Témoignage de Détchèn – Dharamsala, Inde, mars 2010
Une retraite avec Lama Zopa Rinpoché est toujours un moment magique, un moment en dehors du temps, on se demande « Mais quelles incroyables causes ai-je bien pu créer pour me retrouver ici ? ».
Cela parait si irréel d’être dans ces montages où, depuis plusieurs dizaines d’années, ont médité tant de grands lamas et yoguis, entourés de frères et soeurs du Dharma venus de monde entier, en la présence de notre précieux Lama.
Alors il n’y a pas d’autre chemin que de se laisser tomber dans ce puits magique, en toute confiance, comme une Alice au pays des merveilles qui sait que profiter du voyage nécessite de laisser tout a priori de l’autre côté du miroir, et de faire confiance, simplement, en le guide.
Et pouf, nous voilà pour un mois dans l’univers magique de Rinpoché ! Un univers où tout est conçu afin de donner à chaque seconde de cette précieuse vie humaine une dimension plus profonde.
Une journée de cet univers commence à 5h de matin par les pratiques matinales, la prise des préceptes du Mahayana, suivie de prosternations aux 35 Bouddhas et du Lama Tcheupa. Notre esprit ordinaire étant tellement pollué (je parle pour moi!), ces pratiques permettent de nous amener à un niveau plus pur : petit à petit nous nettoyons nos voiles, ce qui permet au Dharma de pouvoir ensuite grandir en nous.
Le Lama Tcheupa est un moment tout particulier, ses chants et méditations nous permettent de se relier au Lama dans notre coeur, de nous relier à notre
véritable nature.
Puis la journée continue de se dérouler autour de trois autres sessions de rituel (le « manuel » de la forme du Bouddha que nous pratiquons, pour cette retraite Hayagriva).
Chacune de ces sessions était guidée par des Guéshés de Séra Djé invités par Rinpoché. Cette forme d’Hayagriva est en effet la pratique du coeur des moines de Séra Djé. Elle allie l’aspect de compassion de Tchènrézi avec l’aspect d’action rapide de Tara. Hayagriva a permis aux moines de Séra-Djé, depuis tant de siècles, d’avoir de grands succès dans leurs études philosophiques et, dans le même temps, de développer le bon coeur. Hayagriva est donc un protecteur, il permet à Bodhicitta de naître et de grandir. Puis, le soir nous bénéficions de la présence et des précieux enseignements de Rinpoché, jusqu’à environ 1h du matin.
Rinpoché a tout mis en oeuvre pour nous inspirer, il a invité ses « amis Bouddhas » pour nous enseigner et faire certaines sessions avec nous nous avons bénéficié des enseignements et commentaires de l’abbé de Séra Djé, de Pari Rinpoché et de Khandro-la, une jeune femme qui est venue du Tibet pour aider Sa Sainteté à Dharamsala (Khandro veut dire « celle qui va dans le ciel » en tibétain, « dakini » si vous préférez !).
Le groupe a même été reçu par Sa Sainteté à la fin de la retraite (voir la photo ci-dessous pour se réjouir, moi j’étais déjà dans l’avion, mon karma -habituel ! – étant de retourner à Paris très vite…).
Rinpoché nous a enseigné et guidé dans ce que faire une retraite veut réellement dire. Faire une retraite n’est pas s’enfermer dans une bulle et se la couler douce avec son égo… C’est tout le contraire, c’est débusquer notre auto-chérissement, source de tous nos problèmes, et l’attaquer de toutes les façons possibles.
Nous avons tous déjà reçu tellement d’enseignements sur les Trois principaux aspects de la voie (le renoncement, Bodhicitta et la vue juste), mais en retraite il s’agit de faire descendre tout cela au niveau de coeur.
Rinpoché nous a aussi enseigné une pratique qu’il considère extrêmement précieuse, « La pleine conscience en Bodhicitta» (Il appelle cela « Bodhicitta mindfulness »).
Il s’agit de transformer tous les moments, toutes les activités quotidiennes en méditations vigilantes sur Bodhicitta (les curieux peuvent trouver des exemples de cette pratique dans le Livre de prières vol. 1 p. 209).
Grâce à un rhume et à des chaussures à lacets, les méditations que j’ai le plus pratiquées sont celle où on se mouche : « Je purifie le karma négatif et les obscurcissements mentaux de tous les êtres » et le laçage de chaussures : « Puissent tous les êtres être liés aux Trois entrainements supérieurs ».
Bien sûr, ces choses là ne sont pas réservées à la retraite formelle, c’est de cette même façon que Rinpoché nous encourage à pratiquer dans notre vie quotidienne, quand on fait la vaisselle, dans le métro, au travail, etc.
Ce qui est incroyable, c’est que cet emploi du temps nous remplit d’énergie, suivre les conseils du Lama nous nourrit, nous faisons des choses qui, habituellement, nous sembleraient complètement impossibles. J’imagine que c’est à cela qu’on fait référence quand on parle de recevoir les bénédictions du Lama !
Rinpoché a déclaré, a propos des participants à cette retraite : « Ils ont le Dharma dans leur coeur ». Cela permet de goûter le Dharma. Goûter le Dharma, c’est avoir une expérience dans le coeur de dévotion, de renoncement, de Bodhicitta ou de vacuité. C’est avoir le sentiment que le Lama n’est pas seulement
ce qui m’apparait, sa dimension réelle est autre.
Ce cycle des existences n’est que souffrance après souffrance, pourquoi y suis-je encore attachée ? Les autres êtres sont précieux et chers. Ce qui m’apparait n’est pas ce qui existe réellement.
Bref, en retraite on voit que, oui c’est possible, notre esprit peut réellement se transformer en sa réelle nature. En réunissant toutes les conditions, en mettant réellement en application les enseignements reçus et en étant guidé par un parfait Lama pleinement qualifié, nous pouvons actualiser notre réelle
nature de Bouddha.
En souhaitant que mon blabla inspire chaque lecteur/lectrice à réunir les conditions pour pouvoir passer au moins quelques jours en retraite, surtout pour les étudiants des programmes d’étude.
Pour ma part, l’étude est vraiment quelque chose que j’aime et c’est ce qui permet d’ensuite méditer, mais les retraites sont une véritable occasion à la saveur unique, une occasion de pouvoir gouter le chocolat, pas seulement d’apprendre comment on fabrique du chocolat.
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