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Avril 2009 — Lettre de l’Université Bouddhique Européenne (UBE)

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Actualité de l’UBE

Université Bouddhique Européenne
Université Bouddhique Européenne

Les prochains cours à Paris

Samedi 4 avril 2009, de 15 h à 18 h

Science et bouddhisme

Cours de Michel Bitbol et Claire Petitmengin

Rapprocher bouddhisme et sciences n’a rien d’évident. Comment comparer les résultats de « celui qui cherche la vérité à l’intérieur » avec les descriptions objectives que visent les sciences ? Cette divergence offre pourtant des occasions d’enrichissement mutuel. Un savoir-faire de la stabilisation et de l’identification de l’expérience vécue (appuyé sur les catégories de l’Abhidharma) comble une lacune des neurosciences de l’esprit. Par ailleurs, une philosophie thérapeutique apte à « décontracter nos crampes mentales » aide à dissiper des paradoxes apparents de la physique et de la cosmologie modernes.

Samedi 25 avril 2009, de 15 h à 18 h

Le testament spirituel du Bouddha

Cours de Michel-Henri Dufour

Unique dans le Canon pâli, par sa longueur et sa structure, le Mahâ-parinibbâna-sutta présente un récit événementiel des derniers jours précédant l’« Extinction totale » du Bouddha. Émaillé d’exposés doctrinaux fondamentaux (les facteurs de prospérité, les quatre Vérités nobles, le refuge personnel, la vigilance, etc.), il rapporte les dernières paroles du Maître et constitue en quelque sorte son testament spirituel.

Samedi 16 mai 2009, de 15 h à 18 h

La transformation de soi est-elle la clé des changements sociaux ?

Table-ronde débat, avec Françoise Bonardel, Andrée-Léa Hauteville et Raphaël Liogier

Le bouddhisme ne manifeste quasiment aucun intérêt pour ce que l’on nomme communément aujourd’hui les « problèmes de société ». C’est sur la voie de la délivrance qu’invite à cheminer le Bouddha, qui ne propose de ce fait guère de méthodes pour aménager le samsâra. Aussi les enseignements bouddhiques récusent-t-ils la logique portant chaque individu à attendre de la société le mieux-être qu’une transformation en profondeur de soi pourrait seule lui apporter. Le bouddhisme dérange en cela les habitudes mentales des Occidentaux, confiant à l’autorité politique le soin de préserver la paix et d’instaurer la justice sociale. Mais la raison du plus grand nombre saurait-elle être la meilleure, comme le veut la démocratie, si chacun n’a pas d’abord progressé sur le chemin de l’Éveil ?

Autres rendez-vous…

Dimanche 17 mai 2009, de 12h30 à 18h

Fête du bouddhisme, à la grande pagode du Bois de Vincennes

L’UBE tiendra un stand à la « Fête du bouddhisme » organisée cette année à la date de Vesak, en l’honneur du don de reliques du Bouddha offertes par la Thaïlande à l’Union Bouddhiste de France

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Samedi 23 mai 2009, à partir de 15h

Bouddhisme et philosophie – en quête d’une sagesse commune

Rencontre-débat avec Françoise Bonardel
à la Maison des Associations du XIVe, 22 rue Deparcieux 5014 Paris

(M° Denfert-Rochereau ; Gaîté) – entrée libre

Est-ce au prix d’un malentendu que le bouddhisme est supposé avoir « rencontré » l’Occident ? A l’incompréhension qui fut d’abord celle des philosophes occidentaux a succédé un enthousiasme contagieux pour cette « philosophie », pour cet art de vivre fondé sur des valeurs pacifistes et humanistes. Faisant fond sur la déchristianisation de l’Europe et sur le scepticisme religieux ambiant, ce néo-bouddhisme conciliant a-t-il encore quelque chose à voir avec la rigueur du renoncement prêché par le Bouddha Sakyamuni au Ve siècle avant Jésus-Christ ?

Nombres d’Occidentaux prêtent en effet aujourd’hui à cette « philosophie » toutes les vertus dont auraient démérité les grandes religions, et pensent même trouver dans l’enseignement du Bouddha une rationalité quasi scientifique et un athéisme purificateur capables de réconcilier les plus critiques d’entre eux envers le religieux avec une spiritualité sans Dieu. Or une confrontation plus serrée entre les enseignements bouddhiques et la tradition philosophique occidentale fait apparaître un paysage plus nuancé et des clivages plus accentués qu’il n’y paraît au premier abord.


