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Le Système des Castes en Inde

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Le système des castes en Inde


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L’Origine de la caste

1.Explications anciennes

Une théorie voudrait que l’origine des castes soit raciale : la hiérarchie des castes serait une hiérarchie des races.

Une autre théorie affirma que l’origine du système était professionnelle. Les gens engagés dans la même profession se sont rassemblés et cette association professionnelle s’est petit à petit transformée en organisation sociale.

Un sanskritiste français, Emile Senart, va critiquer ces théories et considérer que la caste est l’expression d’une institution qui existait avant l’arrivée des envahisseurs
indo-européens sur le sol indien.

Le système des castes, selon lui, rappelle la « gens » ou la tribu que l’on trouve dans la Rome antique et la caste n’est que l’expression de la famille.

2.Les données tirées des védas

Un sociologue indien, Ghurye, pense que les populations indo-européennes avaient développé une idéologie de pureté rituelle en présence des populations indigènes.

Les premiers textes védiques, dont le Rig-Véda, établissent une nette distinction entre les ethnies en présence : Le terme Varna fait son apparition. Il signifie « couleur » en sanskrit.

Des divisions plus complètes apparaissent aussi et la littérature védique mentionne déjà les Brahma ou prêtres poètes, les Kshatra ou chefs guerriers et les Vish ou gens du commun. Le terme de Shudra n’intervient qu’une seule fois pour désigner les serviteurs domestiques qui peuvent être battus ou chassés.
Le terme de Jati fait son apparition pour désigner les multiples sous-groupes qui semblent proliférer au fur et à mesure que la stratification sociale se complexifie.

3.Georges Dumézil : l’idéologie des trois fonctions

Il établi que la partition en trois de la société ( prêtres, guerriers, agriculteurs ) est commune chez les iraniens, les scythes, les ossètes du caucase du nord, les romains.

Mais la fragmentation de la société en une myriade de groupes fermés est par contre un phénomène unique, propre à l’Inde.

Des milliers de castes

Les Varna et les Jati

Les Varna sont les quatre castes génériques : Brahmanes (prêtres), Kshatriya (guerriers), Vaishya (commerçants) et Shudra (serviteurs).

La mention de ces castes pour expliquer l’organisation de la société indienne est une simplification inacceptable car elles ne reflètent pas du tout la réalité du monde des castes :

D’une part, peu de gens se revendiqueront des catégories de Kshatriya et Vaishya (ces catégories sont d’ailleurs pratiquement inconnues dans le sud de l’Inde).

D’autre part, la société est morcelée en milliers de castes désignées sous le terme de Jati
(Les Brahmanes eux-mêmes sont divisés en multiples castes endogames hyérarchisées).

Ce sont les Jati qui constituent les castes véritables.

Hormis les intouchables, tout indien appartient à une caste, y compris les chrétiens et les musulmans.

Les Jati

Si le gouvernement recensait toutes les castes, on obtiendrait sans doute des chiffres astronomiques ( rien qu’au Tamil Nadu, on compte 76 castes d’intouchables et 122 castes arriérées ).

Il existe de grandes castes qui s’étendent sur le territoire de plusieurs Etats. Elles comprennent chacune plusieurs millions de membres.
De telles castes sont généralement divisées en de multiples sous-castes endogames.
De nombreuses autres castes ne sont pas si étendues et comprennent seulement quelques milliers d’individus.

Les indiens ne connaissent pas les castes des autres régions et ne sont familiers qu’avec celles que l’on rencontre dans les villages autour du leur.

Le statut social peut varier d’une région à l’autre. Par exemple les Nadar au sud de la rivière Tambraparni étaient considérés comme des petits seigneurs alors que dans le reste du Tamil Nadu, leur statut était très bas, proche de celui des intouchables.

Là où une caste est majoritaire et où elle contrôle une bonne partie des ressources, elle tend à jouir d’un statut supérieur à celui dont elle jouit là où elle constitue une minorité.

Trois caractéristiques fondamentales :

1.spécialisation héréditaire

La caste est traditionnellement associée à un métier ou, du moins, à une tâche rituelle précise. C’est ainsi que l’on rencontre des castes de forgerons, de blanchisseurs, de balayeurs, de tanneurs, de barbiers et bien sûr de paysans…

Losque l’adéquation entre caste et profession n’est pas parfaite, ils n’en continuent pas moins d’appartenir à la caste de leurs ancêtres et parfois même d’exercer certaines tâches rituelles qui incombent traditionnellement aux membres de leurs castes.

2.Répulsion

L’endogamie est une autre caractéristique essentielle de la caste. Le mariage unit quasi universellement, deux personnes appartenant à la même caste. Les seules exceptions à cette règle concernent les unions hypergamiques qui unissaient une jeune fille à un garçon d’un groupe supérieur.

Les membres d’une caste refusent de consommer de la nourriture préparée par d’autres castes.
Ils excluent tout contact social avec les membres des castes inférieures et particulièrement avec les intouchables.

3.Hyérarchie

Le critère principal sur lequel se construit cette hyérarchie est celui de la pureté.

L’impureté découle principalement du contact avec les déchets organiques, particulièrement les émissions corporelles, et avec la mort.

L’idéologie de la pureté

La pureté rituelle n’est pas la propreté :

Les eaux du Gange contaminées du point de vue bactériologique sont pures du point de vue rituel.

Un vêtement rituellement pur peut avoir une apparence assez sale.

Un Brahmane plein de boue est préférable à un intouchable bien lavé et habillé de neuf.

