Accueil Espace Bouddhiste Bouddhisme Interview — Richard Gere : sa Relation au Bouddhisme

Interview — Richard Gere : sa Relation au Bouddhisme

78
0

rgere.jpgDe nombreuses célébrités dévoilent leur attirance pour le bouddhisme : En France, il y a Yannick Noah, Jean-Jacques Annaud, Charlotte Rampling, Dick Rivers, Jean-Claude Carrière. Au niveau international, Martin Scorsese, Leonard Cohen, Adam Yauch, Michael Stipe, Bertolucci, Menuhin, Fellini et beaucoup d’autres… mais le plus fameux de tous est certainement l’acteur au charme fou Richard Gere.

Au-delà de sa pratique de l’enseignement bouddhiste, il prend part au travail difficile de changement des mentalités en soutenant le Dalaï-lama ou en donnant de multiples interviews et conférences sur la méditation et la nécessité d’un changement de conscience planétaire.

Voici des extraits d’un interview de Richard Gere sur sa relation au bouddhisme réalisé par Melvin Mc Leod et traduit par meditationfrance.com

QUESTION : Quand a eu lieu votre première rencontre avec le bouddhisme ?

Richard Gere : J’ai deux choses qui me viennent à l’esprit. La première c’est quand j’ai commencé à lire le Dharma et la seconde c’est quand j’ai rencontré mon premier enseignant bouddhiste,
Mais avant cela, j’étais passionné par la philosophie. En fait, je suis arrivé au bouddhisme par les philosophes occidentaux, surtout avec le philosophe et cardinal Berkeley.
« Si un arbre tombe dans la forêt et que personne ne l’entend, alors, est-ce que cela a vraiment eu lieu ? » Oui. L’idéalisme subjectif était sa thèse et il était basé sur l’importance du mental et de notre perception des choses.
Il était vraiment radical surtout pour un prêtre. Il m’a vraiment accroché. Les existentialistes m’intéressaient aussi beaucoup. J’ai été attiré par leur thèse sur le néant sans savoir à l’époque que ce mot n’était pas approprié. En fait, c’est le vide qu’ils recherchaient, cette notion d’espace intérieur.
Ma première rencontre avec le dharma bouddhiste fut quand j’avais 20 …et quelques années Je pense que comme la plupart des hommes, je n’étais pas heureux Je ne sais pas si c’était suicidaire, mais je n’étais en tout cas pas heureux et j’avais des questions comme  » Pourquoi tout ça, la vie… ?  »
Je passais mes soirées à lire et à chercher à comprendre un peu plus le sens de la vie. Le livre d’Evans-Wentz’s sur le bouddhisme tibétain m’a beaucoup influencé.

QUESTION : Qu’est-ce que vous avez trouvé d’intéressant, d’attirant dans ces ouvrages sur le bouddhisme ?

R. Gere : Ce sont de bons romans dans lesquels vous plongez facilement et en même temps, ils vous amènent un message, une vision, à savoir qu’il est possible de vivre dans le présent, dans l’ici et maintenant et de vivre libre, libre intérieurement.
Ces ouvrages sur le bouddhisme m’intéressaient particulièrement mais j’ai surtout commencé mon chemin avec un maître Zen. Mon premier enseignant était Sasaki Roshi.
Avec lui, j’ai eu une expérience magique, une expérience intérieure. J’ai alors compris que cela fonctionnait, que tout cela était un vrai travail sur soi. On n’est pas là pour voler dans les airs, ce n’est pas de la romance. C’est un travail sérieux sur votre mental.
Cela a été un moment très important dans ma vie.
Sasaki Roshi était incroyablement dur et adorable en même temps. J’étais un néophyte et je n’y connaissais rien. J’étais plutôt insécure et mal dans ma peau.
Mais malgré tout cela, j’avais une vraie volonté d’apprendre. Souvent, j’allais m’asseoir près de lui et il me disait qu’il n’y avait rien à dire – Tout est blablabla… Il n’y a que le vide…
Je le regardais alors en souriant…
Quand une personne a une telle connexion, les bouddhistes disent que cela vient des vies passées, du karma…

QUESTION : Quand avez-vous rencontré le Dalaï-lama pour la première fois ?

R. Gere : Je suis resté étudiant Zen au moins 5-6 ans avant de le rencontrer en Inde. On parlait puis il me dit : Oh! Vous êtes un acteur ?
Puis il réfléchit un instant et me demanda : Quand vous jouez un role où il faut être en colère, êtes-vous vraiment en colère ? Ou quand vous êtes triste, êtes vous vraiment triste ? Ou quand, vous pleurez, pleurez-vous vraiment ?
Je lui ai donné une réponse d’acteur, à savoir que si vous y croyez, l’émotion, est plus réelle.. Il regarda alors profondément dans mes yeux et commença à rire. Il riait au fait que je pouvais croire que les émotions seraient réelles, que je pouvais travailler dur pour être vraiment dans la colère, la tristesse ou les pleurs.
Cette première rencontre eu lieu à Dharamsala dans une salle où je le vois maintenant souvent. Je ne peux pas dire que mon attitude a vraiment changé. Je suis toujours aussi nerveux quand je vais le voir et je projette tout un tas de chose sur lui.
Maintenant, il y est habitué. Il m’expose rapidement, me montre des choses et cela avec compassion…
Tout le monde veut le voir pour qu’il enlève la souffrance de leur conscience
Ma première rencontre avec sa Sainteté a complètement changé ma vie. Aucun doute !
Je n’ai pas du tout eu pour autant l’idée :  » je donne toutes mes possessions et je viens au monastère. « … non, je savais que le travail se ferait à l’intérieur de moi-même…

QUESTION : Quand vous êtes à Dharamsala, avez-vous l’opportunité de suivre un enseignement du Dalaï-Lama ou de d’autres enseignants ?