Actualité de l’édition

Quelques livres nouvellement parus et à paraître prochainement

Pourquoi n’y a-t-il pas de chemin spirituel sans un maître ?

Le sceau de la tradition, l’inouï de la modernité


Fabrice Midal

Editions du Grand Est – Date de parution : 03/03/2009

N° ISBN : 978-2-916885-07-0 – Prix de vente : 13,00 €

Présentation du livre par l’éditeur : La relation directe entre un maître et son disciple joue un rôle essentiel dans la plupart des traditions spirituelles, excepté dans la religion catholique qui considère la figure du maître archaïque. F. Midal redéfinit la notion de maître, son rôle et la façon d’entrer en relation avec lui, à la lumière particulière de la tradition tantrique du bouddhisme indo-tibétain.

Niveau de lecture : Tout public

La sérénité de l’instant : paix et joie à chaque pas

Thich Nhât Hanh

Editions J’ai lu, n° 8863 ; coll. « Aventure secrète » – Date de parution : 04/03/2009

N° ISBN : 978-2-290-01477-6 – Prix de vente : 5,60 €

Présentation du livre par l’éditeur : L’auteur, maître zen, poète et avocat de la paix, propose des expériences tirées de sa propre vie et permettant d’accéder au bonheur et à la paix intérieure.

Niveau de lecture : Tout public

The spirit of Buddha

Kyte-Coles Robin (préface du Dalaï Lama)

Editions : Te Neues, coll. « Photography » – Date de parution : 05/03/2009

N° ISBN : 978-3-8327-9315-9 – Prix de vente : 35,00 €

Présentation du livre par l’éditeur : Panorama des représentations de Buddha à travers l’Inde, le Vietnam, le Cambodge, la Birmanie, le Népal…

Niveau de lecture : Tout public

Mon autobiographie spirituelle

Tenzin Gyatso, XIVe Dalaï-Lama

Editions : Presses de la Renaissance – Date de parution : 05/03/2009

N° ISBN : 978-2-7509-0434-0 – Prix de vente : 19,50 €

Présentation du livre par l’éditeur : A un moment où le Dalaï-Lama s’interroge sur l’avenir et sur sa succession, Sofia Stril-Rever recueille ses paroles empreintes de réalisme sur les enjeux présents et son regard sur le monde de demain.

Niveau de lecture : Tout public

Réflexions d’une nonne bouddhiste

Tenzin Palmo

Editions : G. Trédaniel – Date de parution : 17/03/2009

N° ISBN : 978-2-84445-915-2 – Prix de vente : 18,00 €

Présentation du livre par l’éditeur : Conférences de la nonne d’origine britannique, Diane Perry, ordonnée en 1964, sur son initiation au bouddhisme tibétain, son étude des textes sacrés et sa pratique de la méditation.

Niveau de lecture : Tout public

Sagesses d’Orient

Taisen Deshimaru, Galal al-Din Rumi, Thich Nhât Hanh

Editions : Albin Michel, coll. « Spiritualités vivantes – Date de parution : 28/03/2009

N° ISBN : 978-2-226-14529-1 – Prix de vente : 24,00 €

Présentation du livre par l’éditeur : Ensemble de 3 recueils de textes comprenant : des contes zen à la fois truculents, poétiques et sages, des contes soufis commentant le Coran et des contes bouddhistes pour transformer les peurs et les souffrances en paix intérieure.

Niveau de lecture : Tout public

Bonheur de la méditation

Yongey Mingyur Rinpoché, collab. Eric Swanson et avant-propos de Daniel Goleman ; préf. Matthieu Ricard ; trad. de l’anglais (Etats-Unis) Christian Bruyat

Editions : Le Livre de poche ; coll. « Pratique » n° 31349 – Date de parution : 08/04/2009

N° ISBN : 978-2-253-08494-5 – Prix de vente : 6,50 €

Présentation du livre par l’éditeur : Etude sur les relations entre les enseignements du bouddhisme et la science moderne et plus particulièrement les neurosciences. D’après l’auteur, la mécanique quantique semble corroborer les paroles du Bouddha sur la nature de la réalité et les neurosciences peuvent prouver que les pratiques comme la méditation exercent une action sur le fonctionnement du cerveau.

