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France — A l’Elysée, les Religions forment des Vœux pour la Paix

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11.01.2009

Pour Olivier Wang Genh, président de l’Union bouddhiste de France (UBF), la présentation des vœux au président montre « l’esprit d’ouverture de l’État français »
Pour Olivier Wang Genh, président de l’Union bouddhiste de France (UBF), la présentation des vœux au président montre « l’esprit d’ouverture de l’État français »
En dépit du caractère formel de cette tradition républicaine, les responsables religieux souhaitent saisir l’occasion pour évoquer les dossiers chauds, notamment la situation à Gaza et ses répercussions en France

En montant les marches du perron de l’Élysée, ce lundi à 17 heures, deux au moins des six responsables religieux venant présenter leurs vœux à Nicolas Sarkozy pourront ressentir un léger trac : cet exercice obligé sera pour eux une première.

Le rabbin Gilles Bernheim, nouveau grand rabbin de France, et Mohamed Moussaoui, élu président du Conseil français du culte musulman (CFCM), n’ont en effet pris leurs fonctions que durant l’année 2008. À noter, pour le cardinal André Vingt-Trois, président de la Conférence des évêques de France, une rupture (en forme d’harmonisation) avec les années précédentes : pour la deuxième année consécutive, l’archevêque de Paris, traditionnellement convié à ces vœux, est aussi la figure de proue du catholicisme français.

« Sans doute feront-ils un tour d’horizon de l’actualité et parleront-ils de la guerre à Gaza et de ses conséquences en France », estime le P. Stéphane Duteurtre, secrétaire du cardinal, considérant qu’un « appel à la vigilance et à la modération » est forcément de mise après les actes antisémites commis depuis le 30 décembre et la tentative d’incendie de la synagogue de Toulouse le 5 janvier.

Quant au tour d’horizon d’actualité, les sujets ne manquent pas, tant en France qu’à l’étranger. « Les questions techniques et les dossiers en cours pour chaque confession ne peuvent être abordés lors de ces vœux », précise le P. Duteurtre. Pour l’Église catholique, ces dossiers seront évoqués dans un mois, lors de la réunion annuelle de l’instance de dialogue entre le gouvernement et l’Église, créée en février 2002 par Lionel Jospin. L’an dernier, cette instance avait abordé la question de la reconnaissance des diplômes délivrés par les universités catholiques, question qui vient de faire l’objet d’un accord entre la République et le Saint-Siège.

Une année sous le signe de la tempérance et de la sobriété pour Claude Baty

« C’est assez informel, plutôt une discussion à bâtons rompus », aux yeux de Claude Baty, président de la Fédération protestante de France depuis le 1er juillet 2007, lui aussi déjà présent l’an dernier. Le pasteur profitera de l’occasion pour faire part à Nicolas Sarkozy de sa préoccupation face à la crise, « pour rappeler qu’il ne faut pas consommer plus, mais consommer mieux ». Ses vœux appelleront à une année sous le signe de la tempérance et de la sobriété, « importantes pour les générations futures, ici et ailleurs ».

La question de la solidarité lui tient aussi à cœur, tant pour l’accueil des étrangers que sur la scène internationale – mais « le président n’a pas besoin de moi pour appeler à la paix en Israël », souligne-t-il. Claude Baty prévoit enfin de parler de l’avenir des émissions religieuses à la télévision et à la radio.

D’après son entourage, le métropolite grec orthodoxe de France, Mgr Emmanuel, un autre habitué de l’exercice, devrait lui aussi évoquer une actualité préoccupante de la crise financière et des « difficultés sociales » qu’il convient « d’anticiper » à la situation dramatique au Proche-Orient.

Quelques mots sur le dialogue interreligieux entre juifs et musulmans pour Gilles Bernheim

Gilles Bernheim est, lui, un nouveau venu dans cet exercice. Le nouveau grand rabbin de France, élu le 22 juin 2008, mais entré en fonction ce 1er janvier, est conscient que chacun ne disposera que d’un temps réduit pour exposer ses vues. Il n’a donc pas « préparé une conférence », mais prévoit de dire d’abord « quelques mots sur le dialogue interreligieux entre juifs et musulmans, la manière dont nous souhaitons assumer nos responsabilités pour éviter que le conflit en cours à Gaza ne soit transposé en France et pour que le vivre-ensemble soit le meilleur possible », indique-t il.

La laïcité est l’autre sujet que devrait aborder le grand rabbin de France : l’occasion, pour lui, de se réjouir du concept de « laïcité positive » avancé par le chef de l’État et d’exposer comment il « l’entend et la pense ».

La catastrophe humanitaire de Gaza pour Mohammed Moussaoui

Mohammed Moussaoui, nouveau président du Conseil français du culte musulman, a déjà rencontré Nicolas Sarkozy lorsque celui-ci était ministre de l’intérieur, mais, depuis son accession à l’Élysée, et depuis que lui-même est devenu président du CFCM, ce sera le premier contact. Il compte évoquer d’abord, à l’instar du grand rabbin et du cardinal, l’actualité à Gaza : « Je porterai la parole des citoyens français très nombreux, musulmans et non musulmans, qui s’inquiètent de la catastrophe humanitaire de Gaza. Je remercierai le président pour les efforts qu’il a déployés en faveur de la paix, et je pense lui demander d’en faire un peu plus ! Simultanément, je confirmerai notre ferme volonté de maintenir le territoire national en dehors de ce conflit. »

Mais Mohammed Moussaoui s’inquiète également, et il compte en faire part à Nicolas Sarkozy, de la faiblesse des moyens mis à la disposition du CFCM : « Depuis six mois que j’ai pris mes fonctions, je constate qu’ils ne sont pas à la hauteur. De même, il me paraît essentiel de renforcer le dialogue au sein de la commission mixte administrative. »

Pour Olivier Wang Genh, président de l’Union bouddhiste de France (UBF), la présentation des vœux au président montre « l’esprit d’ouverture de l’État français », puisque ce sera la deuxième année que la « troisième ou quatrième » religion de France est invitée. S’il souhaite remercier Nicolas Sarkozy de l’invitation, il espère que cette cérémonie symbolique incitera les mentalités à évoluer, notamment du côté des collectivités locales.

Exemple : « Le maire de Strasbourg, Roland Ries, a réuni ce qu’il appelle “les grandes religions” pour publier un texte commun sur la situation à Gaza, et nous n’avons pas été invités », déplore-t-il, alors qu’on compte près d’un million de bouddhistes en France, dont 30 000 en Alsace. Mais ce maître de l’école Soto-Zen va surtout annoncer au président que la Thaïlande pourrait offrir à la France en mai prochain des reliques du Bouddha, « un symbole très fort de la part d’un pays traditionnellement bouddhiste, qui souligne la richesse du bouddhisme français ».


Source : www.la-croix.com

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