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République Tchèque — Naissance d’un Stûpa

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29.11.2008

On dénombre plus de 50 000 bouddhistes en République tchèque. La grande majorité sont des Vietnamiens mais de plus en plus de Tchèques sont séduits par cette religion. Tribulations d’un non-initié à l’inauguration d’un sanctuaire en Hongrie.

1227963110_main_mini.jpgSilence de mort dans le car. Tous les yeux sont rivés sur moi. Un bouddhiste doit sans doute sentir quand son voisin n’en est pas un. Ce voyage avec une cinquantaine de membres du centre “Dům Diamantové cesty” (la voie du diamant) de Brno, en République tchèque, n’était peut-être pas une si bonne idée. Mon ami Karel, 28 ans, me sermonne. C’est lui qui m’a invité à l’inauguration du sanctuaire de Beckse en Hongrie. « Je t’ai dit de rester silencieux. » Devant ma mine perplexe, les autres commencent à rire de leur blague.
Sur la route, Karel, tout excité, m’explique que le sanctuaire est un stûpa[[Hémisphère compact revêtu de pierres ou tour pleine, le stupa estle seul édifice cultuel dans lequel tous les bouddhistes se soient reconnus et se reconnaissent encore. Il peut être minuscule ougigantesque, richement décoré ou nu.]], un symbole de paix et d’harmonie. Un événement-clé dans une vie de bouddhiste.

Becske est un petit village, entouré de fermes, à moins de cent kilomètres au nord de Budapest. Dans les rues délabrées, il n’y a guère que les chats pour traîner, et les vieilles femmes avec leurs foulards qui observent, depuis leur arrière-cour, l’étrange scène qui se déroule sous leurs yeux. Celle de la venue de centaines de bouddhistes de toute l’Europe pour un pèlerinage peu commun.

Raser la colline

Je découvre enfin le stûpa. Dressé sur une petite colline boisée, c’est un bâtiment de près de huit mètres de haut, tout blanc et surmonté d’un cône doré. Rien de grandiose mais il renferme les objets sacrés. En contrebas, les « pélerins » ont planté leurs tentes. L’inauguration n’a lieu que le lendemain mais, le soir même, nous nous réunissons dans un pavillon.

Lorsque Lama [[Moine bouddhiste tibétain (cf : le dalaï-lama, le grand lama. Le terme peut être employé pour désigner un niveau spirituel avancé.]] Ole Nydahl se joint à nous, nous sommes déjà nombreux à l’attendre. Hippie dans les années soixante, Lama Ole est Danois. En 1972, quatre ans après un séjour au Népal, il devient le premier lama européen. La même année, il fonde le premier centre bouddhiste d’Europe à Copenhague. Il en a fondé près de 450 depuis. Ce soir, il porte une veste kaki style militaire et des lunettes. Son sourire éclatant me fait penser à ces gourous de la forme qui vous promettent des vies plus longues. Assis devant la foule, il répond aux question d’une assistance conquise d’avance. Il parle de la résurrection, de la méditation et du pouvoir du bouddhisme. Je ne me sens pas très éclairé. Pas encore.

Le lendemain, réveil à six heures. La cérémonie commence seulement dans trois heures, mais nous devons d’abord raser la colline. Pas un arbre ne saurait gâcher la vue sur le stûpa. A moitié endormis, nous nous habillons puis nous nous hissons hors de la tente. Chacun est bientôt occupé à raser, presque passionnément. Trois heures plus tard, la colline est métamorphosée, lisse comme un caillou.

Murmurer son chagrin, formuler ses souhaits

Au pied du stûpa, sur le monticule de terre maintenant dépouillé, je tente de me fondre dans la masse des Européens assis en lotus, méditants. Lama Ole et son homologue népalais, Lama Sherab Gyaltsen Rinopoche, commencent la cérémonie, assistés de deux jeunes moines. Ils chantent des mantras [[Sons, mots ou phrases psalmodiés àvoix haute ou intérieurement. Ce sont des objets de concentration.]], une forme de prière étrangère à mes oreilles. De temps en temps, ils font le tour du stûpa.

L’assistance a fermé les yeux. Elle chante à l’unisson avec l’oraison qui s’échappe d’un haut-parleur posé près du sanctuaire. Ces hommes et femmes de différents pays prient ensemble. Au bout de deux heures, chacun est libre d’aller autour du stûpa, murmurer son chagrin ou formuler ses souhaits. J’aperçois Karel les suivre.

A la nuit tombée, l’inauguration est terminée et notre bus repart. Après ces heures de méditation, l’ambiance est à la détente sur la route du retour. Bière et biscuits pendant que la colline chauve, coiffée du stûpa, disparaît doucement de la vitre arrière.


Par Lukas Meyer-Blankenburg (Brno, République Tchèque)

Traduction: Anna Meyer-Blankenburg

Source : www.journaleuropa.info

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