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A Leh, en Inde, la panique après le déluge

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10.08.2010

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Des inondations sans précédent ont fait au moins 150 morts et 500 disparus depuis jeudi soir au Ladakh, au Nord-ouest de l’Inde. A Leh, les secours se mettent en place mais la vie reste paralysée. Reportage.

Leh, vendredi 6 août, 8h du matin. Beau soleil sur la capitale du Ladakh, ambiance paisible de petit matin. Aux abords de la ville, des banderoles attendent la visite d’un jeune Rinpoche. Pourtant, pour les Ladakhis, ce n’est pas une belle journée.

Dans la nuit, un orage terrible a déchiré pendant plusieurs heures le ciel de la région himalayenne, perchée à 3500 mètres. Des arbres sont tombés, les rivières ont débordé, des torrents de boue se sont formés, des pans de montagne se sont écroulés. Dans le bas de la ville, les maisons n’ont pas résisté, la station de bus a été emportée, une partie de l’hôpital y est passée. Des centaines de morts, dit très vite la rumeur. Peut-être des milliers.

Un responsable gouvernemental indien a d’ailleurs confirmé mardi 10 août que 5 Européens étaient décédés, dont 3 Français.

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« J’ai 75 ans, c’est la première fois que je vois une pluie pareille au Ladakh, témoigne une vieille dame. Ici, normalement, les pluies ne durent jamais plus d’une heure… »

Ce matin-là, pas de petits pains chauds chez les boulangers qui peuplent les ruelles derrière la mosquée, pas d’étals aux bijoux sur les marchés tibétains, pas de va-et-vient devant les agences de treks, pas de pashminas en devanture des boutiques de souvenirs: à deux ou trois exceptions près, tous les commerces sont fermés.

Les uns parce qu’ils sont complètement inondés, les autres par solidarité, en hommage aux victimes. Ponts détruits, routes bloquées, communications coupées, aéroport impraticable…

« Impossible de retourner à Delhi pour reprendre l’université, se désole Angchuk, étudiant en sciences politiques. Il faudra des jours, peut-être des semaines, pour que les transports soient de nouveau opérationnels. » Pas d’école non plus pour les plus jeunes, qui rebroussent chemin, le cartable sur le dos, les yeux dans les flaques.

Une priorité: retrouver les victimes

Début d’après-midi: dans le bas de la ville, la chaîne s’organise pour déblayer la terre et tenter de retrouver des victimes. « Une pelleteuse, une poignée de militaires où sont les équipements, que fait la force publique? », s’emporte un volontaire.

Des hélicoptères tournoient dans le ciel ladakhi, les secours se mettent en place. « Il y a aussi des gens à secourir dans les montagnes », note Tsewang Smanla, médecin amchi originaire de Lamayuru. « J’ai réussi à joindre la plupart de mes groupes, tous sont saufs », soupire Javid, patron d’une agence de trek. « Des amis allemands sont partis hier soir faire l’ascension du Stok Kangri, j’espère qu’ils vont bien », s’inquiète le docteur.

« De meilleures prévisions climatiques auraient-elles permis d’éviter les dégâts – et surtout les décès? », s’interroge un voyageur. A Leh, quoi qu’il en soit, la vie reprend son cours. Les commerçants inondés épongent, essuient, font sécher.

En fin d’après-midi, les habitants se pressent devant les épiceries de garde pour s’approvisionner en eau et en produits de première nécessité. 18h30, une nouvelle rumeur s’empare de la ville: « Pani, pani, la rivière monte, l’eau arrive! » La consigne (mais en est-ce bien une?) est générale: « Sortez des maisons, allez sur les hauteurs! « 

Certains s’entassent dans des voitures et fuient à vitesse grand V. D’autres se dirigent vers Shanti Stupa, mais la route est coupée, alors direction le palais.« Pas une bonne idée, commente un vieux monsieur, c’est par là qu’arrive l’orage. Je conseille plutôt d’aller sur le promontoire qui domine le bas de la ville. »

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« Se sentir solidaires »

Qui croire? Que faire? Dans les rues, les gens errent, hésitent, se suivent. Signe d’un manque d’expérience, d’une panique collective? « J’ai perdu deux frères et sœurs dans l’inondation, ainsi qu’une nièce, commente un chauffeur de taxi. On ne monte pas au stupa uniquement pour se protéger, mais pour être entre nous, se sentir solidaires. » Une demi-heure plus tard, la menace est passée, mais beaucoup ne reprendront le chemin de chez eux qu’au petit matin.

Le lendemain matin, les bilans officiels s’affinent: près de 150 morts identifiés, plus de 500 disparus, au moins 400 blessés, et une dizaine de milliers de sinistrés… Bonne nouvelle pour les étrangers (dont de nombreux Français): l’aéroport a rouvert.

Pour autant, c’est la panique à bord. Difficile de trouver un taxi: l’essence commence à manquer, les habitants préfèrent l’économiser. Si le ravitaillement n’arrive pas, la ville risque de se retrouver très vite paralysée. « Vous avez de la chance, dit le responsable local d’une compagnie aérienne aux passagers du premier avion pour Delhi. Une fois rentrés chez vous, continuez à prier pour nous. »

Pour aider les sinistrés, vous pouvez Faire un don à la Croix rouge

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Source: YOUPHIL

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