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Conte bouddhiste pour jeunes et moins jeunes – L’assiette en or

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Faisant partie du canon de la littérature sacrée bouddhiste, cette collection de quelques cinq cent cinquante anecdotes et fables dépeint les incarnations antérieures – parfois en tant qu’animal, parfois en tant qu’être humain – de celui qui allait devenir Siddhartha Gautama, le futur Bouddha. Les dates historiques de la vie de Gautama sont 563-483 avant J.C. Les contes de Jataka datent d’une période située aux environs de l’an 300 avant J.C. à l’an 400 après J.C.

L’assiette en or

Il était une fois, dans un lieu nommé Seri, deux vendeurs de pots, de casseroles et de babioles faites à la main. Ils s’étaient entendus pour se partager la ville. Ils avaient aussi convenu que, lorsque l’un d’entre eux en aurait eu fini de prospecter son secteur, l’autre aurait le droit d’aller essayer de vendre là où la premier avait déjà été.

Un jour, alors que l’un d’entre eux descendait une rue, une pauvre petite fille le vit et demanda à sa grand-mère de lui acheter un bracelet. La vieille grand-mère lui répondit, « Comment, pauvres comme nous le sommes, pourrions- nous acheter des bracelets ? » La petite fille dit, « Puisque nous n’avons pas d’argent, nous pouvons donner notre vieille assiette noire de suie. » La vieille femme accepta d’essayer, et invita le vendeur à entrer.

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Le vendeur vit que c’était là des gens très pauvres et ignorants, et ne voulut pas perdre son temps avec elles. La grand-mère eut beau l’implorer, il lui dit qu’il n’avait pas de bracelet qu’elle pourrait s’offrir. Elle demanda alors « Nous avons une vieille assiette qui ne nous sert plus, pouvons-nous l’échanger contre un bracelet ? » L’homme la prit, et, alors qu’il l’examinait, il en gratta la surface. A sa grande surprise, il vit qu’au dessous de la suie crasseuse, c’était une assiette en or ! Mais il ne fit pas voir qu’il l’avait remarqué. Au lieu de cela, il décida de décevoir ces pauvres gens pour pouvoir avoir l’assiette plus tard pour rien. Il déclara « Elle ne vaut même pas un bracelet, je n’en veux pas, elle ne vaut rien ! ». Il partit, pensant qu’il reviendrait plus tard, et qu’elles accepteraient alors d’échanger l’assiette contre encore moins.

Pendant ce temps, l’autre vendeur, qui en avait fini avec sa partie de la ville, se mettait à la suite du premier, ainsi qu’il en avaient été convenu. Il arriva dans la même maison. A nouveau, la pauvre petite fille supplia sa grand-mère d’échanger la vieille assiette contre un bracelet. La femme vit que c’était un marchand qui avait l’air doux et gentil, et pensa, « C’est un homme bon, pas comme cette autre marchand aux vilaines paroles » ». Elle l’invita donc et lui offrit d’échanger la même vieille assiette noire de suie contre un bracelet. Lorsqu’il l’examina, il vit, lui aussi, que c’était de l’or pur sous la saleté. Il dit à la vieille femme, « Toutes mes marchandises et tout mon argent ne valent pas cette précieuse assiette en or ! » Bien sûr la vieille femme fut stupéfaite de cette découverte, mais maintenant, elle savait que c’était là un homme vraiment bon et honnête. Elle dit alors qu’elle serait heureuse d’accepter tout ce qu’il pourrait échanger contre l’assiette. Le vendeur dit, « Je vous donnerai tous mes pots, toutes mes casseroles, et tous mes bracelets, plus tout mon argent, si vous me laissez juste huit pièces et ma balance, avec sa housse pour y mettre l’assiette en or. » Ils firent l’échange. Il descendit à la rivière, où il donna les huit pièces pour prendre le bateau et faire la traversée.

C’est alors le cupide vendeur revint, en ayant déjà échafaudé dans sa tête des profits mirifiques. Lorsqu’il retrouva la petite fille et la grand-mère, il leur dit qu’il avait changé d’avis, et qu’il souhaitait offrir quelques centimes, mais pas un de ses bracelets, contre la vieille assiette inutile et noire de suie. La vieille femme lui décrivit calmement l’échange qu’elle venait de conclure avec le vendeur honnête, et lui dit, « Monsieur, vous nous avez menti ».

Le cupide vendeur n’avait aucunement honte de son mensonge, mais était affligé parce qu’il pensait, « J’ai perdu l’assiette en or qui doit valoir une vraie fortune ». Il demanda alors à la femme, « Quel chemin a-t-il pris ? » Elle lui indiqua la direction. Il laissa toutes ses affaires là, à sa porte, et courut vers la rivière, en pensant, « Il m’a volé ! Il m’a volé ! Il ne m’aura pas comme cela ! »

De la berge de la rivière, il aperçut le vendeur honnête, qui faisait encore la traversée à bord du bateau. Il cria au capitaine « Revenez ! » Mais le bon vendeur lui demanda de continuer à se rendre vers l’autre rive, et c’est ce qu’il fit. Voyant son impuissance, le cupide marchant explosa de rage. Il sauta, sauta, se frappa la poitrine. Il devient tellement rempli de haine envers l’honnête homme, qui avait gagné l’assiette en or, qu’il s’en étrangla de colère. Il eut une crise cardiaque, et mourut là.

La morale est :

La meilleure politique est celle de l’honnêté.

Traduit de l’anglais par Sophie Alvarez pour www.buddhachannel.tv

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