Niveau de lecture : Tout public

Journal de mon jardin zen

Luce Bachoux (Joshin Sensei)

Editions : Desclée De Brouwer, coll. « La vie » – Date de parution : 16/04/2009

N° ISBN : 978-2-220-06106-1 – Prix de vente : 18,00 €

Présentation du livre par l’éditeur : Nonne bouddhiste, proche de la nature et du silence, l’auteure propose de retrouver calme et sérénité et de cultiver son jardin intérieur. Un autre regard sur le monde qui invite à y trouver amour et sagesse.

Niveau de lecture : Tout public



Actualités du bouddhisme en France

Vesak 2009 : des reliques du Bouddha historique

offertes à l’Union Bouddhiste de France

les 15, 16 et 17 mai 2009

UBE-Wat-Saket.jpgIl y a 111 ans, le roi Rama V de Thaïlande a fait déposer des reliques du Bouddha historique, Siddharta Gautama Sakyamuni, provenant de son lieu de naissance en Inde, dans le stûpa « La Montagne Dorée » à Wat Saket, le 23 mai 1899 (23 mai 2442 en Thaïlande).

Pour symboliser le passage du bouddhisme de l’Orient vers l’Occident, le Patriarche de Thaïlande souhaite qu’une partie de ces reliques soit placée définitivement à Paris lors du Vesak 2552 (2009), qui sera célèbré les 15, 16 et 17 mai 2009.

La Mairie de Paris est partenaire de l’Union Bouddhiste de France dans cet événement et une partie des festivités se déroulera le 16 mai à l’Hôtel de Ville de Paris, en présence d’importantes personnalités religieuses et politiques. L’offre inattendue et précieuse du grand Patriarche thaï investit l’Union Bouddhiste de France de grandes responsabilités car le succès de cette manifestation rejaillira sur l’ensemble du bouddhisme français et de toutes ses communautés.

Les actions que l’UBF doit mener à bien dans un délai très court sont considérables.
Elles requièrent notamment des moyens financiers qui dépassent largement les capacités actuelles de l’UBF (aménagement/décoration de la Pagode, organisation de très nombreuses réunions sur Paris, invitation des personnalités, frais divers d’impression des documents et affiches…).
Les membres du conseil d’administration et du bureau de l’UBF travaillent intensément depuis deux mois à la préparation des multiples manifestations qui auront lieu pendant ces trois journées : cérémonies inter-traditions, exposition, réception officielle et spectacle à l’Hôtel de Ville, installations des reliques à la Grande Pagode de Vincennes et Fête du Bouddhisme.
C’est pourquoi l’UBF a aujourd’hui besoin d’une participation financière exceptionnelle et fait appel à la générosité de toutes les personnes qui souhaitent s’associer au plein succès de cet événement.

Le déroulement des cérémonies aura lieu comme suit :

  • jeudi 14 mai 2009 : arrivée des reliques sur le sol français, premier rassemblement des religieux à l6 heures à la pagode de Vitry-sur-Seine pour accueillir les reliques.
  • vendredi 15 mai 2009 : une célébration aura lieu à l’Institut Bouddhique Hoc Viên Huyen Vi de Vitry-sur-Seine (86 rue Pasteur 94400 Vitry sur Seine) pour accueillir ces reliques en présence des différentes délégations religieuses.
  • samedi 16 mai 2009 : les reliques seront exposées à l’Hôtel de Ville de Paris, salon des Tapisseries (accès rue de Lobau) ; autour des Reliques du Bouddha, exposition exceptionnelle d’art bouddhique – avec le concours du Musée Guimet : « De Bodhgaya à Paris, 25 siècles de cultures bouddhiques ».
  • dimanche 17 mai 2009 : les reliques seront déplacées à la Pagode du Bois de Vincennes (40 route de la Ceinture du Lac Daumesnil 75012 Paris – M° Porte Dorée) : 8 h 30 – Procession solennelle depuis la Porte Dorée jusqu’à la Pagode ; 10 h – 11 h 30 : Cérémonies en l’honneur des Reliques ; 12 h 30 – 18 h : « Fête du Bouddhisme » : Présentation de l’univers culturel bouddhique en France – Cérémonies, spectacles, stands, ateliers, expositions.