R. Gere :J’essaie de voir tous mes enseignants. Certains descendent des montagnes pour me voir. Dès fois sa Sainteté donne aussi des enseignements. J’essaie alors d’absorber le plus possible et de m’en rappeler.
La vie moderne, ici, est une telle distraction que d’être là-bas est une belle opportunité pour se rappeler ce qu’est notre mission, pourquoi nous sommes là.
Est-ce que cela ne vous divise pas d’aller dans ces deux mondes?
Non, je suis de plus en plus occupé par ma carrière et si je ne partais pas loin du monde moderne un fois de temps en temps ; sinon, je ne pourrais alors pas faire face à moi-même et à mes côtés sombres. Je ne les verrai même pas. Je ne suis pas si fort, si brillant.
J’ai besoin que la vie me montre mon mental, mes conditionnements ou mes schémas inconscients.

QUESTION : Êtes-vous à l’aise avec le fait d’être le porte-parole du Dharma ?

R. Gere : Du Dharma ? Je n’en ai jamais été le porte-parole et je ne le serai jamais. Il me manque pour cela des qualités essentielles.
Mais, on me pose toujours des questions sur le fait que je sois bouddhiste.
Je peux simplement en parler à partir de mon expérience, aussi limitée qu’elle soit… Bien que j’ai commencé il y a déjà longtemps, je ne peux pas dire que je maîtrise tout cela. Je ne peux pas dire que j’ai un contrôle sur mes émotions; Je ne connais pas mon mental et toutes les expériences intérieures. Je suis perdu comme un peu tout le monde. C’est pourquoi, je ne peux pas être un leader. Quand je parle de spiritualité, je parle de ce que mes enseignants ont dit. Rien ne vient directement de moi.

QUESTION : Vous semble-t-il que certains thèmes du bouddhisme comme la compassion peuvent nous aider ?

R. Gere : Absolument. Découvrir le fonctionnement du mental et découvrir l’espace du cour sont inséparables.
Cela me rappelle une réponse du Dalaï-Lama. Un jour, une personne lui demanda : Comment apprendre à un enfant le respect et l’amour pour les êtres vivants ?
Il répondit, regardez si vous pouvez déjà faire en sorte qu’il aime et prenne soin de l’insecte car c’est souvent quelque chose qui nous ré pulse.
S’il comprend ce que l’insecte est, son potentiel et cela avec un profond respect et avec de la compassion pour toutes formes de vie.alors, c’est déjà une grande étape.

QUESTION : Bien que vous ne soyez pas le porte-parole du bouddhisme, vous défendez souvent la cause du Tibet…

R. Gere : Je suis passé à travers différentes choses à ce sujet. La colère n’est pas la même aujourd’hui que celle d’y a 20 ans… Nous sommes en fait tous dans le même bateau, Hitler, les Chinois, nous…
Qu’ont fait les Américains en Amérique centrale ? Personne n’ignore tout cela…
Les Chinois sont en train de se créer des vies futures entachées d’horreur… nous devons avoir la compassion pour eux, pour ce qu’ils se créent…
Quand je parle à des tibétains qui ont été isolés et contrôlés depuis 25 ans.ils me disent, en parlant du cour que le problème est beaucoup plus large que la souffrance qu’ils ont endurée… Ils disent qu’ils ont de la pitié et de la compassion pour celui qui agit à partir de sa nature animale. Vous voyez la sagesse, le cour de ce peuple.après être en contact avec eux, vous ne pouvez revenir le même.

QUESTION : Je suis aussi impressionné par les déclarations du Dalaï-Lama qui rejoignent celle de mon propre enseignant, Chogyam Trungpa Rinpoche sur la nécessité d’une spiritualité universelle basée sur des vérités simples au sujet de la nature humaine qui transcende toutes les religions organisées. Cela me semble un important message ?

R. Gere : Oui, je pense qu’il a raison. Sa Sainteté dit que toutes les religions dans leur essence ont en commun la compassion, l’amour. Nous allons tous vers l’amour. Et, même ceux qui ne pratiquent aucune religion. Ils ont quand même la religion de la bonté.
Tout le monde a la compassion. Tout le monde répond positivement à la compassion. C’est fascinant de voir un grand chef religieux prônait une religion de la non-religion. C’est ce qui le rend plus grand que le Tibet, plus grand que le bouddhisme ; beaucoup plus grand. Le bouddha était aussi au delà du bouddhisme… »


Par Melvin Mc Leod (traduction de meditationfrance.com)

Source : www.meditationfrance.com

Previous articleLe Seigneur de la Compassion — Méditation de Tchenrézi
Next articleLa Fête des fantômes 鬼節