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Afghanistan — La démocratie peine à s’inviter à l’élection présidentielle

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24.08.09

« Il y a des irrégularités, des fraudes et des tentatives de trucages massives » a déclaré le candidat à la présidence de l’Afghanistan, Abdullah Abdullah. Au moins, c’est clair.

La deuxième élection démocratique, depuis la chute des talibans en 2001, se déroulait jeudi 20 août… Dès le lendemain, les deux candidats Abdullah Abdullah et Hamid Karzaï se déclaraient vainqueurs au premier tour du scrutin.

Les enjeux du processus électoral étaient pourtant énormes. C’était toute la crédibilité du régime démocratique en Afghanistan qui se jouait.

Mais, très vite, les talibans ont instauré un climat de peur pour ces élections. Ils contrôlent déjà 10 districts dans le Sud et en menacent 130 autres.

D’autre part, les chefs de guerre sont réapparus sur le devant de la scène. Alors qu’en 2004, durant la première élection, les Américains demandaient à Hamid Karzaï de se débarrasser d’eux, aujourd’hui le président sortant les a rappelés en renfort. Ainsi, on a vu, à ses côtés, Rachim Dostom, accusé de crimes de guerre dans le Nord du pays.

Les observateurs indépendants, afghans et étrangers ont tous relevé des fraudes pesant sur le scrutin actuel. 225 plaintes ont d’ailleurs été déposées à la Commission des plaintes électorales. Parmi les irrégularités constatées : des bourrages d’urnes, des intimidations ou encore des violences…

Il faudra attendre les résultats partiels officiels (environ le 3 septembre) pour avoir une première idée sur l’identité du réel vainqueur. Les résultats finaux seront, quant à eux, à la mi septembre, avec un éventuel second tour en octobre.

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Un premier bilan pour les femmes

C’est dit, les femmes possèdent aujourd’hui des droits électoraux, en Afghanistan. Elles représentent cinq millions des 17 millions d’électeurs inscrits. Cependant, dans les campagnes, peu osent se déplacer, encore soumises aux traditions et à la peur des représailles.

Selon la Constitution, un quart des sièges des conseils de provinces sont réservés aux femmes. 350 d’entre elles s’étaient donc portées volontaires, lors des élections, le 20 août. Okmina et Shahila Ata se sont même présentées aux Présidentielles.

Mais les Nations Unies ont rapidement rapporté qu’un bon nombre avaient reçu des menaces et avaient été contraintes de se cacher et interrompre leur campagne.

Pour toutes ces femmes, leurs droits n’ont pas évolué depuis la chute des talibans. Certes, Karzaï avait rouvert les écoles aux filles, mais, par concession pour les chiites, il a fait voter récemment une loi obligeant les femmes à satisfaire les pulsions sexuelles de leurs maris (donnant ainsi l’occasion de justifier les viols conjugaux).

Là encore, il faudra attendre la mi-septembre pour connaître les résultats engrangés par les deux candidates… dont dépendront, peut-être, la condition des femmes à l’avenir.


Marie Koenig pour www.buddhachannel.tv

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