=> pour en savoir plus

sur la dévotion au Bouddha et à ses reliques : consultez les archives du Micro-Hebdo n° 74


Dvâravatî : aux sources du bouddhisme en Thaïlande

du 11 février au 25 mai 2009

exposition au Musée Guimet

plus de détails : http://www.guimet.fr/Dvaravati-Aux-sources-de-l-art

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de février à juin 2009

« Au fil du Mékong » au Musée Guimet

à la découverte des pays bouddhistes d’Asie du sud-est

Films documentaires et conférences pour découvrir la Birmanie, la Thaïlande et le Laos

à travers les diverses manifestations du bouddhisme.

jeudi 19 février à 12 h 15 – conférence : La roue de la Loi, tradition indienne et spécificité mône

jeudi 19 mars à 15 h 00 – conférence : A propos de l’art de Dvâravatî

jeudi 2 avril à 12 h 15 – conférence : Les décors des monuments de Dvâravatî

mercredi 22 avril à 12 h 15 – documentaire : Le pays des bouddha d’or

lundi 27 avril à 12 h 15 – documentaire : Un peuple en quête de mérites

jeudi 30 avril à 12 h 15 – conférence : Nakhon Pathom, une ancienne capitale de Dvâravatî ?

lundi 4 mai à 12 h 15 – documentaire : Esprit, es-tu là ?

jeudi 7 mai à 12 h 15 – conférence : Des villages à la ville – le temple dans l’espace urbain

mercredi 13 mai à 12 h 15 – 2 documentaires :
Thilashins, les moniales de Birmanie ; Sur la route de Mandalay

mercredi 20 mai à 12 h 15 – documentaire : Thamanya, un espoir pour la Birmanie

mercredi 10 juin à 12 h 15 – documentaire : Le bouddhisme au village

vendredi 12 avril à 12 h 15 – documentaire : Bun Lan Xang, rites festifs au Laos

– plus de détails : http://www.guimet.fr/-Auditorium-


Journées « Vimalakîrti »

18 avril 2009 : Bouddhisme et engagement

20 juin 2009 : La réconciliation et la non-violence

Dans le Sûtra de Vimalakîrti, l’un des textes les plus généreux du bouddhisme du Grand Véhicule, Vimalakîrti, son héros, invite à oeuvrer avec intelligence et amour dans le monde. Il témoigne que la voie du Bouddha est une pratique de la responsabilité engagée : le bodhisattva soigne les corps et protège les esprits ; il oeuvre à la réconciliation des êtres et dissipe leurs peurs ; il libère les victimes de l’injustice ; il répand la non-violence et protège la Terre.

Inspirés par l’enseignement de Vimalakîrti, Jean-Paul Ribes et Eric Rommeluère proposent deux journées d’introduction et de réflexion à l’engagement bouddhiste, le samedi 18 avril et le samedi 20 juin 2009, de 9 h 30 à 17 h 30, au 80 rue Philippe de Girard 75018 Paris (M° Max Dormoy)
Ces journées préfigurent la création d’une organisation de réflexion, d’action et de formation à l’engagement bouddhiste. Toutes les personnes intéressées sont les bienvenues. L’initiative est soutenue par l’Union Bouddhiste de France, fédération nationale des associations bouddhistes de France. Il est possible de participer à l’une ou l’autre de ces journées ou les deux.

plus de détails : http://www.zen-occidental.net/journeeavril-vimalakirti.html


Sagesses bouddhistes

émission de l’Union Bouddhiste de France

diffusée sur France 2, le dimanche matin de 8 h 30 à 8 h 45

(l’émission peut être visionnée la semaine suivante sur le site de France 2)

Janvier 2009

dimanche 5 avril

Ryôkan, maître zen et poète

Invitée : Dominique Blain

dimanche 12 avril

Aux origines de l¹Art bouddhique de Thaïlande

Invitée : Thierry Zéphir

dimanche 19 avril

L’engagement bouddhiste dans la société actuelle – A la lumière du sûtra de Vimalakîrti (1/2)

Invitée : Jean-Paul Ribes et Eric Rommeluère

dimanche 26 avril

L’engagement bouddhiste dans la société actuelle – A la lumière du sûtra de Vimalakîrti (2/2)

Invitée : Jean-Paul Ribes et Eric Rommeluère



Actualités du bouddhisme sur Internet

Buddhachannel
Buddhachannel

Le site Buddhachannel propose, depuis trois ans, de nombreux articles
ainsi que des reportages vidéos consacrés au bouddhisme (plus de 1000 à ce jour : enseignements, actualités, reportages, etc.).

