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Cérémonie des moines tibétains du monastère de Nechung, 14e Festival de l’Imaginaire

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Le bouddhisme tibétain appartient à la tradition Mahâyâna ou Grand Véhicule, qui prône l’idéal du bodhisattva, de celui qui est assez brave pour oeuvrer pour le salut universel en renonçant à sa propre libération, sans désir de mérite personnel.

Chenrezig, bodhisattva de l’amour et de la compassion, est la divinité tutélaire du Tibet et occupe aujourd’hui, après le Bouddha, la place la plus importante dans le coeur des Tibétains.

Le monastère de Nechung a été reconstruit par des moines tibétains en exil à Dharamsala, dans le nord de l’Inde, sur les contreforts de l’Himalaya. Siège de l’oracle d’État consulté par le Dalaï Lama, le monastère connaît une très grande affluence les jours où le Kuten, ou médium, entre en transe et que la voix de Dorjé Dragden, parle à travers lui, répondant aux questions qui lui sont posées.

Après leur formation classique, les moines de Nechung doivent choisir entre deux voies « artistiques » : sungzang, dans laquelle ils apprennent les chants la musique et les rituels, ou chöshang, dans laquelle ils se spécialisent dans la réalisation des mandalas, peintures et dessins. Outre le talent, la formation musicale requiert une bonne mémoire, car il faut retenir les textes, mélodies et rythmes des instruments. Le placement de la voix fait aussi partie de cet apprentissage, de même que les techniques de souffle continu pour certains instruments à vent.

Réunis dans l’espace du temple, les moines entonnent chants, récitations et prières à l’occasion de diverses cérémonies, ou, tout simplement, pour prier et méditer. Beaucoup de ces prières sont adressées à Chenrezig. Les chants sont une méditation, une prière, mais aussi une pratique et une discipline pour celui qui s’engage dans la voie du Bouddha et cherche à atteindre l’illumination. En méditant sur le vide seul, on n’atteindra pas l’illumination. Et en méditant seulement sur la compassion, on ne dépassera pas le monde d’ici-bas. Les deux voies du vide et de la compassion sont donc inséparables.

Les chants sont parole, verbe. La parole est le mantra, elle protège l’esprit en l’empêchant de s’égarer dans les fictions habituelles. Visualiser le verbe d’une divinité c’est comme visualiser son corps. Grâce à la pratique répétée de la récitation et au fur et à mesure que l’obscurité en l’être s’amenuise, le mantra se transforme en divinité et le récitant peut alors « voir » cette divinité.

D’une grande beauté, les instruments à vent et à percussion, toujours en nombre pair, renforcent le caractère dramaturgique des rituels et cérémonies de prières. Les appels saisissants des grandes trompes en bronze dung chen, qui mesurent un peu plus de deux mètres, introduisent les longues notes filées des hautbois gyaling ou des dbang dung, ces petites trompes de cuivre dont la sonorité rappelle qu’elles étaient autrefois façonnées dans des fémurs humains (rkang dung). Tambours sur cadre nga, cymbales, cloches drilbu ou petits tambours damaru marquent le temps.

Mais rien n’égale le rythme, répétitif, cyclique et la beauté des voix des moines qui saisit l’auditeur et l’emporte dans un voyage vers lui-même, vers le monde.

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