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Histoire d’un activiste…

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Photo Bhagavat
Photo Bhagavat
Nous sommes sous le soleil brulant de Delhi, assis sur la route aux côtés des 5.000 satyagrahis et Bhagavat, activiste d’Ekta Parishad et venant du village Katchua dans le Madhya Pradesh nous raconte son histoire.

« Dans ma région, après l’Indépendance de l’Inde, les terres ont été divisées entre le Département Forestier (terres forestières) et le Revenue Department (terres gouvernementales). Avant cela, toutes les terres appartenaient au Gouvernement.

A cette époque, 200 familles vivaient dans cette région grâce â la rivière, les produits de la forêt et l’agriculture. Ces familles se sont vues octroyer 50% des terres forestières pour continuer leurs cultures.

En 1965, le Département Forestier créé un parc national. Douze familles ont été déplacées dans une réserve. En 1972, ce même Département ordonne d’utiliser le bois de la forêt pour la construction des voies de chemins de fer. Des compagnies de production de papier fabriqué à partir des bambous sont aussi arrivées dans cette zone. Tout ceci a eu comme conséquence d’autres déplacements de population. D’autre part, la rivière s’est de plus en plus asséchée et les animaux sauvages ont commencé à entrer dans les villages. En 1996, le Département Forestier, désireux de protéger la vie sauvage, a mis en place un programme financé par la Banque Mondiale et a crée une réserve naturelle. Toujours plus de personnes ont du être déplacées. La plupart d’entre elles ont émigré vers les zones urbaines.

Nous sommes en conflit avec le Gouvernement et non avec les animaux. Nous ne voulons pas détruire la forêt et nous ne sommes pas responsables de sa destruction. Le tourisme de masse et les compagnies en sont les responsables. En conséquence, les animaux sauvages tuent les animaux domestiques et attaquent les villageois. L’année dernière, nous avons compté entre 10 et 15 attaques de tigres. Ce que nous voulons est simple. Nous voulons que le Gouvernement n’autorise plus les compagnies privées à construire des hôtels sur cette zone.

Je lutte pour les droits de ma communauté depuis que j’ai rencontré Rajagopal, président d’Ekta Parishad, en 1987. Depuis lors, nous mobilisons les gens, organisons des camps de jeunes et des Satyagrahas (actions non violentes). Nous avons eu quelques victoires comme l’acquisition de pattas (titres de propriété), mais cela n’a pas toujours été facile. Par exemple, au tout début, en 1987, au cours d’une Satyagraha, moi et 70 autres personnes avons été accusés de terrorisme, arrêtés puis incarcérés pendant 15 jours.

Ce que je veux maintenant c’est continuer à mobiliser encore plus de personnes, rendre les communautés auto-suffisantes, continuer avec Ekta Parishad. Je veux promouvoir l’agriculture biologique et faire de l’élevage. Je voudrais aussi dire aux étrangers de venir et d’observer ce qui est en train de se passer. Ne distribuez pas les profits générés par les compagnies sans investir au niveau local dans des programmes sociaux.

Avant de participer à Janadesh 2007 (marche de 25.000 paysans sans terre de Gwalior à Delhi, organisée par Ekta Parishad en 2007), les gens de mon village me disaient : « Ne va pas à la ville parce qu’ils te tueront. En ville, l’eau n’est pas bonne ni la nourriture”. Aujourd’hui, je sens que nous pouvons faire quelque chose parce que nous sommes des milliers et des milliers. »

Satyagrahis
Satyagrahis

Interview réalisée par Elodie Kergresse

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