Jeudi 1er Octobre 2009
Cela soulève une grande émotion dans les milieux bouddhistes.
ROME — Après leur tragique expulsion du monastère de Bat Nha, le 27 septembre dernier, par des hommes de main de la police, les quelque 400 religieux et religieuses, désormais sans résidence, poursuivent leur exode [[Voir EDA 514]], a rapporté l’agence des Missions étrangères de Paris (MEP) Eglises d’Asie, le 1er octobre.
Aujourd’hui, les autorités locales accentuent leur pression sur les responsables de la pagode de Phuoc Huê (dans la province de Bao Lôc), où l’ensemble de la communauté de Bat Nha est allé chercher refuge. Déjà, quelques religieux nouvellement hébergés ont dû s’en aller rejoindre leur famille. Le sort des religieux ainsi persécutés a ému l’opinion publique aussi bien à l’intérieur du pays qu’à l’étranger. Dans les milieux bouddhistes, un mouvement de solidarité est en train de se dessiner. Une protestation à l’allure d’ultimatum a été envoyée aux pouvoirs publics, annonçant que de jeunes religieux sont prêts à s’immoler.
Par divers moyens, la Sécurité essaie de forcer le vénérable Thich Thai Thuân, recteur de la pagode de Phuoc Huê, à refuser l’hébergement aux moines réfugiés et à les expulser. Ces derniers jours, tout autour de la pagode où se sont réfugiés les moines de Bat Nha, ont été lancés des tracts sans indication d’origine. Ils désignent nommément et injurient un certain nombre de moines responsables, traitent de réactionnaires les disciples du « village des Pruniers », qui est la communauté bouddhiste installée en France dont le maître Thich Nhât Hanh, l’esprit et les règles ont inspiré les religieux de Bat Nha.
Dans la soirée du 29 septembre, une quinzaine de religieux ont été forcés de quitter le monastère par les policiers qui les ont accompagnés jusqu’à un autocar. La police est présente en permanence dans la pagode fait pression sur l’ensemble des moines réfugiés afin qu’ils partent.
Dans les milieux bouddhistes l’émotion est grande. Selon des témoignages recueillis par Radio Free Asia [[Émission en vietnamien du 30 septembre 2009.]], l’ensemble du clergé bouddhiste de la province de Bao Lôc se sent solidaire des moines expulsés et souhaite que la direction du bouddhisme trouve une solution le plus rapidement possible. A Da Lat, la population bouddhiste s’est mobilisée pour recueillir des vêtements et de la nourriture pour les religieux réfugiés chez eux.
Un soutien particulièrement chaleureux a été apporté aux religieux de Bat Nha par une lettre intitulée « Lettre des jeunes religieux et religieuses bouddhistes de la Province de Bao Lôc » [[La lettre a été mise en ligne sur de nombreux sites vietnamiens. Voir par exemple Phù Sa, VietCatholic News, le 30 septembre 2009. La lettre se nomme elle-même « Huyet Thu », à savoir « lettre écrite avec du sang ».]]. Les auteurs de la lettre, qui se disent nombreux et soutenus par une foule de fidèles, s’adressent aux autorités religieuses et civiles. Ils affirment s’être tus jusque-là par ignorance des motifs de la persécution infligée aux moines de Bat Nha. Selon eux, le traitement indigne subi par les religieux sous l’œil complaisant de la police est imputable à l’Etat et à lui seul. La lettre demande que l’affaire soit réglée selon des principes clairs. Si, comme on le prétend, il s’agit d’une affaire interne au bouddhisme, qu’on laisse les autorités de celui-ci régler ses propres problèmes. Pour le moment, qu’on ne touche en aucune manière aux moines réfugiés dans la pagode de Phuoc Huê et qu’on leur permette de continuer à mener leur vie religieuse sous le patronage du responsable provincial de l’Eglise bouddhiste vietnamienne. La lettre s’achève par une déclaration solennelle : « Si les autorités continuent d’exercer une quelconque pression, comme elles l’ont fait jusqu’à présent, nous annonçons à l’avance que nous sommes prêts à sacrifier notre vie. »
Source : www.zenit.org