Les Brahmanes

Seuls ceux qui sont en état de pureté rituelle peuvent approcher les dieux pour les vénérer et maintenir la communication avec eux.

Les Brahmanes distinguent trois états de la pureté rituelle :

En temps normal, le statut rituel d’un individu est neutre, on dit qu’il est « mailige ».

En cas de contact avec des êtres ou des substances impurs, il peut devenir « muttuchettu ».

Pour approcher Dieu, il devra atteindre un état de pureté supérieure appelé « madi ».

Seule la nourriture végétarienne est acceptable.

De plus les types de viandes sont eux-même hyérarchisés : après la nourriture végétarienne, vient les oeufs, le poisson, le poulet, le mouton, le porc sauvage, le porc domestique, le buffle et le boeuf.

Les intouchables sont réputés manger du porc et du boeuf alors que de nombreuses castes intermédiaires non végétariennes ne mangent que du poulet et du mouton.

La salive et les autres émanations corporelles sont de puissantes sources de pollution (c’est pour éviter d’être éclabousé que les hommes préfèrent uriner accroupi ) : lorsqu’elle mange, une personne ne peut jamais toucher ses lèvres de ses mains.
Seule l’eau et la main gauche peuvent être utilisées pour la toilette qui suit la défécation. C’est pour cela qu’on appelle la main gauche « la main des ordures » et qu’elle ne doit jamais toucher la nourriture.

La source la plus forte de pollution reste néanmoins la mort.

La mort pollue non seulement le corps du défunt mais aussi toute sa famille.

Si la pollution mortuaire est de mauvaise augure, la pollution dérivant de la naissance est de bonne augure. Elle déteint aussi beaucoup moins sur la famille.

La jeune mère est rituellement impure pendant 11 jours après l’accouchement pendant lesquels elle est isolée, généralement sous la véranda.

Après 10 nuits la mère retrouve son état normal « mailige » mais elle ne peut retrouver l’état de « madi » que trois mois plus tard, après une autre cérémonie.

Il existe d’autres sources de pollution comme le cuir, les éclipses solaires ou lunaires…et d’autres conducteurs de pollution comme les pièces de monnaie (il n’y a pas si longtemps des commerçants exigeaient que les intouchables déposent leur pièce dans un seau d’eau).

La vaisselle ne peut être totalement débarrassée de la pollution et on ne peut jamais manger dans l’assiette d’une autre personne (il est préférable de manger dans une feuille de bananier).

Différences nord/sud

Les différences entre le sud et le nord de l’Inde sont nettement marquées. Le sud tend à être plus rigoureux :

Dans le sud, les hautes castes n’acceptent jamais d’eau et de nourriture des castes inférieures alors que dans le nord on est disposé à accepter de l’eau et de la nourriture frite (pakka).

Les indiens du sud ne font pas de distinction entre nourriture bouillie (kacha) très sensible à la pollution et nourriture frite (pakka) nettement moins sensible.

Caste et démocratie

La caste loin d’avoir disparue se serait même renforcée au cours des dernières décennies.

D’une manière générale, on remarque que les castes inférieures ont cherché à adopter les pratiques des castes supérieures : interdiction du remariage des veuves, végétarisme, abstinence de boissons alcoolisées, un certain puritanisme…

Cela semble être une tendance générale de la société indienne.

Aujourd’hui, toute la société semble être composée de grands groupes plus ou moins en concurrence : Nambudiri, Nayar, Chrétiens, Syriens, Irava, Musulmans, Pulaya revendiquent chacun une partie du pouvoir et les partis politiques sont obligés de tenir compte de ces grands clivages.

De plus les mouvements de castes se constituent en associations de castes défendant leurs interêts communs.

C’est maintenant la quête du pouvoir qui guide la caste alors que les questions de pureté rituelle perdent du terrain.

Il existe en Inde une véritable « culture de la démocratie » au sein des classes populaires qui s’intéressent à la politique et se rendent en masse aux urnes.
La Constitution indienne affirme avec force l’égalité de tous les citoyens.

Dans son article 15, elle interdit toute discrimination basée sur la religion, la caste, le sexe ou le lieu de naissance.

L’article 16 abolit officiellement l’intouchabilité.

L’article 46 prévoit que l’Etat veillera spécialement à promouvoir les interêts économiques et sociaux des « sections les plus faibles de la population » et en particuliers des « Sheduled clastes » (intouchables, 15% de la population) et des « Sheduled tribes » (tribus des montagnes, 7%de la population).
Ces catégories se voient ainsi garantis certains privilèges et avantages, notamment des emplois dans la fontion publique, des places et des bourses dans les universités.

Ces catégories restent largement défavorisées mais elles ont réalisé de nombreux progrès (alphabétisation, constitution d’une élite).

D’autres classes défavorisées, les « Other Backward Classes » ou OBC bénéficient aussi de mesures au niveau de chaque état.

Mais étant donné que chaque état a le droit de reconnaître comme OBC les castes de son territoire, il y a eu de grandes disparités entre les états et de nombreux abus.

Sur le plan politique, il ne s’est pas formé de classe politique dévouée à la cause des intouchables.

Ville/campagne

En milieu urbain, il n’est guère possible de reconnaître la caste d’une personne. Les gens se mélangent dans les autobus, dans les cinémas, dans tous les lieux publics, sans se préoccuper de la caste de leurs voisins ou interlocuteurs.
L’amitié entre personnes de castes différentes est chose fréquente.

Dans les campagnes, qui représentent quand même la majorité de la population, on est moins touché par ces évolutions, on peut donc encore observer des comportements plus traditionnels.


Source : pagesperso-orange.fr/alexelabas

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