Chaque semaine, un dossier thématique propose un ensemble de contributions sur un thème donné, dont régulièrement un thème lié au bouddhisme.

Certains événements donnent aussi lieu à des dossiers particuliers…

www.buddhachannel.tv

Les Dossiers thématiques hebdomadaires à venir…

du 30 mars au 5 avril : Sur la Route de la Soie…
du 6 au 12 avril : Nouvel An Theravada
du 13 au 19 avril : Birmanie 2008 : n’oublions pas
du 20 au 26 avril : Brahmanisme & Bouddhisme au Cambodge
du 27 avril au 3 maiTravail et spiritualité
du 4 au 10 maiBouddha fait son Cinéma
du 11 au 17 maiMariage et bouddhisme



« Le monastère est en nous »

Etre moine dans la vie quotidienne, selon la pratique du Zen

un enseignement de Roland Yuno Rech

UBEzen-monk---Zuiho-In_-Dai.jpg« Etre moine », dans la tradition bouddhique, peut être compris de diverses manières selon les traditions… Dans les écoles tibétaines, comme dans l’école du Theravâda, en Asie du sud-est, le « moine » (bhikkhu, bhikshu) est avant tout celui qui réside dans un monastère, suivant des préceptes qui comportent les voeux de pauvreté et de chasteté, qui impliquent le port d’un vêtement particulier et une vie de type communautaire – à l’instar des moines chrétiens en Occident…

Le Zen japonais, pour diverses raisons historiques, s’est éloigné de ce modèle mais n’en a pas perdu pour autant l’esprit essentiel : ceux que l’on nomme « moines Zen » sont désormais le plus souvent mariés mais, qu’ils vivent dans des monastères ou dans la société ordinaire, ils continuent néanmoins de suivre l’état d’esprit de ce qui fait un vrai disciple du Bouddha : le détachement, la disponibilité, la pratique de chaque instant…

Pour mieux connaître cette démarche, nous vous proposons ci-dessous un enseignement (« kusen ») de Roland Yuno Rech, l’un des principaux disciples français du maître japonais Taisen Deshimaru, responsable du Dojo Zen de Nice et vice-président de l’Association Zen Internationale.


« Le monastère est en nous »

Le bouddhisme Mahâyâna, et donc le Zen, enseigne que tous les êtres ont la nature de Bouddha.
On pourrait donc penser qu’il est inutile de pratiquer et, en particulier, de devenir moine et d’entrer dans un monastère.

Mais avoir la nature de Bouddha signifie avoir la capacité de s’éveiller. Sans pratique, cette nature demeure virtuelle et ne s’actualise pas vraiment.

Devenir moine veut dire être seul et aussi être Un.

Seul, c’est-à-dire laisser tomber nos objets d’attachement et être totalement disponible pour la pratique de la voie vingt-quatre heures sur vingt-quatre. « Un » veut dire « un avec le Dharma », la vérité universelle qui fonde nos existences. Devenir un vrai moine, c’est donc déjà réaliser l’éveil, devenir Bouddha, devenir ce que nous sommes en réalité depuis toujours, actualiser notre véritable nature.

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S’il est recommandé de pratiquer dans un monastère, c’est parce que la vie y est organisée suivant une règle qui permet de faire de chaque moment et de chaque action une occasion de pratiquer. Cette pratique consiste à être vigilant, un avec ce que l’on fait, mais aussi un avec les autres, de s’harmoniser avec les autres comme le lait et l’eau ; ce qu’apporte une vie de moine, c’est donc cette unité retrouvée dans notre existence, alors que la pratique d’un laïc est souvent vécue comme une heureuse parenthèse dans une vie quotidienne partagée entre de multiples obligations : le travail dans une entreprise toujours plus stressant, une vie de famille avec toutes ses exigences, avec des personnes qui ne partagent pas forcément la même aspiration. Pratiquer la voie en étant laïc est possible mais bien plus difficile qu’en étant moine.

Cependant, depuis plus d’un siècle, les moines zen de la tradition japonaise ont reçu l’autorisation de se marier, de fonder une famille et même d’avoir un travail dans la société civile. C’est aussi le cas pour les moines zen qui vivent en Occident. Faire ce choix ne signifie pas pratiquer la voie à temps partiel, lorsqu’on se retrouve en méditation dans le dojo. Cela signifie qu’à partir de la pratique régulière de cette méditation, le zazen, toute la vie devient le lieu de la pratique. Cela est plus difficile mais pas impossible et c’est le défi que nous tentons de relever, pas seulement pour nous-même, mais pour rendre à la pratique son caractère universel et permettre à tous de s’y engager, au lieu de la réserver à une élite.

