25.06.2009
Le 23 juin, en clôture des États Généraux de la bioéthique, le ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, a annoncé les changements législatifs qui feraient suite à cette consultation populaire. Les questions que soulèvent ce sujet très controversé dans l’opinion ont amené le gouvernement à la prudence en limitant les avancées possibles en la matière.
Quels changements à l’issue de ces États Généraux?
- Concernant le don de gamètes, la ministre opte pour une levée encadrée de l’anonymat de ces dons.
- Il n’y aura pas de légalisation des mères porteuses, la gestation pour autrui reste interdite.
- L’assistance médicale à la procréation reste réservé aux couples hétérosexuels infertiles.
- L’accès au remboursement pour l’assistance médical à la procréation pourrait toucher davantage de femmes avec le recul de l’âge limite fixé aujourd’hui à 42 ans.
- La ministre ne s’est pas prononcé concernant la recherche sur les cellules souches embryonnaires. Mais les jurys citoyens et le Conseil d’État préconisent une ouverture encadrée des recherches dans ce domaine.
Polémiques autour des sujets de bioéthique
La bioéthique est l’un des sujets les plus controversés, elle fait en effet s’affronter divers sensibilités aux avis très tranchés sur la question, les points où les désaccords sont les plus profonds sont la gestation pour autrui (GPA) , l’assistance médicale à la procréation (AMP) et la recherche sur les cellules souches.
La GPA déchire les différentes tendances féministes
La question des mères porteuses déchire les différents groupes féministes et est à rapprocher de la prostitution, dans le sens où elle rentre dans la problématique de la marchandisation du corps du femme.
C’est sur ce principe de non-marchandisation du corps et de protection des plus faibles que la ministre s’est appuyée pour maintenir l’interdiction de la GPA.
Deux rhétoriques s’opposent à ce sujet :
- La première estime que la GPA, si elle entre au départ dans la logique de disposition du corps, constitue au final une dépossession de celui-ci, ce qui s’inscrit dans la logique de longue date combattue par le féminisme. Le corps n’est finalement qu’un objet. Et donc, il faut se positionner contre la GPA.
- L’autre théorie part aussi du constat de la libre disposition du corps, en estimant au contraire que c’est à la femme de faire ce choix en tout état de cause. La GPA constitue alors un moyen de disposer librement de son corps en désacralisant la reproduction, pilier central de l’existence à l’heure actuelle. La GPA est donc une avancée importante.
Bioéthique et homoparentalité
C’est là aussi un sujet extrêmement sensible lorsque l’on évoque la bioéthique, puisque les couples lesbiens et gays pourraient avoir recours à l’AMP ou à la GPA pour devenir parents.
A l’heure actuelle, le sujet divise durablement le paysage politique français comme on a pu le voir avec les débats sur le statut du beau-parent.
Roselyne Bachelot a rappelé concernant l’AMP que celle-ci ne serait pas ouverte aux couples de lesbiennes ainsi qu’aux femmes célibataires.
Les recherches sur les cellules souches
Le débat est vif entre la communauté scientifique et les autorités religieuses, en particulier avec les catholiques et les chrétiens.
Si pour les premiers, la recherche sur ces cellules peut permettre de nombreuses avancées au niveau médical dans la recherche contre le cancer notamment, les seconds y opposent le caractère sacré et divin de la vie, reprochant à l’homme de jouer à l’apprenti-sorcier en travaillant sur ces cellules embryonnaires.
Il faut noter pour finir que désormais la révision des lois de bioéthique ne se fera plus tous les 5 ans, mais en fonction des avancées majeures dans ce domaine, a déclaré Roselyne Bachelot.
Thomas PRADO pour www.buddhachannel.tv