Accueil Espace Bouddhiste Bouddhisme ‘Est-ce que les bouddhistes se marient ?’

‘Est-ce que les bouddhistes se marient ?’

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Ma question est : Est-ce que les bouddhistes se marient ? Si oui, qu’est-ce qu’ils pensent du divorce ? Est-ce interdit ?

Voilà une question qui intéresse surtout les traditions sociales, culturelles, ethniques, voire familiales des sociétés dans lesquelles le bouddhisme s’est installé.

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En fait, le bouddhisme sur ces questions intervient peu. On se demande d’ailleurs à quel titre une démarche telle que le bouddhisme pourrait intervenir dans le mariage entre deux individus, fussent-ils l’un et l’autre des bouddhistes. Le bouddhisme peut s’inscrire dans certains aspects cérémoniels du mariage, notamment en formulant des vœux de réussite, de prospérité et de santé et en lisant des sutta à cet effet ou en récitant des mantra ou des formules magiques spécialement dédiées à cet usage. Chaque pays, chaque région à pu développer telle ou telle coutume à laquelle les officiants bouddhistes se joignent et qui sont accompagnés de rétributions en nature ou en donation. Dans cette perspective, le bonze peut éventuellement rappeler les règles de conduites que l’on trouve dans certains sutta, indiquant quel sont les actes qu’un mari ne doit pas commettre et quels sont les actes qu’il doit entreprendre envers son épouse et sa famille et quels sont les actes qu’une épouse ne doit pas commettre et quels sont les actes qu’elle doit entreprendre envers son époux et sa famille.

Mais, pour en revenir à la question, il n’y a pas de passage obligé à la pagode, qui d’ailleurs n’est pas à priori équipée et dédiée à accueillir ce type de cérémonie. En général, si cela doit se tenir dans une pagode, on érige des petits édicules éphémères ou l’on dresse des tentes qui seront démontés après la cérémonie.

Il n’y pas d’obligation morale à faire valider devant une autorité spirituelle une union civile entre deux personnes. Il n’y a évidemment pas non plus cette arrière pensé qui voudrait voir la descendance être élevée obligatoirement selon les règles du bouddhisme. Ces artifices appartiennent à d’autres traditions, et ils sont parfaitement étrangers au bouddhisme.

En outre, je ne rappellerai jamais assez la répugnance que peuvent avoir les bouddhistes pour tout ce qui revêt un caractère obligatoire.

De même, si les bouddhistes, bien évidemment, sont particulièrement enclins à se marier entre eux, le bouddhisme ne voit aucun inconvénient à ce que les bouddhistes se marient avec des non bouddhistes. Dans les pays d’Asie, où l’histoire a fait coexister in fine différentes religions, il n’est pas rare de voir des couples dont l’un est hindouiste par exemple et l’autre bouddhiste. Je connais personnellement des cas de type à Bali, en Malaisie, à Singapour ou Hong Kong.

Si le bouddhisme intervient peu dans ces cérémonies, les traditions ancestrales en revanche sont pleinement respectées, jusqu’à aujourd’hui. Les mariages sont encadrés par les familles, par les mères et les tantes. Il n’est pas rare, encore de nos jours que celles-ci jouent un rôle très actif d’entremetteuses et que les mariages soient encore arrangés. La chiromancie, les pratiques animistes, la divination sont encore largement utilisée pour évaluer si les deux parties s’accorderont ou pas dans le futur. De même les dates de rencontre, de mariage, des cérémonies sont encore sélectionnées selon le calendrier traditionnel (calendrier chinois, thaï, laos, birman, tibétain, etc …) pour que tout se passe sous les meilleurs hospices à la fois pour les mariés, les familles et les invités.

Le divorce et le bouddhisme

Là encore, il s’agit d’abord d’une affaire qui a un plus gros impact sur le plan de la société que sur le plan du bouddhisme. Les bouddhistes considéreront qu’il faut tout tenter pour que les deux parties puissent retrouver une harmonie. Mais, il arrive que cet équilibre ne soit pas possible et que les caractères trop antagonistes ne s’accordent pas ou ne s’accordent plus. Quand les conflits deviennent trop sérieux ou trop graves, il est évident que la séparation entre les deux est la seule solution à laquelle se rallient les bouddhistes.

Au plan de la société c’est plus délicat. En Asie il y a un aspect très important qui est que l’autre ne doit pas perdre la face ou ne doit pas donner le sentiment d’avoir perdu la face. C’est là une grande problématique délicate à laquelle je ne comprends pas grand chose. En fonction du statut social des familles, des causes officielles mises en avant pour justifier la séparation, les choses peuvent être plus ou moins bien vécues et susciter des rancœurs et des ressentiments.

J’ai pu constater combien les mariages arrangés et conclus vers la fin des années 40 présentaient une belle stabilité dans certains pays d’Asie, alors que des mariages plus récents où les sentiments éphémères peuvent se mêler avec l’intérêt des familles et l’action de certains membres pour promouvoir certaines unions, peuvent présenter un caractère beaucoup plus fragile.

J’espère avoir répondu à votre question.


Christian Prud’homme

Source : Le Bouddhisme selon la voie des anciens
dit Bouddhisme Theravâda

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