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Mener une vie de moine en famille paraît une contradiction si on considère que le moine doit vivre seul. Mais si on réalise que la vraie nature de notre vie est d’être un avec tous les êtres, solidaire, alors la vie de famille peut devenir une excellente occasion de pratique. Par exemple, Maître Dôgen recommandait aux moines qui avaient des responsabilités dans le monastère de développer un esprit de parent vis-à-vis des autres moines et même avec les objets de la vie quotidienne, en en prenant soin avec la même attention bienveillante qu’un parent s’occupe de ses enfants. C’est dire que la responsabilité de parent correspond bien à un aspect essentiel de l’esprit du moine.

Certains craignent parfois que celui ou celle qui devient moine finisse par délaisser sa famille ou son travail. Mais ce que le moine « délaisse » c’est l’attachement à la famille, c’est-à-dire le coté égoïste de l’amour. En revanche, il continue à donner son affection et à assurer ses responsabilités avec bienveillance pour tous les membres de sa famille. De même le moine « délaisse » ses ambitions professionnelles en ne cherchant plus à faire carrière. Mais il s’occupe de son travail avec beaucoup d’attention et avec l’esprit d’en faire un service rendu à la société.

Pour vivre en société comme dans un monastère, il faut pouvoir mener une vie suffisamment régulière. Cela ne peut que nous inciter à laisser toutes les activités superflues mais qui encombrent notre emploi du temps. Mais il faut surtout pouvoir se concentrer sur chaque instant. Ce qui est a priori possible partout, mais est parfois très difficile – même dans un véritable monastère.

De plus, les moines qui ne vivent pas dans un monastère ont la possibilité d’y faire des retraites périodiques ; ce ressourcement va aider à faire de la vie quotidienne la pratique de la voie. Comment ?

En commençant chaque journée par une séance de méditation assise (zazen) qui consiste essentiellement à se concentrer sur la posture de son corps et à être très attentif à ses respirations. Le calme de l’esprit ainsi retrouvé va aider à y voir plus clair, à mieux se comprendre soi-même et à moins s’attacher à ses constructions mentales. Le moine est appelé « unsui » (nuage et eau), car il réalise un esprit qui ne stagne sur rien, mais qui n’est pas non plus distrait. Dans le reste de la journée, il est bon de recourir le plus souvent possible à l’attention au corps et à la respiration, en étant assis, en marchant, en conduisant sa voiture, en travaillant.

Les règles de la vie monastique ne concernent pas seulement la pratique de la méditation et des cérémonies, elles concernent aussi la façon de préparer et de prendre les repas. Même si on ne peut pas les transposer intégralement dans la vie quotidienne, on peut en retenir l’essentiel. Pour la cuisine, cela consistera à préparer les repas en veillant à la variété de la nourriture, à son équilibre au niveau des différentes saveurs et des propriétés des aliments. Il s’agit aussi de se concerter avec les autres pour les menus et de ne pas seulement suivre sa propre idée. Il conviendra d’utiliser au mieux les ingrédients disponibles et de ne pas les gaspiller : rien ne doit être perdu, l’eau doit être épargnée, les aliments qui ne respectent pas l’environnement seront évités.

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Les repas seront pris avec concentration sur le fait de manger : aussi silencieusement que possible, sans laisser de restes, en respectant le rythme des autres, attendant que chacun ait fini le plat en cours avant de passer au suivant, commencer et finir le repas tous ensemble et en même temps. On évitera bien sur de lire le journal, de regarder la télévision en mangeant, mais aussi de s’engager dans des discussions qui agitent l’esprit. On participera à la vaisselle et au rangement des ustensiles et de la table.

On veillera à la régularité des périodes de repos et au respect du repos de chacun en particulier en établissant un horaire pour le coucher et le réveil qui assure le silence pendant le temps réservé au sommeil. Dans la façon de faire sa toilette, on se concentrera sur ses gestes, on évitera de gaspiller l’eau et on laissera les lieux utilisés aussi propres que possible. On prendra soin de ranger ses affaires et de ne rien laisser traîner. Cela évitera à chacun de perdre du temps à la recherche d’objets égarés et cela permettra surtout de vivre dans un environnement ordonné et harmonieux qui favorisera la concentration de l’esprit. C’est ce que les parents essaient d’inculquer à leurs enfants, mais que même les adultes ont souvent du mal à pratiquer.

