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La Galette des Rois

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Epiphanie, le symbole

Galette des RoisKing Cake
Galette des RoisKing Cake


La galette des rois est porteuse d’un tel engouement, d’un tel succès dans les traditions que l’on ne peut s’empêcher de scruter un éventuel message. Tout le monde peut dire qu’elle se réfère aux rois mages, que cela se passe le 6 janvier ou le premier dimanche de janvier, mais encore ? D’où la galette vient-elle ? Il semble que les rois mages n’apportaient que la myrrhe, l’or et l’encens. Il y a un lien qui nous manque n’est-ce pas ? Alors allons-y, mangeons cette galette dont on a oublié l’origine, mais pas le goût.


L’HISTOIRE AVANT L’HISTOIRE

Il semble que ce soit dans l’antiquité, longtemps avant la naissance de Jésus, que les première traces d’une tradition de la fève soient apparues. Il faudrait remonter aux égyptiens, eh oui, pour voir que la fève revêt un caractère particulier.

Il ne faut pas oublier que cette légumineuse était la base de la nourriture des peuples. Nourriture riche, assimilable en farine ou en cuisson, elle servait de source principale d’alimentation. C’était elle qui sortait la première de terre et il fallait en remercier les dieux. Sa forme qui rappelle celle d’un embryon était bien sûr porteuse de symbole.

Par exemple, le « champ de fèves » des Egyptiens n’était autre que le lieu où les morts attendaient leur résurrection, la fève étant l’embryon des enfants à venir. Chez les grecs, d’après Pline, la fève est employée dans le culte des morts, parce qu’elle contient les âmes de morts. Cette croyance était si forte que Pythagore préféra se tuer au combat que de traverser un champ de fève. Ces traditions, plus ou moins maintenues selon les peuples ont des résurgences.
Les hébreux par exemple se servaient des fèves pour désigner leurs élus. Fèves noires et fèves blanches servaient de bulletins de vote pour toutes les élections, magistrats, chefs de guerre ou bien roi de banquet, car aucun festin n’était donné sans qu’un roi des agapes fût élu. La tradition fut imitée par les Grecs, puis par les Romains.


Mais revenons à cette date du début janvier. Depuis longtemps, les hommes organisaient des fêtes pour le solstice d’hiver, car les jours rallongeaient enfin et la lumière prenait le pas sur la nuit. Cette période est hautement symbolique et fut utilisée maintes fois. Déjà, les égyptiens célébraient la renaissance du soleil Amon-Rê.

Les romains, peuple qui, par ses conquêtes hors de Rome, fut constitué à coups de glaives de tant de civilisations, dont les Perses (Actuelle Iran) qui fêtaient entre autres le dieu de rédemption Mithra, qui renaît au solstice d’hiver dans une grotte. Ils honoraient Saturne, le dieu de l’âge d’or qui apporte paix, abondance et prospérité, par les semailles et l’agriculture. La fête qui l’honorait s’appelait les Saturnales, durait 7 jours et durant ces festivités, la fève était utilisée pour tirer au sort le roi du banquet. C’était une sorte de roi bouffon qui avait l’autorité suprême sur maîtres et esclaves, qui se retrouvaient du même coup sur un pied d’égalité. Il semble que le tirage au sort se faisait dans un gâteau. On retrouve cette tradition au moyen âge avec le  » jour des fous  » où un roi fantoche est élu. Durant ces fêtes, tout était permis, les gens se déguisaient et se laissaient aller dans tous les excès, comme aux antiques saturnales. De plus, la religion était tournée en dérision, et l’Église se chargea donc de réduire cette Ô combien païenne tradition.


Et ce sont les premiers chrétiens, au IIème siècle, qui christianisèrent la fête païenne du 6 janvier, pour tenter de réduire l’influence de la religion de Mithra et firent de la fête une autre apparition : celle des rois mages venus à Bethléem après la naissance du Sauveur (Au IVème , ils déplacèrent la fête de la nativité du 6 janvier au 25 décembre, jour de la naissance de Mithra). Ces trois astrologues à l’origine se sont retrouvés affublés de prénoms au Xème siècle, d’une royauté au VIIème siècle, et d’une provenance de trois continents au XVème. Il y a Melchior, le roi noir ou maure, jeune, porteur de l’encens, le roi Balthazar, d’âge mûr, venu de l’est, les peuples sémitiques, portant la myrrhe, et Gaspard, vieil européen qui apporte l’or. Pour information, la myrrhe est une gomme résine secrétée par un arbuste d’Arabie (d’Abyssinie), qui sert pour l’embaumement des morts et de plante médicinale. Le symbolisme lié à ces offrandes est très divers. L’or représenterait la reconnaissance du roi, la richesse, l’encens le caractère sacré et la prière, et la myrrhe la souffrance, la condition d’homme que prit Jésus.


