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Quelle est la nature de la Voie ?

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Quelle est la nature de la Voie ?

C’est la question posée par Jōshū à Maître Nansen

Zhàozhōu Cōngshěn, 778–897 ; en Japonais Jōshū Jūshin disciple de Maître Nansen : Nanquan Pǔyuàn, 748-835; en Japonais : Nansen Fugan ; lui-même disciple et successeur de Mǎzǔ Daoyi, 709 – 788; en Japonais : Baso Do-ITSU.

Un moine posa cette question à Maître Nansen :

‒ Maitre, s’il vous plait, voulez-vous bien me dire s’il existe des enseignements qu’aucun maître n’a jamais donnés ?

Réponse de Maître Nansen : « Oui, il y a ».

Le moine continua

‒ Voulez-vous bien me dire qu’est-ce que c’est ? »

‒ Il n’y a pas de Bouddha. Ce n’est pas les choses. Ce n’est pas la pensée.

Jōshū est célèbre pour ses actions surprenantes et insolites. Ses historiens considèrent qu’il est le plus grand maître Chan de la dynastie Tang de Chine. Il forma des disciples, mais sa lignée n’a pas survécu aux nombreuses guerres et diverses tentatives d’anéantissement du bouddhisme en Chine. Sa mémoire se perd au-delà de l’an 1000 parce que les moines deviennent clandestins ou sont massacrés. Néanmoins, l’indestructibilité du Dharma nous restitue intact la saveur de leurs dialogues qui de bouches à oreille se sont faufilés. Ils tissent une trame dont le fil est bien plus résistant que tous les tissages des horreurs humaines victimes des cinq poisons.

L’histoire dit qu’il est âgé de 18 ans lorsqu’il a ce dialogue avec Nansen. Il en reçoit son premier éveil, mais il restera auprès de Nansen pour le servir jusqu’à sa mort en 788. Joshu a 62 ans (d’autres disent 60 ans) et il voyagera encore vingt années pour écouter les enseignements d’autres Maîtres du Zen avant de s’établir à Guānyīnyuàn.

C’est un jour ou un soir que le jeune Jōshū demande un entretien privé à Maître Nansen, comme c’est l’usage, et il lui pose la grande question :

‒ Quelle est la Nature de la Voie ?

‒ La vie quotidienne est la voie, est la réponse de Maître Nansen

Jōshū continua :

‒ Est-il possible de l’étudier ?

‒ Si tu commence de l’étudier, l’Univers tout entier t’en sépare.

‒ Si je ne suis pas instruit, comment connaître la Nature de la Voie ?

Maître Nansen eut la bonté de lui dire :

‒ La voie est insaisissable pour la conscience ordinaire, personne ne peut l’appréhender, ni la deviner. L’idée même de connaissance ou de non-connaissance est semblable aux jeux des nuages dans un ciel nocturne où la Lune se cache et se dévoile. Si ton souhait est d’atteindre l’authentique voie où tous les doutes se désagrègent : sois comme le ciel, dans cette même présence. De ce ciel, impossible de dire quelle est la Nature de la Voie.

Et la fleur de son éveil a surgi, mais ce n’est que des années plus tard qu’elle ouvrira sa corolle pour donner son parfum. Maître Jōshū a 80 ans lorsqu’il s’établit à Guānyīnyuàn, dans un temple en ruines du nord de la Chine. Pendant les quarante années avant qu’il ne meurt à presque 120 ans, il donnera ses enseignements aux moines qui souhaitèrent les recevoir de lui.

A la grande question qui lui fut posé par un moine : « Est-ce que le chien a la nature du Bouddha » ? Ou bien : « Est-ce que le chien n’a pas la nature du Bouddha » ? Maître Jōshū donna aux deux questions une seule réponse : « MU ».
Sur ce « MU », des livres ont été écrit…..demandez à Maître Jōshū quel est le sujet de ces ouvrages : il vous dira : « MU » qui est traduit par RIEN.

Un autre jour, Maître Jōshū demanda à un moine qui venait pour la première fois entendre ses enseignements :

‒ Je vous ai déjà vu ici ?

Le moine lui répondit:

‒ Non, monsieur, vous ne m’avez pas déjà vu, je viens seulement d’arriver.

‒ Alors, prenez une tasse de thé.

Et il se tourna vers un autre moine pour lui demander :

‒ Je vous ai déjà vu ici ?

Le second moine répondit :

‒ Oui, monsieur, vous m’avez déjà vu ici.

‒ Alors, prenez une tasse de thé.

Plus tard dans la soirée, le moine qui avait la charge de la gestion du monastère demanda à Maître Jōshū :

‒ Comment est-il possible de dire : « Alors, prenez une tasse de thé », quelle que soit la question qui vous est posée ?

Jōshū hurla: « Régent, vous êtes encore là? »

‒ Oui je suis là, Maître!

‒ Alors, prenez une tasse de thé.

Un jeune novice approcha Maître Jōshū impatient de lui poser sa question :

‒ Je viens juste d’arriver ici : Maître voulez-vous s’il vous plaît m’apprendre le premier principe du Zen?

Réponse de Maître Jōshū :

‒ Avez-vous mangé votre soupe? »

‒ Oui Maître, je l’ai mangé.

‒ Maintenant allez laver votre bol.

Un autre jour un moine demanda au vieux Maître Jōshū:

‒ Vous enseignez que nous devons vider notre mental. Comme je n’ai rien dans mon mental, maintenant, que dois-je faire?

Maître Jōshū fusa :

‒ Jetez-le!

‒ Mais, puisque je n’ai rien. Comment le jeter ?

‒ Si vous ne pouvez pas le jeter : portez-le! Sortez-le! Videz-le! Mais ne restez pas en face de moi avec ce rien dans la tête!

En illustration une Calligraphie du Maitre Chaman Joska Soós, qu’il nomma : Nous sommes de quelque part d’ailleurs (2003)

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