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La non-violence du Dalaï Lama cède la place à une jeunesse tibétaine prête à en découdre

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Les Tibétains fêtent ce mercredi leur du nouvel an. Pour eux, la stratégie de non-violence du Dalaï Lama est un échec. Sans renier leur chef spirituel, une frange de la jeunesse prend le relais de cette figure symbolique qui n’aspire plus qu’au repos.

La voix du Dalaï Lama semble se faire de moins en moins entendre au milieu des cris de colère.
La voix du Dalaï Lama semble se faire de moins en moins entendre au milieu des cris de colère.

Atlantico : Les Tibétains en exil continuent de s’insurger contre les persécutions des Chinois. La voix du Dalaï Lama semble se faire de moins en moins entendre au milieu des cris de colère. Qui sont ces Tibétains qui ne croient plus à la médiation pacifique ?

Raphaël Liogier : Il y a de nouvelles générations de Tibétains qui, comme beaucoup de jeunes de par le monde, se font plus virulents et espèrent une lutte plus frontale avec le pouvoir chinois. Cette volonté de résistance n’est pourtant pas antinomique avec une véritable légitimité du Dalaï Lama. Ces Tibétains en colère continuent d’avoir confiance en leur leader spirituel mais pour eux, la non-violence a fait son temps et a finalement prouvé ses limites face à Pékin. Il ne faut pas non plus oublier que le peuple tibétain est un peuple pacifique du fait du bouddhisme mais qu’il a également une grande histoire guerrière. Au fil des siècles, il s’est retrouvé à plusieurs reprises dans la résistance face à l’envahisseur chinois mais aussi parfois dans la conquête d’une partie de la Chine.

Cette opposition plus dure a commencé à se manifester à la fin des années 1980. Suite aux barbaries et aux tueries qui ont ravagé le Tibet à l’époque même où survenaient les évènements de la place Tien’anmen, ils auraient espéré une réaction ferme de la part de leur chef. Le Dalaï Lama, lui, a maintenu sa volonté de tenter encore et encore d’améliorer les rapports avec Pékin.

Le renversement d’équilibre a eu lieu en 2008 avec les Jeux Olympiques. La nouvelle génération n’était pas encore convaincue qu’il fallait un face à face et pensait, pleine d’espoir que les Chinois allaient saisir cette occasion historique pour une véritable négociation et un véritable apaisement des relations puisque toutes les caméras du monde étaient braquées sur eux. C’est pourtant exactement le contraire qu’il s’est passé : les Chinois se sont cabrés, sont devenus très maladroits vis-à-vis des médias occidentaux et les micro-révoltes au Tibet ont été réprimées dans la violence et dans le sang.

Ce mouvement risque pourtant de ne pas avoir la moindre portée. Comme l’a souvent répété le Dalaï Lama, sa posture n’est pas seulement le fait d’une volonté bouddhique de non-violence. C’est tout simplement la seule voie possible pour la simple raison que le rapport des forces est parfaitement inégal : que peuvent faire 7 millions de Tibétains face à 1,5 milliards de Chinois ? C’est là une autre caractéristique du bouddhisme : le pragmatisme.

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