– Pékin Correspondant
– LE MONDE, le 27.10.08
Le dalaï-lama baisse les bras. Lors d’une réception officielle à Dharamsala (Inde), « capitale » de son gouvernement en exil, le chef spirituel du bouddhisme tibétain a tenu, samedi 25 octobre, des propos inattendus qui témoignent de sa lassitude à l’égard des interminables et peu fructueuses discussions avec la Chine sur l’avenir de son pays.
« J’ai sincèrement poursuivi, depuis longtemps, mon approche de la « voie moyenne » en ce qui concerne les rapports avec la Chine mais cela n’a donné lieu à aucune réponse positive de la part des Chinois. En ce qui me concerne, j’abandonne… », a-t-il déclaré, laissant ainsi entendre qu’il avait perdu tout espoir que ces discussions puissent un jour aboutir.
La « voie moyenne » est la stratégie adoptée par le dalaï-lama depuis des années. Elle consiste à oeuvrer pour l’autonomie du Tibet dans le cadre de la Constitution chinoise. Pékin n’en continue pas moins d’accuser régulièrement le dalaï-lama de visées séparatistes et a déclenché, depuis les émeutes du printemps à Lhassa, une campagne virulente contre le chef spirituel tibétain.
Cette déclaration du dalaï-lama, surprenante parce qu’elle semble constituer l’aveu d’échec de sa politique à l’égard de la Chine, a été faite à la veille d’une autre série de pourparlers entre ses émissaires et des officiels chinois, qui devraient avoir lieu vers la fin du mois.
A l’issue de la dernière rencontre entre les envoyés du dalaï-lama et des représentants du Parti communiste chinois, au mois de juillet, l’un des envoyés du dalaï-lama, Lyodi Gari, avait admis que les discussions qu’il avait eues avec la partie chinoise étaient « les plus difficiles » jamais tenues.
Bruno Philip
Source : Le Monde