La culture kalmouke est une rescapée. Parce que son peuple a souffert de l’exil, et parce qu’elle est peu connue.
Les ancêtres des actuels Kalmouks étaient les Oïrats. Ce peuple de nomades Mongols s’établirent sur la rive gauche de la Volga puis sur la steppe vers 1630. La République de Kalmoukie ne voit le jour, en tant que telle, qu’en 1936. Sept ans plus tard, en 1943, elle est dissoute par Staline qui décide la déportation du peuple dans son ensemble. Un épisode qui a fortement marqué les kalmouks, qui cependant, n’hésitent pas à revenir en 1957, rappelés par Kroutchev.
La culture Kalmouke est donc peu connue. De son peuple, on sait principalement qu’il est le seul bouddhiste en Europe. Les Kalmouks reconnaissent leur leader religieux en la personne du Dalaï Lama. Le Président Kirsan Ilioumjinov a d’ailleurs réussi le tour de force de le faire venir à Elista, la capitale, malgré la pression exercée par la Chine sur la Fédération russe. Épris de syncrétisme, le Président Kirsan a voulu faire de son pays un modèle d’ouverture, philosophique et religieuse. Il a affirmé avoir offert un lopin de terre au Pape et lui avoir proposé de construire une cathédrale. On a pu le voir étreignant les chefs religieux de toutes les confessions. Et après avoir aboli le texte séparant l’État et les églises, il a fait bâtir le plus grand édifice bouddhique de toute l’Europe.
Mais la culture Kalmouke c’est aussi la danse et le chant.
La danse, qui se décline en Yoraly (bons vœux), Maktaly ou Shavashy (encouragement aux danseurs) est souvent attribuée à tort à la culture mongole. Elle donne corps au chant kalmouk. Une diphonie gutturale très particulière qui parle tantôt de javelot, de chevaux et de steppe.
La grande œuvre de ces mélodies, le « Ramayana kalmouk », c’est le Djangar. L’épopée des premiers kalmouks est chantée par les djangarchi, dont le plus connu est Okna Tsahan Zam.
Le Djangar dit qu’il faut vivre en aimant la nature, sa patrie et les autres.
C’est peut-être pour cette raison que le peuple kalmouk affronte les difficultés la tête haute. Quand le président Kirsan est élu pour la première fois en 1993, il promet que son pays sera le nouveau Koweit. Il décide d’en faire un paradis fiscal, avec un impôt de 3% sur les bénéfices, là où tous les autres états de Russie fixent la taxe à 70%.
Les atouts de la Kalmoukie ? Pétrole, gaz et caviar. Seulement voilà, pour le moment, on ne peut pas dire que les investisseurs étrangers se sont laissés charmer. Pratiquement toutes les usines ont fermé, et le pays, ruiné, doit recourir à 90% aux subventions fédérales contre 70% en 1993.
Qu’importe, les kalmouks, stoïques, veulent croire en un avenir meilleur, et pensent encore que leur président pourra redresser la situation.
Même si certaines protestations commencent à s’élever, les babouchka soutiennent « leur Kirsan »… Et les babouchka sont très nombreuses en Kamoulkie. Il faut dire que 15% de la population (principalement les jeunes) a fui le pays ces sept dernières années.
Marie Koenig pour www.buddhachannel.tv