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Déboires religieux pour le premier Buddha Bar d’Asie

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18.03.2009

L’atmosphère s’y veut feutrée et décontractée mais, à Jakarta, le Buddha Bar enflamme certains bouddhistes, qui crient au blasphème et veulent débaptiser le premier restaurant asiatique de la célèbre enseigne parisienne.

Crédit photo: EPA
Crédit photo: EPA

« Changez de nom ou fermez pour toujours! « , réclamaient des banderoles brandies il y a quelques jours devant le Buddha Bar, devenu en quatre mois l’un des lieux les plus plus branchés de la capitale indonésienne.

Bâtons d’encens et fleurs blanches à la main, les 200 manifestants, pour la plupart des étudiants, sont restés très pacifiques. Mais leur détermination à obtenir l’abandon du nom et le retrait des statues de Bouddha ornant le restaurant-lounge est « totale », ont-ils affirmé, avant d’organiser d’autres rassemblements, dont l’un devant l’ambassade de France, ces derniers jours. « Pour nous, Bouddha est un maître vénéré. Mais pour eux, il est un objet de décoration. C’est lamentable que ses statues se trouvent dans un lieu aussi indécent », a déclaré Eko Nugroho, un porte-parole.

Cette controverse a surpris la direction du Buddha Bar, qui avait inauguré fin novembre ce dixième bar-restaurant-lounge dans un bel édifice colonial sans provoquer de vagues. « Nous n’avions jamais eu de problème avec les bouddhistes depuis l’ouverture du premier Buddha Bar » à Paris en 1996, affirme Raymond Visan, le créateur français du concept. « Au contraire, de nombreux bouddhistes fréquentent nos établissements et estiment qu’ils ont favorisé l’image du bouddhisme dans le monde », ajoute-t-il, interrogé par l’AFP au téléphone.

Polémique politique

Pour Raymond Visan, la polémique en Indonésie « est avant tout liée à la politique », à l’approche des élections législatives d’avril et présidentielle de juillet. Le Buddha Bar de Jakarta a été en effet ouvert, sous franchise, par la fille de l’ex-présidente de la République Megawati Sukarnoputri, de nouveau candidate à la présidentielle, et par celle de l’ex-gouverneur de la ville. « Nous sommes décidés à tenir bon. Nous n’avons pas l’intention de changer de nom, ni d’enlever les statues », annonce M. Visan, qui se dit « prêt à venir à Jakarta pour s’expliquer ».

Cette détermination affichée contraste avec le silence des gérants indonésiens, visiblement embarrassés par une telle polémique dans un pays où la religion tient une place extrêmement importante. Après avoir été alerté par les « anti-Buddha Bar », le ministre des Cultes, Maftuh Basyuni, s’est montré plutôt favorable à un changement de nom afin de favoriser « l’harmonie entre les religions », a rapporté l’agence nationale Antara.

« Et demain? Va-t-on voir l’ouverture d’un Allah Bar? D’un Jésus Bar? « , s’inquiète Sunardjo Sumargono, l’avocat du Forum Anti-Buddha Bar. Avant d’appeler à « ne pas utiliser ainsi la religion » même si les bouddhistes représentent moins de 1% de la population en Indonésie, où près de neuf habitants sur dix sont musulmans.

Les gérants du Buddha Bar doivent en outre faire face à des soupçons de conflit d’intérêts. Une association anti-corruption réclame l’ouverture d’une enquête sur les sommes importantes dépensées par la municipalité pour rénover l’édifice avant qu’il ne leur soit confié.

Quelque soit l’issue de cette affaire, Raymond Visan et son groupe, George V Restauration, sont décidés à poursuivre l’expansion en Asie de Buddha Bar, qui se décline aussi en hôtels et en CD de musique lounge (ceux de compilations de Claude Challe, DJ célèbre de l’endroit). « Nous ouvrons prochainement un restaurant à Pékin et nous avons des projets à Singapour, au Japon et à Hong Kong », précise-t-il.

(Belga)


Source : www.rtbf.be

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