables.

Ce dont « tout le monde » souffre ce sont les privations de tout cela.

Ce que « tout le monde » méprise ce sont: mauvaise réputation, pauvreté, obscurité, mort prématurée.

Qui n’obtient pas toutes ces bonnes choses s’afflige et s’inquiète…, il va les rechercher éperdument….

Mais cette attitude est stupide, elle ne conduit à rien de bon, pas même pour le bien-être du corps.

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Le « riche » se fatigue, travaille intensément, amasse plus qu’il ne peut dépenser.

Ses actes restent extérieurs au vrai bien-être du corps.

Jour et nuit le « haut dignitaire » ne pense qu’à conserver son office et pense et repense à ce qu’il fait de bien ou de mal aux yeux du Prince.

Ses actes restent extérieurs au vrai bien-être du corps.
……..

Quand je considère ce pour quoi, aujourd’hui, le vulgaire agit et ce dont il fait sa joie….je ne sais si cette joie est… une vraie joie!

Ce dont « tout le monde » fait sa joie, ce vers quoi la plupart des hommes s’agitent, vers quoi ils s’empressent tout droit, comme s’ils ne pouvaient faire autrement, « tout le monde » l’appelle joie….

Y a t il là joie ou non?

Dans le non-agir, selon moi, réside la vraie Joie…, mais…

« tout le monde » la considère comme…la plus grande Souffrance !

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Ainsi a dit Lao-Tan :

« Joie suprême est sans joie; Gloire suprême est sans gloire » .

Le vrai et le faux, ici-bas ne sauraient être définis mais le Non-Agir (Vacuité) permet seul de déterminer vrai et faux.

La Joie Suprême seule fait vivre, seul le Non-Agir conserve l’existence vraie.

Qu’on me permette d’essayer de m’expliquer:

Le Ciel n’agit pas d’où sa limpidité;

La Terre n’agit pas, d’où sa stabilité.

Ainsi les deux s’accordent pour ne pas agir et , cependant, par eux toutes choses se transforment et se produisent.

Fuyants, inaccessibles, rien ne surgit d’eux qui soit sensible et, cependant, ils donnent naissance à tous les êtres, chacun à son rang et place.

Ainsi est-il dit :

« le Ciel et la Terre ne font rien et il n’y a rien qu’ils ne fassent… »

Mais qui, parmi les hommes, est capable de ne pas faire ?

Tchouang Tseu :

Oeuvre complète, Trad. Liou Kia-hway 1980 , Chap. XVIII,

« Philosophes Taoïstes » Ed Gallimard Paris. Coll.Pléiade.

Extraits choisis.




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