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La Suisse renforce ses liens avec le Népal

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18.08.2009

Légende photo: L'ambassadeur Thomas Gass pendant son voyage sur le terrain himalayen
Légende photo: L’ambassadeur Thomas Gass pendant son voyage sur le terrain himalayen
La Suisse a désormais son ambassade au Népal. Jusque là, c’est un consulat général qui s’occupait des intérêts helvétiques. L’inauguration, mi-août, coïncide avec les 50 ans de la coopération suisse au développement à Katmandou.

La Suisse va renforcer son engagement politique au Népal, annonce le nouvel ambassadeur. Thomas Gass, qui dirige aussi le bureau de la Direction du développement et de la coopération (DDC) au Népal, explique également que la Suisse va continuer à apporter son aide dans le processus constitutionnel de la nouvelle démocratie.

swissinfo.ch: La Suisse et le Népal ont toujours eu une relation particulière. Pourquoi le Népal est-il aussi important pour Berne ?

Thomas Gass: La Suisse et le Népal ont de nombreuses choses en commun. Ils n’ont pas d’accès à la mer, sont marqués par une forte histoire rurale et doivent tous les deux maintenir la cohésion entre diverses cultures et des langues différentes. C’est pourquoi les pays se sont rapprochés, d’abord par des organisations non gouvernementales et puis, officiellement, par la DDC.

Avec les années, la relation s’est encore approfondie. Les Suisses aiment venir en randonnée ou en vacances. Les Népalais ont de grandes capacités si on leur donne l’environnement adéquat pour s’épanouir et les Suisses s’en sont vite rendu compte.

swissinfo.ch: Après 50 ans de coopération au développement et des milliers de ponts construits, qu’est-ce qui va changer avec la création d’une ambassade ?

T.G.: Ces dix dernières années, nous avons fait bien plus que construire physiquement des ponts. Nous avons soutenu le processus de paix et de démocratisation. Nous avons aidé les groupes défavorisés à participer au processus politique et à bénéficier de services publics. Et nous allons poursuivre nos efforts dans ce domaine, un travail de coulisse bien souvent.

En ouvrant une ambassade, nous espérons intensifier notre rôle politique. Nous recherchons le dialogue avec tous les participants au processus de paix. Nous voulons aussi fournir de meilleurs services consulaires aux Suisses vivant au Népal, de même qu’aux touristes et aux Népalais voyageant en Suisse.

swissinfo.ch: Quel sera votre rôle ?

T.G.: Actuellement, j’ai ici une double casquette, la première d’ambassadeur et la seconde de directeur de la DDC au Népal. Ce dernier mandat occupe environ 60% de mon travail. Je m’engage à appliquer nos quatorze principes sur le terrain sans faire de mal et sans prendre parti.

Ce sont ces principes qui nous ont permis, pendant le conflit, de poursuivre nos projets, chose tout à fait inhabituelle. Durant les conflits, en général, l’aide au développement est ralentie.

swissinfo.ch: Quelles ont été vos premières impressions ici ?

T.G.: Cela peut sonner un peu prétentieux, mais je suis très fier de rejoindre l’équipe suisse ici. Nos collaborateurs, dans les bureaux de Katmandou et sur le terrain, sont extrêmement professionnels. Pendant mon court voyage sur le terrain, j’ai vu comment on plantait des arbres, comment les communautés construisent des ponts et quel rôle absolument stratégique les ponts pour piétons jouent dans ce pays.

Nous en avons construit à peu près 3000. C’est aussi un bon moyen pour intégrer les travailleurs locaux. De fait, le contingent de travailleurs suisses n’est pas très grand au Népal. Cela fonctionne très bien avec les gens du pays.

swissinfo.ch: Après avoir passé cinq ans à New York, n’avez-vous pas eu un choc en arrivant au Népal ?

T.G.: J’ai aussi vécu en Guyane, travaillé en Afrique et en Union soviétique. J’ai vu des pays se battre avec le développement et la globalisation. Je ne suis donc pas choqué du tout. Je suis plutôt impressionné de voir à quel point les Népalais travaillent durement.

Si ce pays parvient à achever son processus constitutionnel, il aura un grand potentiel, j’en suis sûr, même sans énormes ressources naturelles. Le Népal ne sera jamais un pays leader dans la globalisation. Mais c’est un pays de montagnards résistants et plein de ressources. Nous serons là pour les aider.

swissinfo.ch: Quel rôle joue la Suisse dans l’élaboration de la Constitution népalaise ?

T.G.: En coulisses, nous avons joué un rôle de conseiller, et nous voulons continuer à le faire. Nous avons été sollicités pour soutenir quelques uns des groupes de travail impliqués dans la rédaction de la Constitution et nous avons organisé un dialogue sur le fédéralisme. Mais le processus doit rester aux mains des Népalais.

swissinfo.ch: Un pays comme le Népal a-t-il une chance de reprendre un modèle fédéraliste tel que celui de la Suisse ?

T.G.: En Suisse, le fédéralisme a été très utile pour joindre les forces dans un environnement culturel et linguistique multiple. Au Népal, ce n’est pas si simple. De nombreux groupes sont en train de découvrir leur identité et les différences, entre religions et cultures, sont beaucoup plus grandes qu’en Suisse. Il sera très difficile de s’éloigner d’un gouvernement centralisé qui était la règle ici pendant des années, mais ce n’est pas impossible non plus.


Billi Bierling, à Katmandou (Traduction de l’anglais, Ariane Gigon)

Source : www.swissinfo.ch

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