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vén. Shinjin — L’Abhi fait le Dharma !!

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L’Abhidharma est, comme son nom ne l’indique pas, ce qui est relatif à l’étude de la Loi, c’est à dire en fait les commentaires sur la doctrine ou Sastras. Abhi signifiant: vers – en direction de – sur / Dharma voulant dire Loi – Enseignement. Après l’entrée au Paranirvanâ du Bouddha, commencèrent ces sempiternelles joutes qui revêtirent une forme de guéguerre de succession, entravant, ainsi le long fleuve tranquille de la Transmission, d’écueils et de rapides dialectiques et rhétoriques à souhait, voire à excès.

Photo : www.schoyencollection.com
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En effet, un an après la Transition du Bouddha, se tint le premier concile bouddhique à la « grotte aux sept feuilles » ou Saptaparnuguha, regroupant les membres du Sangha à savoir les quelques cinq cent moines plus les grands disciples dont Mâhâkasypa, Ananda, Upâli… L’écriture n’étant pas encore existante, tout ce qui y fut dit comme les paroles mêmes du Bouddha, en l’absence de toute sténo-dactylo(!), furent donc transmis par oral prouvant ainsi la mémoire phénoménale des premiers disciples, dont en particulier Ananda. Une anecdote voudrait qu’il y récita le contenu de plus de 6’000 volumes, à ce qu’il en fut rapporté. Cela conforterait la théorie selon laquelle tous les grands écrits sacrés sont postérieurs à leurs énonciateurs originels.

Après ce premier concile, des schismes multiples et répétés intervinrent pendant les siècles suivants, donnant ainsi naissance à diverses écoles au sein du Hinayana se scindant en Théravada et Mâhâsamghika ou grande Sangha. Ceci montre, en effet, que la difficulté de la succession ne date pas d’aujourd’hui et concerne un peu toutes les écoles; ce processus fit que la majorité des écoles, s’adonnèrent à leur interprétation systématique et respective des soutrâs et le résultat de leurs cogitations furent réunis dans un des nombreux compendium constitutifs de l’Abhidharma.

Lors du deuxième concile de Vaisalî, groupant plus de 700 moines, les questions portèrent autour des Dix préceptes (certains ne parlent que de cinq) énoncés lors du premier concile. Ces préceptes, leur énoncé, leur application furent mis, par la suite, en doute par Vimâlakirti. Celui-ci se posa ainsi en grand réformateur ainsi qu’en rupteur entre les Anciens et Théravadins et les réformateurs, entérinant le schisme suprême entre Théravada et le futur Mâhâyana. Notons au passage, le rôle prééminent de Kâtyâyaniputra au IIè s. av. J.-C., auteur d’un recueil très célèbre, base de développement de la pensée Sarvastivâda et des travaux ultérieurs qui en découlèrent.

Il nous faut faire un grand saut de quelques siècles pour arriver à Vasubandhu, qu’on pourrait dénommer le « Père de l’Abhidharma », tant son travail peut être considéré comme l’apogée de toute la littérature consacrée jusqu’alors à cette étude. Il ne s’est pas seulement limité à l’examen complet des doctrines Sarvastivâdas, mais s’est aussi penché sur les interprétations de nombreuses autres écoles. Signalons que l’école Théravada se réfère à une collection de sept oeuvres en pâli constituant leur Abhidharma. Ce qui montre en fait la complexité de la répertoriation des Abhidharmas, selon les traditions, les écoles et les pays. La majeure partie de ces ouvrages n’existent pas dans leur version originale en sanscrit, mais nous été révélées, par le biais de leur traduction, en chinois ancien.

Dans l’article du N° 6 de Sadhanâ  » Transmission et/ou interprétation » l’auteur avait évoqué certaines des écoles majeures issues de la pensée bouddhique dont celle Sarvastivâdins (ceux qui exposent le point de vue que tout existe et qui développèrent l’Abhidharma plus que toute autre école Hinayana). Cette école donna naissance à neuf autres et s’opposa parmi les différentes écoles hinayanistes à celle Sautrantika (les tenants du discours) probablement instigatrice du Mâhâyana et de l’enseignement Madhyamika (voie du Milieu). Dans ces nombreuses scissions successives entre les écoles, on peut dénombrer 11 théravadines et 9 Mâhâsamghika à l’intérieur même du Hinayana, parmi lesquelles Sthaviras, qui resta fidèle au pâli à l’encontre de certaines autres se tournant progressivement ou subitement vers le Mâhâyana et le sanscrit.

Nous en nommons ici quelques unes dont les maîtres les plus connus, ici mentionnés, écrivirent centaines de commentaires explicatifs sur la pensée et les paroles du Bouddha telles que:
École de la Non-substantialité / Madhyamika ou principe de la Voie du Mileu – Madhyamika : Nagarjuna (commentateur des Prajñâ Soutrâs ou Soutrâs de la Sagesse), Aryadeva, Bhavaviveka, Chandrakirti, Kamalasila, Shantideva
École Rien-que-conscience – Yogachâra/Vijnânavâda/Cittamatra: Asanga – Buddhagosha – Dharmapâla – Digñaga – Sthiramati – Vasubandhu…
École Prasangika ou des conséquentialistes: Buddhapâlita
École Svatantrika ou des autonomes: Bhâvaviveka,

En fait, l’Abhidharma se révèle être le remède contre les vues erronées afin de clarifier la vraie nature du Dharma. Dharma qu’il tente d’expliquer, de commenter; de l’étude des diverses écoles, peut surgir alors des lignes conductrices. Mais, le meilleur Abhidharma, c’est aussi celui que vous vivez quotidiennement.

Conclusion : Si la Bible ne fait pas le moine, par contre l’Abhi (fait le) Dharma…

on ne pouvait pas le rater!


vén. Shinjin pour www.bouddha.ch

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