11/03/2012
Ishinomaki, envoyé spécial – De la digue de 4 m à l’embouchure du large fleuve Kitakami, la mer scintillante sous le soleil est magnifique. Mais, en se retournant, on ne voit qu’un paysage de désastre : un bâtiment éventré jusqu’au toit à une quinzaine de mètres de hauteur, des pans de mur déchiquetés, des escaliers de fer tordus. C’était l’annexe de la mairie d’Ishinomaki dans la commune de Kitakami.
Parmi ceux dont les restes ont été retrouvés, des centaines n’ont pas été réclamées par un parent : vraisemblablement, toute une famille a disparu. Les urnes funéraires reposent, parfois anonymes, dans des temples bouddhiques. Au Japon, le bouddhisme est « gestionnaire » de la mort, alors que le culte shinto (animisme et religion première) célèbre les forces de vie.
Le riche imaginaire du fantastique nippon n’est pas étranger à l’influence du bouddhisme. Dans ses transmigrations, le mort ne peut trouver le repos si des rites appropriés n’ont pas été respectés. C’est le cas des trépassés décédés dans des conditions anormales ou de mort violente. Ils n’appartiennent plus au monde des vivants, mais ne parviennent pas à s’en détacher dans leur quête pathétique d’une sépulture. Cet état est source de tourments pour les vivants, car l’esprit errant du défunt revient les hanter.
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