Les règles de vie monastiques concernent aussi les relations avec les autres. Elles visent à favoriser le respect réciproque des membres de la communauté quelle que soit sa position. Dans un monde où l’incivilité augmente de jour en jour, cet aspect de la vie de moine mérite d’être mieux connu et pratiqué.

Par contre, il peut paraître utopique de vouloir répandre la pratique de la pauvreté monastique dans une société en quête d’une perpétuelle augmentation des richesses.

On peut néanmoins en favoriser une meilleure répartition et remédier ainsi à une pauvreté réelle et involontaire d’une part importante de la population, et ceci pas seulement dans ce qu’on appelle le tiers-monde.

UBE-Zen-monk-in-Kyoto.jpgSurtout il conviendrait de s’interroger davantage sur le vrai sens de la richesse et de voir qu’elle n’est pas forcément liée à la possession de beaucoup de choses matérielles. Combien de gens dépensent leur temps et leur énergie à poursuivre des objets qui les laissent finalement insatisfaits !

Parmi ce qu’on appelle les paramita, c’est-à-dire les six pratiques qui permettent de s’éveiller, de se libérer de ses attachements et de vivre une vie heureuse en harmonie avec l’interdépendance des êtres, il en est une, le don, qui est éminemment pratiquée dans le monastère. Le moine donne tout son temps et son énergie à la pratique de la vie avec les autres. De plus, il donne l’occasion aux autres de donner lorsqu’il demande l’aumône.

Dans notre société, la pratique du don devra se développer de façon importante. En effet, le libéralisme qui se généralise à l’échelle planétaire va favoriser l’accroissement des inégalités et rendre d’autant plus urgent le développement d’une économie du don et des actions de solidarité.

Un des aspects de la discipline monastique que l’on peut pratiquer dans la vie sociale est ce qu’on appelle zanshin, la concentration qui va jusqu’au bout d’une action entreprise ou même d’un simple geste, tel que fermer une porte en étant attentif à ne pas la faire claquer bruyamment, à ranger ses outils après le travail, laver et ranger la vaisselle après chaque repas. Cela signifie ne pas être négligent.

Un autre aspect essentiel est la pratique de shikan qui consiste à ne faire qu’une seule chose à la fois, et à la faire complètement. Par exemple être complètement assis et se concentrer totalement sur sa posture sans penser à autre chose, en ne s’attachant pas même au but ou au résultat de l’action. Dans la vie quotidienne, cette pratique trouve de nombreuses applications, comme ne faire que conduire quand on est au volant – ce qui éviterait bien des accidents !

Ces façons de faire sont certes différentes de certaines mauvaises habitudes, mais loin de conduire à une sorte de marginalisation de ceux qui les pratiquent, elles les rendent plus présents et efficaces dans toutes leurs activités. Mais il faut bien sûr faire attention à ne pas devenir rigide dans son comportement et à ne pas développer de l’orgueil spirituel à se croire plus dans le juste que les autres ; cela ne ferait que renforcer l’attachement à l’ego alors que le sens de la pratique est de nous en libérer.

Mener une vie de moine dans un monastère ne devrait pas aboutir à nous isoler, mais à découvrir par-delà la solitude assumée, notre non-séparation d’avec tous les êtres. Et même si cela conduit à un comportement parfois différent, cette différence n’est ni recherchée ni affichée. Elle résulte simplement d’un effort pour revenir à un mode de vie plus juste, auquel beaucoup de gens aspirent sans y avoir accès. C’est ce qui donne à notre vie de chaque jour un sens plus profond en nous harmonisant avec la réalité fondamentale de toutes les existences : non ego et solidarité avec les autres.

Roland Yuno Rech

Dojo zen de Nice

Pour en savoir plus :

=> le site du Dojo Zen de Nice : http://zen-nice.org/index.htm

=> « Zen et vie professionnelle » (Roland Yuno Rech) : Zen-et-vie-professionnelle.html

=> « Journée dans un temple zen » (Joshin Bachoux) : http://www.larbredeleveil.org/lavietelle.htm


Source : La lettre de l’UBE

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