C’est le verset liturgique utilisé souvent au cours de l’office des matines ou des vigiles dans les monastères bénédictins.
L’Eglise Catholique utilise cet « appel » pour inviter chaque fidèle à se « mettre en route », à aller « à La Rencontre » du Christ (nommé le bien aimé).
Le cris qui retentit symbolise la joie et l’étonnement à la fois, mais laisse apparaître également une certaine angoisse, celle de l’inattendu. Ce que nous n’avions pas imaginé. Ce qui nous surprend soudainement.
Un cri!!! Retentit!
Puis tout de suite il y a la reconnaissance: « voici le Bien Aimé »! Sans fioritures sans trop de cogitations sans « chichi »: juste la vérité du moment. De cette reconnaissance naît la joie. Elle se manifeste dans l’exclamation « voici…….! » L’envie de partager la découverte qui illumine, qui éclaire qui soudain, rassure et provoque la joie. Oui, tout à coup cet « inattendu qui surprend au cœur de la nuit, se trouve être celui qui est désiré depuis toujours: le Bien Aimé.
Voici!!! Voici le Bien Aimé!
Et que faire d’autre que de courir, de se hâter pour savourer la rencontre de celui qui était tant attendu et tant désiré?
Se jeter dans les bras de celui que les yeux du cœur ont « reconnu ». Avec la même attitude tout à fait naturelle et spontanée que le fleuve se jetant dans la mer. Mais le fleuve ne vas pas à vers la mer tout seul. C’est un flux. Et il porte avec lui tout ce qu’il contient: poissons, cailloux, bois, algues, plantes, fleurs, toute forme de vie comme de mort…
Cash. Il y va telle que. Tel qu’il est. Ici maintenant au moment même de la découverte du Bien Aimé. Pauvre et riche de ce qu’il est. Vrai. Juste ainsi.
Cette joie de la reconnaissance du Bien Aimé ne peut se partager seul. Alors « ALLONS » vient bien plus spontanément que « JE VAIS ». La plus belle et la plus pure des joies veut toujours être partagée.
Allons à sa rencontre!!!
J’ai une lecture tout à fait bouddhique de ce verset biblique. Elle me bouleverse. Elle m’habite à chaque fois que je me lève au petit matin, vers 5h pour me rendre à la méditation.
Tout d’abord il y a le cri.
Pour moi, c’est évident. Ce cri est celui de l’humanité. Le cri de chaque être souffrant, perdu, malade, seul, blessé, agité, angoissé, ….. Le cri d’une humanité dévastée.
Le cri muet du sans abris se procurant une cabane de cartons et vielles couvertures.
Le cri sourd de ces vieillards désormais seuls, souvent abandonnés par leur proches.
Le cri de cette femme de cet homme qui croit que ca vie ne sert plus a rien; qu’elle n’a plus de sens ni de valeur. Qu’elle ne vaut plus la peine.
Le cri de chaque souffrance.
Si nous tendons l’oreille de l’esprit, celle du cœur, nous pouvons percevoir chaque cri de ce monde en désarroi.
Voici le bien aimé.
Voici chaque être en besoin d’amour, de compassion.
Face à la révélation de chaque souffrance, notre esprit éprouve une grande compassion qui est naturelle, car entre chaque être et moi, il n’y a pas de différence. Nous ne sommes que diverses manifestations de la même nature de l’univers.
Mais il faut rééduquer notre ouïe intérieure. Apprendre à nouveau à « écouter » à « entendre » et « percevoir.
La méditation zen est , entre autre, cela. Se réconcilier avec notre véritable Nature (avec un grand N) et soudain s’apercevoir de comment nous sommes UN. Quel malgré les boucliers, les défenses en apparence indépassables…. tous ces attirails que nous endossons pour nous protéger…. tout l’univers, chaque être et nous mêmes nous sommes unifiés; sans commencement à cela. Sans fin aussi.
Ecoutons le cri de l’humanité. Reconnaissons chaque être comme un être bien aimé, quel qu’il soit. Percevons ce qui nous unifie.
Allons à sa rencontre.
De cette compréhension nait avec une force indicible l’élan du Bodhisattva. Rester sur cette terre, dans cette vie et sauver tous les êtres de la souffrance.
Encore une fois un verset biblique utilisé dans la liturgie catholique, devient un très beau paysage de méditation universelle.
C’est dans cet état d’esprit que la nuit du 26 au 27 juin prochain, au Temple Zen Kwan Um de Paris, nous veillerons sur ce monde. Avec Grand Amour et Grande Compassion.
Le ciel est bleu.
La rivière va vers la mer.
Federico PROCOPIO
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