12.03.2009
Le numéro un de la junte militaire au pouvoir, le général Than Shwe, a présidé, cette semaine, la consécration d’une nouvelle pagode dans la capitale, Naypyidaw, réplique de la célèbre pagode Shwedagon de Rangoon.
Si le message adressé à la population était de réaffirmer clairement son emprise sur le pays, des manifestations sporadiques lui rappellent que son pouvoir peut toujours être défié, rapporte The Irrawaddy. Au cœur de ces protestations, point de revendication politique explicite, mais un meilleur accès à l’électricité, précise le journal animé par la dissidence birmane depuis Chiangmai, en Thaïlande. A Moulmein, troisième ville du pays, des étudiants chevauchant une cinquantaine de motos ont ainsi défilé, le 6 mars, dans la rue, bientôt suivis par leurs camarades de Twante, située non loin de Rangoon. En février, deux étudiants de l’université de l’ancienne capitale ont allumé en plein jour deux bougies pour réclamer davantage d’électricité et ont échappé de justesse à une arrestation. Hormis Naypyidaw, qui brille de mille feux, le pays est la plupart du temps plongé dans l’obscurité. Voilà plus de dix ans que Rangoon n’a pas bénéficié d’électricité pendant une journée complète.
Les autorités n’ont pas tardé à réagir, promettant des récompenses de 50 000 kyats (40 euros) à tout chauffeur de taxi leur transmettant des informations sur ces « fauteurs de troubles ». Elles ont également entrepris de former les fonctionnaires affectés aux lieux publics à détecter la présence de bombes, alors que deux d’entre elles ont explosé la semaine dernière à Rangoon. Mars est traditionnellement un mois de défiance des autorités au Myanmar. Le 13 marque l’anniversaire du début du mouvement démocratique de 1988 et du renversement de la dictature de Ne Win. Ce jour-là, deux étudiants avaient été tués au cours d’affrontements avec la police. Cette année, le groupe en exil Free Burma’s Political Prisoners Now ! lancera une campagne visant à recueillir 888 888 signatures d’ici au 24 mai, date de l’expiration de l’assignation à résidence d’Aung San Suu Kyi. « La pétition appelle le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, à faire de la libération de tous les prisonniers politiques, premiers pas indispensables vers la démocratie, sa priorité personnelle. »
Source : www.courrierinternational.com