Accueil Enseignements Articles et conférences Philippe Coupey Reiryu. Qu’est-ce-que Bouddha ? (2/2)

Philippe Coupey Reiryu. Qu’est-ce-que Bouddha ? (2/2)

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«Ne rien rechercher»

La Voie n’a pas à être divisée ne serait-ce qu’un instant.

Si elle est séparée, ce n’est pas la véritable Voie, aussi ne faut-il pas hésiter.

Considérez un moment la phrase prononcée par Hyakujo sur le chemin du dojo.

Quand il a appelé : « Qui êtes-vous ? » tout le monde s’est retourné.

chodo-lavoiedeloiseau2.jpgBien que cela puisse apparaître abstrait, ce poème, comme la plupart des autres de Daichi , parle directement à notre esprit et à ce qui se passe dans notre esprit pendant zazen. C’est l’esprit qui ne doit pas être séparé. Et pour la phrase « Qui êtes-vous ? » ce n’est pas différent.

Ne faites pas de séparation


Ainsi la phrase « Qui êtes-vous ? » n’aura plus aucune signification.
Je reprends le poème 102. Jusqu’à présent, j’ai commenté 101 poèmes… Cela m’a pris environ quatre ans.
102 : « Mushotoku. Ne rien rechercher. »
La Voie n’a pas à être divisée ne serait-ce qu’un instant.
Si elle est séparée, ce n’est pas la véritable Voie, aussi ne faut-il pas hésiter.
Considérez un moment la phrase prononcée par Hyakujo sur le chemin du dojo.
Quand il a appelé : «Qui êtes-vous ?» tout le monde s’est retourné.

Hier, j’ai expliqué en détail le titre, qui fait allusion directe au jeune Sekito avant qu’il soit devenu maître : ne recherchez pas quoi que ce soit, car la Voie est toujours sous nos pieds.
La Voie n’a pas à être divisée ne serait-ce qu’un instant. Ne pas créer de division, de séparation. C’est vraiment un leitmotiv du zen, on l’entend toujours.

Non-deux


Bien qu’en tant qu’être humain on démarre dans la dualité, on doit, par la dualité, réaliser la non-dualité – c’est-à-dire ne pas tomber, ne plus rester dans des choix personnels : moi, je pense comme ceci…

Penser une fois, pas deux


Et comme Daichi dit dans le deuxième vers à ce même sujet, il ne faut pas hésiter. Ne pas hésiter lorsqu’on avance en kinhin, ne pas hésiter quand on marche dans la vie quotidienne. Naturellement et inconsciemment, penser une fois, pas deux. Faites attention. Ce n’est pas devenir têtu ou borné. Penser une fois, sans conception, sans bagage personnel. Ne pas créer de division, ne pas hésiter. Si vous hésitez, vous créez la division.
Je m’inquiète un peu de penser que quelqu’un pourrait dire : « Je n’hésite pas ! Et ainsi, tout ce que je fais est bien. » C’est encore une idée fausse, c’est encore une fois une division entre moi et mes idées, moi et ma non-hésitation. Le fait de ne pas hésiter n’est pas quelque chose qui nous amène dans les extrémités. Les extrémités, c’est toujours un choix personnel.

Ne pas hésiter, c’est l’expérience du corps et esprit ensemble.

Avant la pensée, avant la décision


La pratique de zazen nous amène automatiquement et inconsciemment à être libérés de toute procédure de décision. C’est une façon d’exprimer l’ici et maintenant. C’est ça la confiance en soi-même. À ce moment, Maître Daichi nous rappelle ce qu’a dit Hyakujo sur le chemin du dojo : « Qui êtes-vous ? »

Ça m’a pris un bon moment pour comprendre ce que veut dire Hyakujo dans la phrase « Qui êtes-vous ? » Mais quand on regarde ce poème, pas seulement une fois mais maintes fois, l’explication se trouve dans le poème lui-même.
N’oubliez pas le titre : ne rien rechercher.
Et les deux premiers vers : ne pas être divisé.
Le deuxième vers : ne pas hésiter. Troisième et quatrième vers : qui êtes-vous ?…

Vous pouvez comprendre. C’est d’une grande subtilité, d’une grande profondeur.

La première fois que j’ai entendu ce poème (et les autres aussi) date d’il y a trente ans, au dojo de Paris avec Maître Deshimaru. À l’époque, ces expressions, ces façons de parler étaient complètement nouvelles – non seulement pour moi mais pour tout le monde. Mais petit à petit les phrases, les images et la pensée zen entrent dans la vie courante, et d’ailleurs aujourd’hui on trouve ces phrases zen partout : ne rien rechercher, ici et maintenant… Même les politiciens parlent ainsi.

Même au cinéma on entend « qui êtes-vous ? » – et aussi, dans le sens profond, « qui êtes-vous ? » ou « qui est ce « vous » qui n’existe pas ? ».

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