03.08.2009
Des milliers de Philippins ont rendu dimanche un dernier hommage à l’ancienne présidente philippine Corazon Aquino, décédée samedi, en venant s’incliner devant sa dépouille dans une école catholique de Manille.
L’ancienne présidente, qui avait succédé à Ferdinand Marcos de 1986 à 1992, est décédée samedi à 76 ans au terme d’un long combat contre un cancer du colon.
Rompant avec le protocole en cas de décès d’un président, ses funérailles feront l’objet d’une simple cérémonie privée prévue mercredi.
Dimanche, vêtus de jaune, la couleur de ses partisans, des milliers de personnes, responsables ou simples citoyens, se sont pressées devant l’école catholique de La Salle Greenhills, à Manille, où sa dépouille avait été déposée, rapporte un journaliste de l’AFP.
De nombreux hommages et messages de condoléances ont afflué du monde entier.
Le président américain Barack Obama s’est dit samedi « profondément attristé » après la mort de Mme Aquino qu’il a qualifiée de figure historique pour avoir restauré la démocratie dans son pays.
Mme Aquino « a joué un rôle crucial dans l’histoire des Philippines, ramenant la démocratie dans son pays à travers son mouvement non violent +People Power+ », a déclaré M. Obama.
Le pape Benoît XVI, qui s’est dit « profondément attristé », a adressé samedi à l’archevêque de Manille et au gouvernement philippin un message de condoléances.
Le pape a rappelé « l’engagement courageux » de l’ancienne présidente « en faveur de la liberté du peuple philippin, son ferme refus de la violence et de l’intolérance et sa contribution à la reconstruction d’un ordre politique juste et d’union dans sa chère patrie ».
Les journaux philippins ont également salué l’ancienne présidente. « Adieu Tita (tante) Cory », titrait l’un d’eux tandis que les messes dans ce pays très catholique lui étaient dédiées.
Mme Aquino avait pris le pouvoir le 25 février 1986, à l’issue de plusieurs journées de révolte du peuple, rejoint par une partie de l’armée, après une victoire électorale de Ferdinand Marcos, entachée de fraudes.
Sa présidence a été marquée par au moins six coups d’Etat militaires ratés et des désordres politiques.
L’ancienne présidente des Philippines Corazon Aquino, héroïne de la révolution de 1986 contre le régime de Ferdinand Marcos, est décédée samedi du cancer du colon. Agée de 76 ans, Aquino avait appris en mars de l’an dernier qu’elle souffrait d’un cancer et elle a subi une chimiothérapie et une opération.
Plus familièrement appelée Cory par des millions de Philippins, elle fut présidente de 1986 à 1992, succédant au dictateur Ferdinand Marcos renversé par un soulèvement populaire. C’est après l’assassinat de son mari, l’opposant Benigno Aquino, en 1983 à l’aéroport de Manille alors qu’il rentrait d’exil aux Etats-Unis, qu’elle s’était lancée dans l’arène politique. Accusant Ferdinand Marcos d’avoir commandité l’assassinat, Corazon Aquino avait marché en tête des défilés de protestation. Trois ans plus tard, ce n’est qu’après des hésitations qu’elle s’était portée candidate à la présidence.
TENTATIVES DE COUPS D’ÉTAT ET CATASTROPHES NATURELLES
Durant sa présidence, elle dut faire face à une série de tentatives de putsches militaires, ainsi qu’à plusieurs catastrophes naturelles, dont l’éruption spectaculaire du volcan Pinatubo en 1991, qui affectèrent fortement la situation économique. Cette fervente catholique quitta la présidence en 1992, laissant le pouvoir à l’ex-ministre de la Défense Fidel Ramos. Sous sa présidence, elle supervisa la rédaction d’une nouvelle Constitution qui limitait à un mandat de six ans l’exercice du pouvoir par le chef de l’Etat.
Née le 25 janvier 1933 dans une ville agricole de la province de Tarlac, au nord de la capitale Manille, Corazon Sumulong Cojuangco était le sixième de huit enfants d’une famille aisée, sino-philippine, qui possédait une plantation de sucre et une banque. Après des études qui la conduisirent à New York vers 1953, elle épousa Benigno Aquino, étoile montante de la politique philippine, dont elle eut cinq enfants – quatre filles et un fils. Jeté en prison par Marcos, Benigno Aquino fut ensuite contraint à partir en exil.
RETRAITE ACTIVE
Après son retrait de la présidence, elle prit la tête d’un mouvement de protestation, en 1997, pour empêcher son successeur d’amender la Constitution afin d’autoriser plus d’un mandat présidentiel. En 2001, elle contribua au renversement du gouvernement du président Joseph Estrada, accusé de corruption et de mauvaise gestion. En 2005, elle avait réclamé la démission de la présidente Gloria Arroyo. L’an dernier, juste avant Noël, elle s’était publiquement excusée pour avoir contribué à la chute d’Estrada. « Nous faisons tous des erreurs, s’il vous plaît, pardonnez-moi », disait-elle.
La présidente Gloria Arroyo, actuellement en visite aux Etats-Unis, a décrété un deuil national de dix jours.
Source: Lepoint.fr