Venus de leur monastère Daitoku-ji pour présenter en France la tradition rinzaï du bouddhisme japonais, ils donneront un grand concert et un cycle de conférences à Paris en novembre.
« Nous cultivons notre jardin, faisons la cuisine, nettoyons notre monastère et nous méditons. » Bienvenue au temple Daitoku-ji, où le quotidien, somme toute banal, est rythmé par le zazen, la méditation assise propre à ce mouvement. Fondé en 1315 à Kyoto, il est le centre principal de l’école rinzaï, une des trois branches du bouddhisme zen japonais.
Aucune condition pour devenir moine : « qui veut peut, il suffit de pratiquer le zazen », explique son révérend supérieur, Sôshô Yamada. A la source de tout un pan de la culture japonaise (calligraphie, arrangement floral, cérémonie du thé, poésie), le monastère est aussi un foyer de création artistique. Plus qu’une religion, le rinzaï est donc une spiritualité, un mode de vie.
« Nous suivons une vie ascétique, mais pas de doctrine particulière, pour ne pas être contraints par une philosophie ou une connaissance mais pour au contraire en être libre. Nous recherchons l’achèvement personnel par l’ascèse. Dans certaines religions, on recherche ce qui est pur, mais nous tentons de ne pas être dupes. »
Un message en musique
Rieurs et bavards, ceux qui vivent d’ordinaire dans le silence semblent ravis de pouvoir s’exprimer. Car si le portail du Daitoku-ji s’ouvre rarement, « nous redoutons que certains moines qui ne sont pas allés au bout de leur ascétisme ne parlent au profane et l’induisent en erreur », les moines ne vivent pas reclus pour autant.
Après un passage fin juillet à l’abbaye du Thoronet dans le Var, ils sont présents à Paris pour la première fois. Mais des séances de zazen, ils en ont déjà faites dans une abbaye bénédictine de Rome, en Belgique et en Allemagne. La vogue du terme « zen » dans toutes ses acceptions les a poussés à s’ouvrir au monde pour rétablir certaines vérités.
« Nous avons appris que des personnes prétendent représenter le zen et en tirent du profit. Des moines authentiques devaient intervenir et faire quelque chose, et en France, je pense qu’il y a beaucoup d’adeptes qui sont dans une démarche sérieuse et sincère ».
Ainsi, ils ont choisi la musique, le « On Zen » : « Notre message n’est pas aisément compréhensible. On a pensé que notre impact serait plus grand par ce biais. »
Magma refroidi ou météorite
Accompagnés depuis vingt ans par le percussionniste Stomu Yamash’ta, les moines donneront leur premier concert hors de leur monastère à Paris à la rentrée : prières traditionnelles, sûtra, mises en rythme à l’aide d’un instrument tout à fait particulier, à base de pierres sanukite.
Magma refroidi ou météorites, l’origine de ces pierres reste un mystère et depuis Confucius, le trajet et l’histoire de cet instrument est tout aussi confus. La légende raconte que « bien joué, il engendre la prospérité et apaise le cœur des gens ». Un aspect purificateur exacerbé par l’originalité du son produit : la gamme et les fréquences qu’il couvre sont beaucoup plus étendues que dans la musique occidentale traditionnelle.
Une conception différente de la musique, traduite par musique harmonieuse, que les moines veulent vecteur de paix intérieure : « Alors que nous vivons plongés dans la pollution sonore, qui va jusqu’à perturber l’esprit, la musique jouée par le sanukite peut constituer une prière pour la paix, être encore plus efficace que la déclamation des sûtra. »
Auteur : Anna Britz
Source : http://www.le-monde-des-religions.fr