Cette histoire relève de la légende et pourtant les pièces présentées actuellement au Musée Guimet prouvent sa réalité. En 327 av. J.-C., Alexandre le Grand parvient sur les rives de l’Indus.
Une courte étape dans sa folle cavalcade. Mais suffisante pour y fonder plusieurs royaumes, que ses généraux et leurs successeurs feront prospérer. Celui de Bactriane (au nord de l’actuel Kaboul) est le plus connu. Mais aussi, autour de Peshawar et de Taxila, dans le Gandhara.
Ce territoire du nord-ouest du Pakistan, grand comme un département français, regorge de sites archéologiques où l’esthétique grecque se mêle à la perse et à l’indienne. C’est là que la représentation de Bouddha s’est pour la première fois trouvée fixée dans la pierre. Statues et bas-reliefs de schiste vont propager la leçon du mystique bien au-delà de cette région.
Né prince indien, Siddharta s’est spirituellement éveillé vers 595 av. J.-C et a professé le renoncement aux désirs dans la région du Gange. Relayant la geste, les sculpteurs du Gandhara lui ont donné un air d’Apollon. Nez fin, cheveux bouclés ramassés en chignon, toge et sandales à tête de lion…
Ces représentations très occidentales voisinent avec les figures d’Athéna, d’Atlas, d’Amour et de Psyché sous influence asiatique.
Preuves d’un incroyable métissage, ces trésors ont fait un long voyage : ils viennent des Musées de Lahore, Karachi, et de celui de la région du Swat, une « zone sensible » où l’armée vient de mener une campagne contre les talibans.
Auteur : Eric Bietry-Rivierre
Source : http://www.lefigaro.fr