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Prix Nobel : le dalaï-lama critique l’attitude de Pékin

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11.10.2010

Le dalaï lama, lors de sa rencontre avec les députés et sénateurs français. Il a accusé la Chine de violer la trêve olympique au Tibet.
Le dalaï lama, lors de sa rencontre avec les députés et sénateurs français. Il a accusé la Chine de violer la trêve olympique au Tibet.

Le Dalaï-Lama, qui ne s’était pas exprimé jusqu’ici sur l’attribution du prix Nobel de la paix au dissident chinois Liu Xiaobo, a réagi, lundi 11 octobre, en critiquant l’attitude du gouvernement chinois. Selon l’agence de presse japonaise Kyodo News, le leader spirituel tibétain a déclaré que le gouvernement chinois « ne respectait pas les opinions différentes de la sienne » et qu’il « devait changer ». Le dalaï-lama a lui-même reçu le prix Nobel de la paix en 1989 et est régulièrement critiqué par les autorités chinoises.

Aller vers une société ouverte et transparente est « la seule solution pour sauver tout le peuple de Chine », mais certains « tenants d’une ligne dure » parmi les autorités sont bloqués dans une « façon de penser rétrograde », a-t-il ajouté depuis l’aéroport de Tokyo.

Les critiques du dalaï-lama sont les dernières en date après l’attribution du Nobel de la paix à Liu Xiaobo. Les pays occidentaux se sont félicités de ce prix, appelant à la libération du dissident qui purge actuellement une peine de onze ans de prison. Pékin avait qualifié le choix du comité Nobel d' »obscène », selon une traduction largement reprise par la presse occidentale.

Lundi, la presse officielle chinoise a continué à railler la récompense, estimant qu’elle traduisait avant tout l’inquiétude des pays occidentaux face à la puissance croissante de la Chine. « L’attribution du prix Nobel de la paix au ‘dissident’ Liu Xiaobo n’est rien d’autre qu’une expression supplémentaire de ces préjugés, derrière lesquels se cache la crainte extraordinaire que leur inspire l’essor de la Chine et du modèle chinois », écrit le Global Times. « Cette espèce de prix Nobel de la paix ne vaut pas mieux qu’un torchon », ajoute Ta Kung Pao, un journal de Hongkong mais contrôlé par la Chine.

« AIDEZ-MOI À COMMUNIQUER »

A Pékin, l’épouse de Liu Xiaobo a confirmé être assignée à résidence à Pékin, sans pouvoir être jointe par téléphone, dans un court message transmis par Twitter. « Mes amis, je suis de retour à la maison. Le 8 [octobre], j’ai été placée en résidence surveillée. J’ignore quand je serai en mesure de voir qui que ce soit », a écrit Liu Xia, dimanche soir. L’assignation à résidence de Liu Xia avait été déjà annoncée dimanche par l’organisation américaine de défense des droits de l’homme Freedom Now.
Mon téléphone portable est hors d’usage et je ne peux ni recevoir ni donner des appels », a ajouté Mme Liu, qui faisait l’objet d’une surveillance policière rapprochée ces dernières semaines. Elle a précisé avoir rendu visite à son mari, incarcéré dans une prison dans le nord-est de la Chine, pour lui annoncer qu’il s’était vu décerner le Nobel de la paix. Selon l’ONG Human Rights in China, située à New York, « des agents de la sûreté de l’Etat empêchent Liu Xia d’entrer en contact avec les médias et ses amis. On lui a dit que si elle souhaitait quitter son domicile, elle ne pourrait se déplacer que sous escorte dans un véhicule de police ».

« CE PRIX EST DÉDIÉ AUX ÂMES PERDUES DU 4 JUIN »

« J’ai vu Xiaobo, et je lui ai dit le 9 [octobre] dans sa prison qu’il avait remporté le prix. Je vous en dirai davantage plus tard. S’il vous plaît, qui que vous soyez, aidez-moi à communiquer grâce à Twitter. Merci », poursuivait le message. La police interdisait lundi aux journalistes d’approcher le domicile de Liu Xia à Pékin. Le correspondant du journal canadien The Globe and Mail a mis en ligne des photographies montrant un attroupement de journalistes et de policiers devant le domicile de Mme Liu.

Liu Xiaobo, 54 ans, purge une peine de onze ans de prison après avoir été l’un des auteurs de la Charte 08, un texte qui réclamait une Chine démocratique. Selon Human Rights in China, Liu a dédié son prix Nobel aux victimes de la place Tiananmen de Pékin, où un mouvement déclenché par des étudiants en 1989 avait été réprimé par les autorités chinoises. « Ce prix est dédié aux âmes perdues du 4 juin », a-t-il dit. Lui-même avait pris part au mouvement et tenté de jouer les médiateurs entre les autorités et les étudiants.


Source : www.lemonde.fr (avec AFP et Reuters )

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