Les fêtes orgiaques saturnales, la fève symbolique qui désignait le « Roi du banquet » par l’intermédiaire d’un tirage au sort sont donc restées aujourd’hui dans la coutume de la galette, transformée en fête liturgique en l’honneur des rois mages. On ne peut nier que la religion catholique a changé à travers les siècles les fêtes de fin d’année païennes en fête de noël, avec des ajouts successifs pour embellir l’histoire de Jésus. Il fallait bien prendre le pas sur les autres religions, non ? On ne combat une idée que par une autre idée dit-on.

L’oubli de la galette et de l’origine de ce roi fantoche qui choisit sa reine, ou inversement, est donc une très vieille coutume qui se perd dans la mémoire des hommes. Il était bon de s’en rappeler ce brin d’histoire. N’est-ce pas ?


ET LE MESSAGE ?

Rappelez-vous, toujours trois niveaux de lectures : Matière – Esprit – Science. La matière, nous venons de la voir, est une succession à travers les âges de cultes, de traditions, de croyances et d’habitudes, teintées de la volonté de plaisir débridé des hommes.

La Science, l’étude de la Bible, nous montre que les rois-mages ne sont qu’une légende aisément démontrable. Seul Matthieu en fait mention, étonnant. Mais le plus troublant est le fait que des mages le reconnurent et lui apportèrent des cadeaux, en tant que messie ou roi des juifs et que par la suite, pas même sa mère ne le reconnut. Il fut même crucifié. Les rois mages et la belle étoile qui les guide risquent fort d’être venus de l’imaginaire des hauteurs pour magnifier l’histoire de Jésus.
Mais les légendes sont utiles, car elles signalent par leur étymologie qu’il faut « lire ».

C’est ainsi que nous allons aborder la lecture de la tradition de l’épiphanie. Ce terme vient du grec epiphaino qui signifie « apparaître, se manifester ». Si nous découpons ce mot au scalpel de la cabale, nous voyons deux racines grecques : Epi, qui signifie au dessus et phaino, « il apparaît que ». De là, nous pouvons traduire épiphanie par « Il apparaît au dessus ». Oui, bon. On est bien avancé. « Il », c’est Jésus, Mithra, l’homme ? et au dessus de quoi ?

Rassemblons les éléments du puzzle, ou de la galette découpée en morceau pour rester dans le contexte. Tout d’abord la fève.


Galette de la Nouvelle OrléansKing Cake for Epiphany
Galette de la Nouvelle OrléansKing Cake for Epiphany


LA FÊVE ?

Drôle de nom que cette fève, non ? Eve y tient une bonne place et le F nous laisse perplexe. Si vous savez que les mots ne sont pas le fruit du hasard, alors penchons-nous sur sa traduction. Tout d’abord en latin, c’est Faba, qui veut dire fève, tout simplement, mais la racine FAB dont elle est issue nous fait parcourir deux chemins : celui de Fabella, petit récit, histoire, que nous retrouvons dans fabuler, et Faber, qui veut dire forger. Je vous accorde que cette étymologie bouscule un peu les significations mais elle prend tout son sens selon un certain éclairage

Tout d’abord FAB en tant qu’histoire, paroles, insère la notion de parcours raconté par le verbe, c’est à dire l’histoire de l’homme, de son esprit. N’oubliez pas que depuis les égyptiens, la croyance veut que la fève contient l’âme des défunts, ce qui peut paraître puéril du premier abord.
De Faber, forge, nous apprenons que l’histoire humaine se forge, se trempe au contact du feu et du métal, bien sûr, parce que difficile pour celui qui la vit. FABA traduit donc l’histoire difficile de l’homme, de son esprit.

C’est une Fable que peut paraître légère mais qui est supérieure à bien d’autres. D’ailleurs fable vient du grec phanai, parler. Cela ne vous rappelle pas la racine d’épi-phanie ? J’en arrive à le traduire par « parler de ce qui est au dessus ». Et paradoxalement, ce qui est « au dessus », c’est à dire d’une haute valeur, est « dessous », caché dans le pain ou la galette. Et c’est bien ce que cherchent les enfants lorsqu’ils mangent cette brioche où une « surprise » les attend.

La fève porte le joli nom latin Vicia faba major. Vicia est le nom latin de « plante », et c’est normal me direz-vous. Mais ne pensez vous pas que Vicia cache le « Vice », même si en latin Vicia est différent de Vitium. Excusez cette légèreté pour une pure traduction, mais dans cette graine, le vice n’est certainement pas absent. Rappelez-vous les orgies des saturnales où le viol était même toléré… Je ne puis m’empêcher de penser à la forme d’embryon de cette plante, rappelant pour les initiés en un clin d’œil discret l’origine végétale humaine.


ET LA GALETTE ? ELLE VIENT DE… GALET !

C’est à dire que son nom vient du caillou. Nous avons donc rassembler le puzzle en partie. En clair, la fève, c’est ce petit bout d’âme, ce petit bout d’histoire, de mémoire qui est implanté, caché dans la galette ou le pain, notre cerveau, le « caillou ». Ca y est, vous avez fait le rapprochement ? L’Epi-phanie se rapproche-t-elle de l’épi-physe ? Si vous l’ignorez, l’épiphyse, au cœur du cerveau humain, est une glande assez mystérieuse, mais certains disent qu’elle sert de lien avec notre véritable source, notre âme céleste. Encore une légende…


Vous pouvez rapprochez la légende de la galette et de la fève avec la graine de sésame et sa caverne au trésor. Ali Baba sait aussi raconter des légendes.


J’entends une question : Et F’ève ? Oui, j’y viens. On peut dire qu’Eve représente la fécondation, la matrice de vie. C’est ce que vénérait à travers Saturne, dieu des semailles et de l’agriculture, les romains lors des fêtes du soleil. Après l’hiver, les fèves donnent à nouveau de la nourriture et il fallait en remercier les dieux. Mais allons plus loin. Eve cache dans son étymologie l’eau, l’esprit, ou l’Esprit. La matière première de cette source ou matière imparticulée, grand-mamie des humains est présente là aussi. Et le F me direz-vous ? C’est selon le symbolisme des lettres la clé qui fait tourner la serrure, ou retrouver la vérité derrière la porte, le passage. C’est aussi le F de Faire. En clair, le F associé à la fève donne à réfléchir sur le passage de l’âme humaine. Le pain qui servait à élire les « rois » montre par sa transformation du blé, de l’eau, de la chaleur, la symbolique du travail sur soi, du Faire. Mais la fève ajoute cet élément primordial d’âme cachée.


COURONNE DES ROIS

La coutume d’attribuer une couronne de roi et de choix de conjoint est amusante. Elle montre que nous pouvons tous devenir de condition royale, pour peu que l’on « mange » cette fève. Mais il est vrai que sur tout ceux qui mange la galette, la majorité n’arrive pas à trouver la fève et doivent essayer à nouveau. Le symbole androgynique saute au yeux pour les initiés. Le roi veut retrouver son Eve, sa F-ève, et inversement. N’oublions pas que la fève est une graine qui se développe en plante, c’est un début. Le fait de trouver sa fève nous pousse simplement sur un départ. La fève est devenue porcelaine à travers l’histoire, mais elle a prit le caractère de personnages, parfois très divers, qui nous donne à réfléchir sur le hasard d’une identification entre le mangeur et le mangé.


ET LES ROIS MAGES ?

Ils représentent les « non-juifs » des trois continents (le quatrième et le cinquième n’étant pas encore découvert) qui reconnaissent la royauté de Jésus. Mais leur offrandes sont particulières : André révèle que l’Encens, la Myrrhe et l’Or forment l’acronyme EMO, signalant l’obligatoire transsubstantiation du sang humain en Sang Divin.

L’anagramme forme aussi le mot OME, homophonie de Homme, signalant que ces cadeaux de royauté sont aussi dévolus à l’humain. Quels sont-ils ?

L’Or, richesse et aussi métal, représente selon mon interprétation la PaROle, Orare en latin. C’est une richesse car manier le verbe est le plus grand des pouvoirs, mais c’est un métal si la parole devient vénale, qui alourdit son possesseur. « Laisse tes métaux » dit-on à l’initié.

La Myrrhe, la résine qui guérit et qui sert à embaumer les morts est la promesse de la résurrection, d’un cycle de vie pour accomplir son destin.

L’encens scelle le lien avec notre origine, par l’intermédiaire des prières ou reconnaissance sentimentale envers notre source.

A ce titre, les rois mages, les trois, représentent la divinité tri-unitaire présente dans toutes les religions. Ce sont des inconnus qui nous ont apportés ces cadeaux qu’est la parole, l’immortalité et les liens affectifs qui nous unissent à eux. Ils sont venus à notre naissance, guidés par l’étoile, nous apporter ces présents à faire fructifier. L’Ane, le Bœuf et le Chien sont aussi riches de symboles (ABC…). Ils sont repartis, nous laissant seuls avec notre viatique. Il le fallait bien, « L’homme doit chercher Dieu en tâtonnant… ».


MAIS AUSSI

Je vous propos une énigme : la galette, ronde et plate, c’est aussi la terre. La fève est souvent un petit Jésus qu’il faut découvrir. Et c’est à vous à présent de jouer au puzzle….


Bonne galette,
J’espère que vous avez trouvé votre Fève !


Par Bruno pour www.matiere-esprit-science.com


www.buddhachannel.tv

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